ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )
2 Février 2016
Torba est une jeune association algéroise qui active pour une autre agriculture algérienne. Une culture nourricière responsable, tant vis-à-vis de l’environnement que de la santé du consommateur. Mais qui se soucie aussi de celle des sols, véritables écosystèmes vivants qu’il est impératif de préserver ; d’autant plus dans un pays aussi dépourvu en terres arables disponibles que le nôtre...
Il est clair que nous sommes ici à des années lumiére des visions d’une agroéconomie de masse qui s’est installée progressivement en Algérie, depuis au moins trois générations. Mais sommes nous vraiment si éloignés du bon sens? Dans un pays où les fellahs ont pris la fâcheuse habitude d’appeler les pesticides « doua », c’est à dire des « médicaments », on ne peut qu’espérer que le crédo agro écologique de Torba porte en lui les semences d’une véritable révolution comportementale. Cela n’est que mon avis, je dois surement exagérer un peu en écrivant cela ; mais je reste tout de même convaincu que derrière chaque acte, il y a des sommes d’idées, dont certaines échappent à la conscience de celles et ceux qui agissent en leur nom.
Cela fait depuis près de trois ans que je suis de très près l’aventure « Torba ». A vrai dire, j’ai été un témoin privilégié de l’évolution de ce « beau bébé » algérien, devenu à présent plus qu’un jeune enfant, mais bien un adolescent au destin des plus prometteurs. Mieux, l’âge des fruits mûrs, comme un bon pain pétrit d’amour, le temps des récoltes sereines et des surplus partagés, tout cela me parait tout à fait envisageable à présent ; dans un futur assez proche, d'ailleurs.
Oui, il n’est plus aussi lointain qu’il y a seulement hier, ce rêve qui se noyait jadis dans un horizon saharien, drapé de nuages d’incertitudes. A Torba, il me semble, on s’est attelé avant tout à se donner les moyens de pallier aux obstacles, un par un, à soigner la terre, plutôt que de rester à contempler le ciel tandis que le désert avance lentement mais suremment en votre direction. Sans pour autant se prendre la tête, juste en partageant dans la convivialité quelques idées pleines d’un bon sens universel.
Le printemps algérien, sans l’odeur de la poudre, des chairs souillées par leur propre sang ; des mouvements de foules qui dénature l’équilibre des milieux urbains rendus ainsi sauvages et vice versa... Rien de tout cela pour changer son pays, juste le parfum d’une terre qui respire la vie, les senteurs des beaux jours d’espoir. Le plaisir de « cultiver la santé » ; autant physique que mentale ; la sienne, mais aussi celle des autres. C’est aussi simple que cela à écrire, mais quel défi de taille à relever au quotidien !
Puisque que l’on accuse régulièrement le peuple algérien de n’être qu’un ventre sans cervelle, eh bien redonnons un esprit à son estomac ! C’est lui réapprendre ainsi le bon goût, l’esthétique, même, au fond. Remettre au goût du jour la saveur des terroirs, et donc promouvoir la préservation de nombreuses cultures locales. Unir aussi l’identité « Algérie » dans le mélange des saveurs, la curiosité culinaire, l’envie de partager les bonnes choses, de découvrir d’autres régions, de nouvelles façons de s'alimenter. Mais également prévenir naturellement les maladies au lieu d’attendre systématiquement qu’elles apparaissent pour les guérir à grands renforts d’artifices chimiques. Agro écologie, permaculture, agronomie urbaine, agroforesterie... Ces mots, pour une fois, au fond, importent peu pour moi...
Il me semble que ce sont des variantes d’une même et simple idée: cultiver plus au lieu de produire plus. Cultiver la variété et non produire la diversité d’une même chose. Tous ces chemins mènent à relever un même défi : réconcilier les contingences de l’agronomie avec les impératifs de l’écologie ; un même paradigme de vie : le bien-être comme un bien vivre ensemble. Un engagement à la fois personnel, citoyen et écologique. Dont la portée dépasse, à mon humble avis, le choix de consommer seulement des produits « bios » ; histoire d’être à la mode de chez ceux qui plantent des choux...
