29 Août 2016
Chapitre trois
"Justice Morale ou Légale?"
ou
Comment une valeur éthique peut devenir un argument politique
Prenons d’abord le cas de la justice dite « légitime », pour ensuite aborder celui d'une justice plus légale. On a coutume de dire que la plus ancienne et naturelle des "Justice" a pour critère central la Morale; un idéal à atteindre, un étendard pour le justicier. Pour être juste, au regard de cette justice, il faudra qu’il existe au sein de la société une tradition commune et intime de l'égalité, comme des libertés, autant que de la restriction. Quand on se fait cette justice soi-même, ou uniquement pour soi, ajoutons que le risque d’être injuste est aussi grand pour nous qu'un orage pourrait subitement éclater un soir d’atmosphère chaude et chargée de toutes les sueures du Ciel...
Parfois, il est dit ou écrit que c'est une justice qui n’a pas été élaborée par des êtres humains; mais qu'elle incarne une volonté qui lui est bien supérieure; selon les croyances propres à la société qui en aura admis collectivement le principe. A ce titre, c’est dans cette dimension que la première justice climatique fut admise et conçues par toutes nos sociétés traditionnelles.Est-ce vraiment hasard de l'histoire si on veut, à l'ère de la globalisation des idées, revisiter cette tradition par son idéologie la plus contraire: un homme qui serait plus justicier que le climat.
D'un point de vue purement laïc, on pourrait également également se référer à une sorte de contrat social oral, qui ne serait pas vraiment la loi juridique en vigueur, mais sa constitution naturelle. Bien que, au fond, dans cette justice, l’état n’a pas forcément besoin d’exister ou d’intervenir, dès lors que certains principes communs seront considérés comme justes et immuables pour toute la communauté, ici morale, et non vraiment politique.
Cette justice, nous dit-on, est une éthique, une vertu, c’est-à-dire une volonté d’excellence, un projet de progrès humain. Il ne peut y avoir,en effet, il me semble, de véritable société harmonieuse sans l’idée de cette Justice ; imprégnant l’esprit de chacun à travers une tradition, de bienveillance. La justice "légitime" est en quelque sorte celle qui fait que les chevaliers de la Table Ronde pouvaient siéger à la même table du pouvoir que leur Roi; sans pour autant remettre en question son autorité. Parce qu’il se sera lui-même inféodé à la couronne de la Justice. Une justice croyante , qui faisait que, jadis, un Algérien respectait la nature qui l’entourait, sans jamais se soucier d'appliquer ou d'enfreindre la loi; la considérant commeCréation sacrée et non juste un produit de consommation comme les autres.
Il ne sera pas question forcément d’innocent ou de culpabilité, dans cette façon de concevoir la justice; mais toujours de Bien à défendre et le Mal à combattre. C’est la justice du héros, mais aussi celle du savant fou, du despote démagogue, du fanatique; dés lors qu'ils auront tous choisi de fixer seulement eux-même les critères de la justice qu'ils exercent autour d'eux .
Comme vous aurez pu très vite le constater, cette forme de justice dépend d’une multitude de facteurs subjectifs qui peuvent varier selon l’endroit où vous existez, vos origines, votre classe sociale, votre tradition religieuse ou non, et tant de facteurs forts ardus à fixer de manière sûre et absolue.
C’est à la fois le penchant le plus noble de la justice, mais aussi le plus émotionnel, le moins objectif et donc le plus politique et idéologique. On a coutume de dire qu’elle fut celle des Antiques qui, armés d’une Tradition spirituelle très ancrées dans les mœurs de l’ensemble de leurs sociétés, s’en référaient au bon discernement d’un roi, d’un prêtre, ou d’un quelconque tenant de la sagesse traditionnelle pour exercer cette justice.
C’est d’ailleurs, à mon humble connaissance, ce caractère un peu trop évasif et donc politique de cette Justice légitimiste qui poussera nos société modernes à lui préférer une justice plus judiciaire. La Justice, dans ce cas, signifie autant l’institution que l’ensemble des lois qu’elle se charge de faire appliquer avec la plus grande justesse possible.
Un justice supposée impartiale parce qu'outillée et conçue pour faire de la raison commune, la chose publique. L'état nation devient de ce fait le seul garant légitime d’une justice gravée en lettres d'or dans les cours et les esprits de chacun; mais inscrites en lettre d’encre noire sur du papier blanchis par le pétrole. Ce sont des vérités que seule une autre lois supposée plus juste que la précédente pourra abroger.
Parce qu’elle est indissociable de la nécessité d’un état pour l’accomplir, cette justice, pour être légitime, elle s’engage par principe à garantir tous les droits et devoirs de chaque citoyen d'une communauté politique. Elle devient source de l'équiilbre de la société et même de ses rapports avec ses plus proches parents ou voisins.
Mais dans la réalité, comment préserver de l'injustice une justice où le monde des affaires et de la moralité font si bien connivences. Tantôt sur les plateaux de télé, comme dans les plus abyssales coulisses d'une comédie inhumaine qu’il masquent à nos yeux par de puissantes fantasmagories; animées de toutes les couleurs du spectre des mensonges officiellement réels. En quoi la justice climatique pourrait échapper à tel sinistre quotidien?
Sans trop s'attarder sur ces principales divergences de nature, et après avoir cherché à différencier ces deux principales catégories de "justice possibles", nous devrons en chercher à présent les points communs, afin de continuer à réfléchir sur la possibilité de penser ces dernières dans une dimension où le climat serait le pôle de toutes les préoccupations...
On pourrait par exemple affirmer sans trop d'hésitation qu'il y a toujours une injustice partagée derrière toute véléhité de Justice commune. Il me semble qu'elle est si peu innée chez l'être humain. Une justice climatique sous entend très probablement qu'une foule d'injustices sont encore légales ou considérées légitimables par des lois nationales ou internationales. Cela veut dire également que si on parle de justice climatique "légale", il faudra forcément un jour ou l'autre à en arriver à la conclusion d'une gouvernance mondiale pour légiférer à propos d'un climat global; puisque rappellons-le, dans la modernité qui a toujours cours en ce début de siècle nouveau, justice et état de droit sont indiscossiables....
Nous prendrons le temps de développer ces remarques dans un prochain chapitre...
A suivre...