29 Août 2016
Chapitre deux
"Une justice (climatique) à deux visages?"
Avant de se soucier de justice climatique, ce qui n’est pas du tout une mauvaise chose en soi, il faudrait tout de même s’interroger sur toutes les valeurs et concepts que contiennent le terme « justice » ; au-delà même de ce que le mot pourrait plus particulièrement signifier dans cette expression. Ce n’est pas un luxe d’universitaires, encore moins seulement une posture intellectuelle, que de vouloir considérer la notion de « justice climatique » comme un sujet assez complexe et important à aborder. Au point qu’il me parait presque impossible de ne pas lui imposer un tel traitement de faveurs. Certes, le processus est long, laborieux, et cela plus on est peu accoutumé à ce genre d’exercice de réflexion. Mais, il a cependant l’incommensurable vertu de nous éviter les raccourcis périlleux, les opinions toutes faites, comme des prises de positions radicales. Car, à mon humble avis, ce serait se parer des meilleures conditions de l’injustice pour, paradoxalement, chercher à mieux la combattre...
La plus évidentes des toutes premières questions que l’on pourrait se poser à ce juste titre, ne serait-ce pas de savoir si l’est vraiment possible de ne parler que d’une seule justice ? Et donc d’une seule forme de justice climatique ? Chacune de ses justices potentiellement différentes dans la manière et si communes par principe, doit avoir sa propre façon d’influer sur le régime politique que l’on a associé à l’idée d’un climat mondial et changeant. Il y a donc forcément plusieurs camps qui doivent évoluer autour de cette valeur ou idée de justice climatique. Elle a sûrement ses justiciers, ses gardes chiens , ainsi que ses troupeaux d'idiots utiles...
Peut-on accorder ce nom commun au singulier à cet adjectif climatique, sans risquer d’en réduire la portée? Existe-t-il, à vrai dire, une justice universelle en tous points ; propre et admise par la totalité de l’Humanité ? Certes, dans bien des cultures, à l'instar de la tradition chrétienne, la justice est une valeur dite "cardinale". Elle est même celle qui pourrait englober toutes les autres vertus fondamentales néscessaires à la bonne et juste conduite d'une nation.
La justice des uns est-elle forcement juste pour tout le monde pour autant ?Un peu comme on se demande sur quelle planète un seul climat ne peut n'éngendrer qu'une seule nature humaine. Combien de philosophes depuis Aristote jusqu’à Rawls et sa fameuse « théorie de la Justice » ont taché de répondre à cette éminente question ? Combien le font et le feront encore pour que cette volonté de justice ne s'éteigne pas en nous? Il suffit pour moi de constater, par exemple, l’actualité de mon pays d’accueil, terre supposée d’un état de droit, pour voir à quel point, quand il s’agit de liberté, la justice et la loi , en France, ne convergent pas toujours vers ce qui devrait être le plus juste envers la différence.
On nous dira d’ailleurs, dans cette région du Monde, que ce sont des gens comme Rousseau, Hobbes, Montesquieu et tant d’autres penseurs qui ont posés les fondamentaux de cette justice supposée universelle; quand elle est cependant et le plus souvent universaliste en seconde apparence. Mais sont-ils bien les seuls êtres humains, me direz-vous, à avoir réfléchit et agit au nom d'une Justice ? Comment ne pas croire le contraire ?! Quand on cite régulièrement le principe de « Maât », justice égyptienne antique, dans bien des cercles intellectuels qui se réclament pourtant farouchement en public de la tradition helléniste occidentale. Qu’en est-il de la justice coranique, du tajma3t des berbères ?Des "lois de la Nature"? Quid de la justice dans les traditions dites « kamites » de l’Afrique Noire ? De la Table des Lois de Moïse et de tant d’autres traditions de la Justice ?
A vrai dire, c’est une forme de justice bien particulière, que nous évoquerons d’ailleurs en second lieu, que ces penseurs « occidentaux » auront surtout participé effectivement à ériger comme la plus "évidente" et actuelle façon de faire acte de justice sur Terre.
Mais il serait injuste de ne pas citer le rôle fondamentale des plus grands combattants de l'océan d'injustices qui aura déferlé en vagues sur Terre, sous la bannière de cette même justice; une pax impériale qui aimerait bien se faire passer pour le rêve d'une démocratie mondiale. Quelle justice pourrait exister sans s'affranchir d'un tel monde? Où l'aveuglement, "le voile d'ignorances", sont principes de communication. Il n'y a plus que des connexions entre nous, au fond, si peu de vraies communions. Nous partageons des post, des commentaires éphèmeres, accrochés à notre toile, victimes patientes d'un bourreau encore plus prompt à faire du temps sont meilleur outil d'execution.
Les luttes contre l’esclavagisme, la ségrégation raciale, la colonisation, le fascisme et bien d’autres férocités d’un capitalisme dont les civilités sont aussi voraces que le sourire d’un grand requin blanc à l’égard de sa future proie. Le combat des femmes pour l’égalité, des classes ouvrières, pour une meilleur condition sociale...Combien de révolutions populaires, de soulèvement de masses, de communions dans la juste colère, ont permis de franchir certains palier de justice à notre Humanité ? Comme il en fut de même pour le Tiers Etat dans la course de la Révolution française, le Tiers Monde aura été un des plus virulents moteurs d’un processus de justice à l’échelle de tout un Globe.Mais est-ce suffisant?.