Au fil de leurs acquis sur le terrain algérien, le programme des membres de Torba semble se profiler à mes yeux d’une manière de plus en plus précise. Se prouver à eux-mêmes, tout d’abord, qu’il est possible de produire et de consommer sa nourriture autrement. Et donc de vivre différemment. Soigner cette fièvre de consommer, tout et n’importe quoi, n’importe comment. Une confiance aveugle installée en chacun de nous comme un virus comportemental. Qui produit quoi et avec quels moyens ne nous importe plus vraiment, depuis que nous avons l’impression d’être satisfaits en tout par la technologie et la chimie.
Mais, que vaut un milieu humain, certes confortable, rendu ultra chimique, aseptisé au point de générer le contraire de sa finalité? On dirait qu’il ne sait plus à présent semer que des morts lentes au pied de toutes les pyramides alimentaires d'un Darwinisme social mondial tant chéri par une frange non négligeable de la société algérienne, elle même en phase avec l'esprit d'un monde gloablisé à outrance.
Là où l’on devrait cultiver d’abord la vie rayonnante, on plante le plus souvent un tout autre décor. Ici ce sont les sols qui se meurent, des arbres que l’on coupe, sous le silence mortifère des oiseaux et des insectes en exil. Certes, ce sont également des tonnes de billets verts qui s’entassent dans des comptes en banques, invisibles comme des îles au trésor. Mais sommes-nous vraiment les véritables bénéficiaires d’un tel système pour continuer à le soutenir, ne serait-ce que par notre inertie à en défier les règles immuables.
Naïveté que d’espérer encore voire le contraire s’accomplir ? Qui sait... N’est-il pas plutôt encore plus naïf de penser que ce sera la peste qui nous guérira du choléra ? Peut-on vraiment laisser le monde de l’industrie et de l’intelligence artificielle prendre en charge ce qui demeure l’essentiel ? Ce que nous consommons, melons à notre sang, incrustons dans notre chair, imprégnons dans aussi notre cerveau. A chaque fois que nous cherchons les clefs de notre réalité dans le reflet multicolore d’un écran plat, c’est une partie de nous que projetons inconsciemment ou non hors de notre corps.
Les gens de Torba, pour ma part, ne m’intéressent pas seulement parce qu’ils croient qu'ils et activent au nom de l’agro écologie. Comme l’a si bien exprimé le philosophe Malek Bennabi, si nous importons seulement la « chose », sans jamais chercher à en comprendre « l’idée », nous resterons d’éternels « colonisables ». Voilà une sentence bien cruelle, certes, mais d’une vérité qui résume à elle seule une grande partie du drame algérien postcolonial. Non que je partage ou comprennes tous les postulats de cet illustre auteur algérien, mais je ne peux qu’acquiescer à cette formule d’une lucidité aussi fluide que la pédagogie qui émane de son style littéraire impeccable.
En ce qui me concerne, le message de Torba est aussi, à plus long terme, une invitation à ne plus se contenter d’être seulement des consommateurs passifs. Prendre son destin en main, sur le terrain le plus simple, mais aussi le moins évident à changer. La matrice de toutes nos sociétés humaines, leur reflet le plus fidèle également, ils se trouvent en grande partie dans l’assiette en plastique, le bol en terre cuite, la gamelle en bois. Changer de nourriture, n’est-ce pas aussi changer d’environnement ?
Le régime alimentaire d’un peuple forge son milieu, comment peut-on encore en douter ? Sinon la pomme de terre serait restée en Amérique du Sud ; on ne la cultiverait pas à Oued Souf, par exemple. Et l’Algérie devrait faire face à la pollution des lisiers de porcs produits en batterie. Ne dit-on pas que c’est l‘Agriculture qui engendra l’écriture et l’état qui sont comme les deux mamelles nourricières de tout développement humain moderne, depuis que le chasseur cueilleur a pris le parti de l’agriculteur éleveur?
