12 Novembre 2016
Le quartier de Oliviers, situé dans la wilaya de Tébessa vit une situation écologique qui, si elle n'est malheureusement pas unique, s'avère ici avoir pris une ampleur de décor de désolation.(Photos: Amar Adjili)
Mon ami Amar Adjili, est connu de toutes et de tous, pour son engagement citoyen en Algérie, aussi volontaire qu'exemplaire. Contre une pollution qui est devenue quasiment systémique dans notre pays. Ce matin, alors qu’il était en déplacement à Tébessa, pour des raisons personnelles, cette-fois-ci, il n’aura pas pu échapper à cette dernière. Il n’a pas pu également s’empêcher de saisir, muni de son appareil photo portable, à quel point elle pouvait s’avérer d’une ampleur qui lui donne quelque chose de plus qu’absurde ; de quasi inimaginable; du moins pour tout être humain encore digne de ce nom...
Nous somme à Tebessa, devant le lit d’un Oued à proximité du quartier des Oliviers. On dirait un lit mortuaire; à vrai dire, vide, mais seulement, de vie...C’est bien un océan d’ordures, d’immondices, de saletés en tous genre qui le rempli à présent. Une pollution qui est un cas d’école national, malheureusement, mais ici, à celle du pire, un tel spectacle mérite la couronne qui fait du cancre le roi des aveugles.
Elle n'affecte d'ailleurs pas que les paysages et les corps vivants; c'est une profanation de la vie, dans toutes ses dimensions d'existence. Car Pollution, de son antique définition, signifiait bien la profanation d’un temple. En Algérie, l’allure putride de ce temple, la nature d’un pays, est autant le reflet de l'état de santé mentale de notre société, qu'un agent accélérateur de toutes les pathologies sociales, et donc morales dont souffre la population Algérienne contemporaine. Et cela dans son ensemble; qu'elle soit celle d'en bas ou bien que ce soit une certaine frange qui se considère au-dessus de tout ce que peut endurer comme toxicités quotidiennes le quidam Algérien.
Car, comment peut-on se considérer comme une élite, se regarder en face et surtout se montrer digne à la face du monde, quand on aura laissé toute une nation sombrer dans une telle décadence? On ne peut se suffire de s’armer du seul et dessué argument: celui d’« un peuple qui ne mérite pas ce pays ». Comme je l’ai si souvent entendu, cette calomnie du loup, pour condamner la chèvre qui serait sorti du troupeau, et qu’il aura dévorée justement parce qu’elle s’est elle-même condamnée ainsi à finir sous la coupe justicière de ses crocs.La selection naturelle, il parait...Bof! La responsabilité première d'un tel renoncement ne peut avoir sa source que dans une desertion politique; pas juste une mauvaise nature citoyenne!
Comment peut-on se pavaner dans les salons mondains de la terre entière, et croire que l’on peut se considérer l'égal de son voisin de table Européen, Américain, ou d'un tout autre pays souverain? Certes, s’il est sûrement aussi mercantile, aussi vorace financièrement que vous, puisque vous n’en êtes que les disciples sauvages...Mais il aura eu au moins la décence de ne pas laisser son pays dans une telle capitulation de son humanité! Y'a-t-il de l'honneur, même quand on est millionnaire à flot pour s'acheter une dignité en or massif, y'a-t-il la moindre once de fierté à avoir, quand on a fait son beurre non de la crème de son pays, mais de ses déjections?
Oui, pour moi, notre peuple se comporte, face à un tel spectacle, comme un bébé maltraité, traumatisé, qui n'a trouvé pour se faire entendre que la voie de la couche toujours pleine des manifestations physiques de ses frustrations. Un peu comme un enfant fait encore pipi dans son lit, pour, inconsciemment avertir ses parents de sa déprime aigue. En cela, certes, il ne fait qu'appronfondir l'abîme de sa tombe. Il devrait apprendre lui, à retrouver sa dignité, pusique celle de ses élites est partie en fumées...toxiques pour lui ...encens des salons de massages privés et autres luxures pour eux...
Arrivé à ce stade, dont ces clichés ne sont que les manifestations la plus sordide, il n’est certes plus question de savoir qui est le seul coupable. Le Peuple ou ses Elites tous les deux aliénés, au fond, à la même tyrannie : celle de l’instant, de la vitesse, de la quantité absolue, de la médiocratie comme soupape de sureté pour celles et ceux qui ont fait de leur supposée excellence à être cupide, leur légitimité d’appartenir à une caste sociale dite "noble"...
Non, messieurs dames, où que vous pensez vous situer dans la pyramide des mérites de ce monde, vous faites fausse route, on vous aura menti ! Vous pouvez croire vos maîtres, quand ils vous affirment que vous êtes l’un des leurs: mais, à mon humble avis, quand ils regarderont à quoi ressemble votre Maison, du moins celle dont vous vous êtes octroyée la gouvernance, ils ne vous le diront pas ; mais vous leur paraitrez encore plus des barbares si utiles à leur sentiment de civilisation supérieure... Vous ne pourrez leur paraitre que de vulgaires chiffonniers, des charognards au mieux, dotés des mâchoires les plus puissantes de la savane, mais du coeur le plus nanomicroscopique de la Terre.
Moi, comme mon ami Amar, et tant d’autres, certes, nous ne sommes pas de votre rang, nous n’avons pas votre qualité, ni votre fortune ; mais nous aurons toujours cette dignité d’avoir honte, d’éprouver une certaine colère, de vouloir réagir positivement face à un tel spectacle. C’est peut-être, cette honte, qui, dans une tout autre échelle de considérations contraires, fait du chameau doté de la plus grosse bosse des affaires, le candidat le moins apte à franchir les portes du vrai Paradis...