Il ne fut pas seulement le monde des « Damnés de la Terre », mais bien aussi des « Illuminés de ce Monde » ; à force d’en subir les lois illégitimes, ils ont dû se forcer à l’Eveil de leurs consciences, pour annoncer une nouvelle ère d'Humanité possible; bien plus humaine que celle d'un humanisme néo-colonialiste. Souvent avec la vaillance et la conviction de ceux qui n’ont eu plus d’autre choix que la mort ou la justice pour se sentir encore dignes de leur humanité. Je pense que dans cette épopée universelle des peuples opprimés, il n’est pas à rappeler le rôle de nombreux militants et penseurs algériens, comme celui de tant d’héros africains de la décolonisation mentale et physique de nos natures traditionnelles. Ce combat perdure, ils a ses héraults contemporains, comme d'ailleurs ses usurpateurs du moment. Mais là n'est pas notre principale question à résoudre dans ce chapitre.
Cette justice là, est en grande partie le socle de la justice climatique la plus contestataire et critique envers le régime climatique officiel. Ces lois et textes qui légifèrent en haut lieu dans l'échelle de la pyramides des super-puissances, sur l'avenir climatique planétaire. Un peu comme on jouerait aux échecs ou bien à la guerre des mondes, au billard avec des oeufs...
Chaque culture, chaque époque, chaque partie d’un même globe terrestre, à y regarder de plus près, développera donc son propre « critérium » du juste et de l’injuste ; et cela d’Extrême Orient jusqu’en Extrême Occident. Comme il est mal chez nous de laisser une chaussure à l'envers jonchée sur le sol et que, ailleurs, cela n'a aucune sorte d'importance...
De l’Asie jusqu’au Etats Unis..considérés ainsi comme le comble de "l'occidentalité" par les plus farouches détracteurs de ce qu’ils appellent « la modernité occidentale ». N’allez pas, au passage, vous précipiter de croire que ce sont forcément des salafistes musulmans ou bien n’importe quels autres adeptes de couranst religieux extrémistes. Cette idée d’un occident décadent est bien née dans le ventre même du monde dont elle sera une des plus acerbes et brillantes critiques. Il faut lire "Orient et Occident" de Réne Guenon ou bien sa "Critique de la Modernité" pour s'en rendre compte, mais aussi pour ne pas adhérer à cette conception de manière aveugle ou arriérée.
Aussi, quels pourraient être les principes et critères communs à toutes ces différentes voies possibles d'être dans le juste ? De militer pour le respect de la justice ou bien de l’appliquer ? Ce n’est, il me semble, pas une mince entreprise que de s’aventurer dans de telles conjectures. Car, comme nous l’avons évoqué, le concept ou la valeur « justice » sont le fruit d’un long processus à la fois historique, philosophique et politique. Nous ne pouvons ignorer cette réalité sans risquer de nous égarer dans la pure théorie stérile.
Nous devrons donc nous appliquer à en déterminer les contours les plus sûrs et avérés pour en faire ressortir un système de définitions assez cohérent. Que l’on pourrait éprouver alors, face au contexte d’un siècle où la question climatique est au cœur de bien des défis de civilisation. De la volonté, d'un côté le plus obscur, d’instaurer une gouvernance mondiale à notre société internationale; de nations jusque-là unies ; mais jamais encore unifiées par un Etat unique. Mais aussi de créer, dansun tout autre état d'esprit, un régime de responsabilités ainsi que de bonnes volontés écologiques d’une envergure planétaire. Le sujet nous concerne tous et toutes, où que nous résidions sur Terre. Il est donc aussi rassembleur que capable de favoriser les intentions ainsi que les esprits les plus absolutistes.
J’aimerais cette fois-ci, pour me préserver de cette pollution, procéder selon une manière qui m’aura été inculquée principalement par les ruraux de mon douar. Elle consiste tout simplement à chercher la solution d’une énigme, ou bien la logique d’une réalité, dans un champ tout d’abord assez large et admis de tous.S'éloigner du centre, caresser les courbes du Cercle, visualiser le rayon autour duquel il s'anime. Pour en dégager quelques identités en observant ses contraires. Qui nous permettront, plus tard, je l'espère, de comprendre plus facilement comment aborder cette idée; avec sûrement une meilleure accuité d'esprit et de vision. C’est un peu la manière de dire les choses pudiquement dans nos Maânas ancestrales, il me semble ; mais aussi de les comprendre tout en s’aidant de ses meilleurs doutes; pour acquérir les plus durables convictions.
Il suffira par exemple de constater la différence évidente entre le sens des adjectifs « légitime » et « légal », pour comprendre toutes les nuances ainsi que les difficultés qui rendent impossible l’idée d’une Justice parfaitement universelle et unique en son genre.
Pourtant, ces deux termes sont directement liés à la notion de justesse ; d’être juste, et donc de respecter une certaine justice. Mais celle qui se dit l"égitime", relève avant tout de la morale et non forcement de la Loi. De considérations abstraites toutes relatives à l’environnement où elle évolue. Tandis que l’autre, "légale", se base sur l’idée de lois établies non par une tradition communautaire, mais un état de droit. C’est la justice, juridique, le nom de l’institution qui la régit également.
Entre ces deux justices, à vrai dire, il y a tout un monde de différences et tant de cercles d’influences qui se mêlent et se démêlent ; un nœud le plus souvent gordien. Entre le foyer ultime de la veuve et l’orphelin et le nid de vipères perfides, dans cette affaire, la frontière n’est pas toujours aussi évidente à dénoncer du premier coup. Toute justice moraliste, par exemple, a saveur de poison liberticide. Bien des lois actuelles soutiennent de terribles inégalités et donc des injustices tout à fait légales...
A suivre....