Mais, ce berger d’antan, ce jardinier amateur, cet arboriculteur d’hier, cet éleveur d’abeilles, en industrialisant leurs activités, n’ont-t-ils pas oublié ainsi les fondements de leurs devoirs envers la nature ? Ceux d’un gardien sage et bienveillant, d’un paysagiste éclairé des lois fondamentales de la vie, de la conscience d’un Créateur. L’être humain a les devoirs d’un régulateur et c’est pour cela qu’il a les droits d’être un perturbateur. Mais jamais il n’aura de légitimité sur Terre, à devenir un affamé écocidaire...
Au lieu de fantasmer, comme bien d’entre nous, devant notre écran, sur les exploits réalisés hors de chez nous, des gens comme ceux de Torba, et bien d’autres, heureusement, veulent éprouver tout cela sous le regard de la réalité algérienne. En ce sens, Torba est un laboratoire, un potager d’essai des temps modernes algériens. Cela va bien plus loin que la nostalgie des pâturages ou bien un retour idéalisé à la terre.
Une des membres, Nejma, lors de ma dernière visite à Djan Bouchaoui, me confia d’ailleurs, en toute sincérité : « Je comprends surtout à présent tout ce que nous devons aux agriculteurs, pourquoi ils se mettent à détester leur vie, à quel point leur besogne quotidienne est éprouvante. Moi, je n’ai que quelques dizaines de mètres carrés à cultiver à mon rythme, et je trouve cela très fatigant, et j’ai le luxe de prendre cela comme un immense plaisir ! ».
Selon moi, elle avait mis un doigt énorme sur un point essentiel : plus nos fellah vivront la campagne comme un lieu d’épanouissement social et économique, plus elles redeviendront à nouveau sûres et saines ; et nos villes aussi. Nous n’aurons pas à cultiver nos légumes et nos fruits nous-même ; parce que nous n’avons plus confiance en la morale de nos agriculteurs ; que nous forêts nous inquiètent ; que nos montagnes et nos déserts couvent en leur sein bien des dangers.
Le développement durable, l’économie verte, en Algérie, n’échapperont pas à cet algorithme historique auquel a si souvent fait allusion Bennabi et, je pense, bien d’autres penseurs également , pas seulement d'origine algérienne.
En Algérie, nous devons faire l’expérience de la « chose » par nous-même, certes. Mais tout en faisant également la critique constructive de « l’idée » dont elle découle. Par exemple, de ce nouveau paradigme vert chanté par les écologistes européens, autant que par l’ONU, et même à présent par une part grandissante de l’écosystème industriel mondial.
En ombre chinoise, rayonnant derrière les voiles d’un fatalisme local et ambiant, il y a donc pour moi quelque chose de très métaphysique dans l’existence même, ainsi que le développement de Torba en Algérie. Je sais que la plupart de ses membres et adhérents trouverons que je vais un peu loin en affirmant cela. Connaissant le pragmatisme et le sérieux de Karim Rahal, sa tendance à focaliser sur les résultats concrets, je le vois déjà sourire en lisant ces quelques lignes qui ne sont pourtant que si peu hors mon sujet.
Torba est une association algérienne comme les autres, à bien des égards. Mais, derrière cette agitation passionnée, ces petits écueils d’un projet encore adolescent, il y a aussi les perspectives d’une belle maturité en devenir. Pour peu que Torba garde le cap dans lequel elle s’est engagée depuis ses toutes premières heures. Avancer à petits pas, mais ne jamais reculer d’un mètre, si ce n’est pour en franchir beaucoup plus ultérieurement. Se corriger, mais ne jamais trop s’égarer longtemps dans les constats stériles. C’est du moins la politique que j’ai vue appliquée, jusque-là, sur champ d’action préféré de Torba, à savoir le terrain.
Depuis sa gestation, dans l’esprit de Karim Rahal, principal instigateur du projet, que j’ai rencontré pour la première fois, à El Harrach, lors d’un séminaire organisé dans les locaux de l’INRAA. Jusqu’à son accouchement, quand la première page Facebook sera créée par mes soins et que Karim Rahal commencera à organiser les choses sur le terrain, à réunir des gens motivés autour de cette idée. Puis, ce fut le temps de l’enfance, des premiers pas, des balbutiements, mais aussi des premières réussites. Celui aussi des parrains précieux, comme le directeur du Parc national de Chréa, de M. Bensellem du club « Filaha », d’un soutien timide, mais néanmoins de principe de Pierre Rabhi, d’un partenariat avec Terre et Humanisme.
