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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

Versant Ouest de l'Oued el Kebir- Quand la pêche à ligne rime avec poubelle...

Photos: Karim Tedjani.
Photos: Karim Tedjani.
Photos: Karim Tedjani.
Photos: Karim Tedjani.
Photos: Karim Tedjani.

Photos: Karim Tedjani.

Il y a bien longtemps que la pêche  à la ligne n’est plus vraiment  une activité vivrière pour nombre de  ceux qui la pratiquent. De nos jours, dans sa forme la plus noble,  cette activité est même devenue  un sport  de haut niveau, dont la technique  ainsi que  les valeurs sont à bien des égards imprégnés par la parfaite connaissance  autant  un pur respect de la Nature. De manière plus générale, pour la plupart de ses  adeptes, il ne s’agit pas  uniquement de pratiquer un loisir, mais plutôt d’adhérer à un véritable  art de vivre . Où la responsabilité écologique ne saurait se limiter à être  juste un devoir,  ni même  une éthique morale, mais avant tout une logique durable. 

Car, au regard de l’extrême fragilité et vulnérabilité  des écosystèmes aquatiques, ,  il ne peut être que vital  pour le pêcheur de veiller avec beaucoup d'attention à l’intégrité des cours d’eau, particulièrement  d’eau douce, qu'il a choisi comme terrain de chasse .  Sans se soucier  de la santé de la faune, de la flore de ces sites, mais aussi de leur environnement,  il est plus qu’évident que  la pratique de leur  passion n’aura guère l’occasion de s'avérer pérenne ; dans le temps, mais aussi  l’espace.

D’ailleurs, qui n’a pas en tête, dès que l’on évoque le pêcheur d’eau douce, la bonhomie  solitaire et silencieuse,  le calme quasi monacale  de  citadins en  week-end, en congé, ou bien à la retraite ? Venus se recueillir dans une nature  sereine, car  loin du vacarme poussiéreux de la ville moderne ainsi que de la pollution, qui est la plus flagrante  conséquence d’un mode d’exister  ultra productiviste et consumériste.  S’isoler, le temps d’une  journée, de la  « