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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

Le nouveau scénario négaWatt propose une mutation accélérée du système énergétique

Actu environnement| Agnès Sinaï|le 24 janvier 2017

 

L'association négaWatt a présenté son dernier scénario. Au menu : une division par deux de la consommation énergétique finale et 100% d'énergie renouvelable pour atteindre une économie quasi neutre en carbone à l'horizon 2050.

 

Tous les cinq ans, le réseau négaWatt mobilise une quarantaine d'experts de l'énergie afin d'actualiser son scénario. Exercice prospectif et outil d'aide à la décision, celui-ci combine les trois volets d'un triptyque désormais bien connu : sobriété, efficacité énergétique et énergies renouvelables, à partir de l'étude des "services énergétiques" et des usages de l'énergie nécessaires au bon fonctionnement de la société. L'équivalent de plus d'un millier de pages de contributions ont été résumées en un document de synthèsequi livre un ensemble de mesures, présentées à Paris le 25 janvier.

Accélérer le tempo

Par rapport aux précédentes, cette édition 2017 du scénario négaWatt met l'accent sur le fait qu'il reste peu de temps pour réaliser les grands objectifs de la transition énergétique : stabiliser les émissions de gaz à effet de serre, diviser par deux les consommations d'énergie finale d'ici à 2050, dans le contexte des prochaines décennies, qui verront l'arrêt des réacteurs nucléaires arrivés à la limite d'âge de 40 ans.

Les co-auteurs du scénario 2017-2050 estiment que les fondamentaux de la démarche négaWatt demeurent plus que jamais d'actualité. Pour Thierry Salomon, vice-président et porte-parole, "même si on note une avancée dans les têtes, et même si, pour la première fois, la consommation énergétique décroît, grâce aux progrès en matière d'efficacité dans le bâtiment, dans les transports et l'industrie, la transition n'a pas vraiment commencé".

"Notre budget carbone se réduit, il ne nous reste que quinze ans pour changer de système énergétique vers un modèle peu émetteur en gaz à effet de serre", alertent les porte-parole de négaWatt. Actuellement, les émissions de gaz à effet de serre françaises ne diminuent qu'au rythme de 1% par an, hors DOM-TOM et émissions délocalisées, alors qu'il faudrait aller plus vite.

L'objectif est d'atteindre un rythme de croisière compris entre 4 et 7% par an de baisse des gaz à effet de serre à la source d'ici à 2050. Ce qui implique une véritable transformation, tant du système énergétique que de celui des transports, de l'occupation de l'espace urbain et rural et de la consommation, notamment par la lutte contre l'obsolescence programmée.

100% d'énergie renouvelable 

Concrètement, il s'agit de faire des énergies renouvelables le pivot de l'avenir énergétique. Ce qui suppose de raisonner non pas en termes de stocks, mais en termes de flux.

Si le bois énergie et l'ensemble de la biomasse solide restent la première source d'énergie renouvelable tout au long de la trajectoire proposée par le scénario négaWatt, l'éolien terrestre et offshore et le photovoltaïque connaissent un développement considérable, et assurent la grande majorité des besoins d'électricité en 2050, soit 3,4 fois leur contribution actuelle. Leur stockage est assuré en partie par méthanation, ce qui règle le problème de leur variabilité.

Le secteur des transports connaît une mutation profonde en s'affranchissant des énergies fossiles. Entre le recours au carburant gaz, qui devient progressivement renouvelable, et la place de la mobilité électrique, la part des énergies renouvelables dans les transports passe de 6% aujourd'hui à presque 100% en 2050.

La sobriété, levier du changement

La sobriété est un des fondamentaux du scénario négaWatt. "La sobriété touche aux conditions de mise à la disposition des consommateurs de biens et de services en réduisant au strict nécessaire les consommations intermédiaires inutiles telles que le suremballage, le matraquage publicitaire ou la gabegie de transports de marchandises."

A l'issue des différentes actions prévues dans le scénario négaWatt, la consommation d'énergie finale est divisée par deux en 2050 par rapport à son niveau de 2015. En comparaison de la réduction beaucoup plus modeste de la consommation dans le scénario tendanciel, cette baisse s'explique par un effort sur la demande réparti entre la sobriété (60%) et l'efficacité (40%).

Le résidentiel-tertiaire enregistre une baisse significative des consommations d'énergie de 56% par rapport à 2015, dans laquelle l'impact de la sobriété, en particulier en termes de maîtrise des surfaces occupées, est loin d'être négligeable.

Un scénario global de transition

NégaWatt propose une approche plus vaste qu'un scénario uniquement énergétique, en combinant ses données avec le scénario Afterres 2050. Celui-ci propose une approche systémique de l'utilisation des terres et de la biomasse visant un nouvel équilibre entre les grandes fonctions de celles-ci : alimentation humaine, alimentation animale, matériaux, énergie, écosystèmes et fonctions naturelles. Il s'agit d'inverser la proportion actuelle entre les protéines d'origine animale et d'origine végétale dans notre alimentation. "Ceci passe notamment par la réduction à terme de moitié de la consommation de viande au profit par exemple de légumineuses et de fruits à coques", souligne le scénario négaWatt.

"Il s'agit d'un vrai scénario global de transition. Les pratiques culturales d'Afterres renforcent assez rapidement l'effet puits de carbone. Mais celui-ci est comparable à une baignoire qui se remplirait progressivement : une fois que le sol est saturé en carbone, l'effet puits diminue. Dès lors, on ne peut escompter une absorption des excédents de carbone par le sol au-delà de 2050", explique Thierry Salomon. Ce qui compte, c'est de réduire les émissions à la source.

Au final, le système énergétique issu de la mise en oeuvre du scénario négaWatt en 2050 est radicalement différent. La dépendance aux énergies fossiles est révolue.

Le scénario négaWatt mobilise 1.160 milliards d'euros (G€) d'investissements en cumul d'ici 2050 dans le secteur de l'énergie, soit l'équivalent de six mois de PIB national. La transition énergétique entraîne une mutation de pans entiers de l'économie, le bâtiment et le transport se situant au premier rang. Le bilan net sur l'emploi est positif tout au long de la période. En fin de compte, il s'agit d'un véritable projet de société.

Agnès Sinaï, journaliste
Rédactrice spécialisée

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