Mais, surtout, il y aura des agriculteurs et des consommateurs algériens prêts à jouer le jeu, à tenter l’expérience de l’AMAP, des jardins partagés, et des potagers urbains dans la région d’Alger. De modestes producteurs, aussi, des petits distributeurs, des connaisseurs, des gastronomes, des Algériens vivant à l’étranger qui ont déjà expérimenté ce genre d’agriculture hors de nos frontières... Cela fait un bien joli monde, qui gravite autour de cette ONG algérienne à la taille et aux ambitions très humaines. Il est un peu anarchique parfois, je ne peux l’ignorer, mais ce n’est qu’un petit défaut de forme, car les intentions, dans le fond, sont sincères. La volonté de progresser est là, sans le moindre doute et c'est ce qui compte. Non qu’ils soient les seuls à faire de l’agro écologie en Algérie, mais il faut bien admettre que peu d’entre nous auraient réalisé mieux en si peu de temps.
Mes dernières visites parmi eux, m’ont fait réaliser à quel point « Torba » a grandi en à peine deux ans. J’ai pu apprécier en leur compagnie les progrès réalisés ; mettre aussi le doigt sur quelques détails à améliorer ; et, surtout réfléchir avec eux sur l’avenir de cette association. Car sans être vraiment un « Torbiste » attitré, j’ai souvent l’impression de parrainer, à ma façon, ce projet qui fait la part belle à l’agro écologie et l’éco-citoyenneté. Du moins, je sais qu’à Torba, je serais toujours écouté avec beaucoup d’attention et que, sous le filtre de leur réalité du terrain, certaines de mes idées seront parfois retenues par le bureau de cette association. Cela suffit pour me donner envie de continuer un tel échange.
D’autant qu’observer le travail de Torba est une opportunité des plus précieuses pour approfondir mon propre travail. Elle me permet de profiter de l’expérience d’un formidable et sincère laboratoire algérien ; où l’on aspire autant à cultiver la santé que le bien-vivre ensemble. C’est une démarche responsable, qui ne s’interdit pas la convivialité. Voilà, en fait, ce qui me plait vraiment le plus dans ce que développe Torba en Algérie ; avec une ambition débordante, mais aussi beaucoup de pragmatisme, il me semble.
Un vrai travail de valeureuses fourmis, un joli rêve de papillons, il y a dans cette petite famille de l’agro écologie algéroise, autant de poètes, que de vrais capitaines de campagnes. L’équilibre n’est pas encore totalement celui d’un parfait ensemble, mais, au fil des mois, des années, j’ai pu constater à quel point cette association suit un rythme de croisière tout ce qu’il y a de plus algérien ; dans ses plus belles façons.
Non pas forcément celui de l’inertie stérile. Parfois, bien au contraire, sous le métronome de cette temporalité toute particulière aux peuples Maghrébins, qui a inspiré tant d’auteurs orientalistes, cela donne aussi à leur travail une dimension beaucoup plus humaine, poétique, naïve même, au sens le plus noble du terme. Il faut savoir autant l’apprécier que toujours se défier de ce temps qui passe au rythme de l’Algérie, même quand elle roule à présent à la vitesse des avions , des tramways et des trains... qui sont encore trop souvent en retard !
Je n’ai pas l’impression que les membres de Torba l’ont oublié, mais plutôt, qu’au contraire, ils s’en accommodent sans l’accepter pour autant ; avec une pugnacité qui fait honneur à tous celles et ceux qui luttent , chacuns à leur manière, contre cette médiocrité érigée en environnement qui a gangrénée une Algérie pourtant si prometteuse.
Torba agit donc, plus que ne philosophe...
Une AMAP crée à Chréa ; qui commence à ne plus pouvoir répondre aux demandes de sa clientèle grandissante. Un agriculteur local a déjà été formé et financé par les membres et adhérents de Torba. Ainsi, chaque vendredi, au club « Filaha » une production « Bio » de fruits, de légumes, de lait et de volailles vient remplir le panier d’une trentaine de pionniers du « bien-manger » Algérien. Il est donc question de trouver de nouveaux terrains et partenaires pour augmenter la production, ce qui est bon signe, ma foi. J’ai pu d’ailleurs apprécier par moi-même, et cela plus d’une fois, l’implication de tout le staff du Parc National de Chréa pour les aider dans ce sens.
A Djan Bouachaoui, ce sont les agronomes en herbes de la bande qui viennent s’essayer ou se perfectionner dans une ferme où Torba prend de plus en plus d’espace. Cette fois-ci, c’est le propriétaire des lieux qui laisse libre cours aux projets de Torba, tout en profitant des plus-values d’une telle expérience sur son terrain. On y élève aussi de la volaille, pour la production d’œuf et le poulailler a été réalisé avec des palettes en bois.
La ferme possède un broyeur pour le BRF et le compost est devenu un geste évident pour tout le monde. Il faut souligner que la grande partie d’entre eux sont des femmes et des jeunes femmes ; que leur dynamisme, leur sérieux fait honneur à la réputation des Algériennes. Mais cela ne veut pas dire non plus que le potager des Karim de Torba n’est pas à la hauteur du travail de ces dames !
Cette petite ferme informelle est aussi un lieu pour partager de bons plats en pleine nature, laisser les enfants se défouler dans de grandes étendues vertes ; discuter de tout et de rien parmi les poules en liberté, les chats, les chiens et le magnifique cheval qui trône sur les lieux de toutes son majestueux soutien. « Mine de rien », on cultive ainsi, dans une telle atmosphère, quelque chose que les dernières décennies ont étouffé dans le cœur de bien d’entre nous...
Il y a bien entendu l’envie d’aller plus loin, de créer de véritables fermes d’accueil pédagogique, de se perfectionner en se formant ; de partager en formant à leur tour. De nombreux pas ont déjà été réalisé à cet effet. Je sais combien les idées fusent dans l’esprit de ses membres les plus impliqués de Torba. Mais je connais également la grande prudence et le réalisme qui anime son président, qui n’est pas le dernier à rêver, mais souvent le premier à agir au sein de son association.
Torba, comme le sol en bonne santé, se constituera lentement, certes, mais sûrement, au fil des générations. Grâce à l’action quotidienne de petites mains citadines, des gestes « verts de terre », des racines qui s’ancrent dans leur environnement comme une myriade de petits ruisseaux d’espoir. Torba c’est un réseau de bonnes volontés constructives. Le développement de Torba, dans sa progression et son influence sur son milieu ressemble beaucoup à celui d’un arbre en évolution. Elle propose, à mon humble avis, de revenir aux fondements même de ce que le mot Economie signifie littéralement : une gestion responsable, à la fois individuelle et collective d’une maison commune.
Mais, je dois tout même apporter un bémol à tous ces sincères encouragements en me posant une question des plus simples. Non pour juger mais pour proposer plutôt de nouvelles pistes de travail.
Est-il possible d’être un Torbiste quand on n’a pas les moyens de s’acheter une voiture, et celui d’avoir du temps pour cultiver un potager qui n'est encore capable de vous rendre auto suffisant ? Non que soit la responsabilité de Torba, mais bien de celle de la réalité de la société algérienne; il faut à présent dépasser le cadre de son propre milieu, élargir son environnement d'action.Ce serait cela aussi, pour moi, la maturité d'une association.
Les concepts qu’ils développent seraient d’autant plus avantageux pour les couches les moins favorisées de la société algérienne. Certes, Torba aspire à tisser des liens durables et équitables avec le monde rural algérien ; mais il faudrait également, une fois l’âge de la maturité atteint, que cette association donne une dimension plus sociale à son action. Dans ce sens, les formations qu'ils entreprennent en matière de potagers urbains me semble la meileure piste...
On ne change pas d’horloge nationale en regardant seulement midi ne plus sonner devant sa porte. L’agriculture que défend Torba ne pourra être légitime en Algérie que si elle concerne l’ensemble des Algériens, et plus particulièrement les moins fortunés...
Photos: Karim Tedjani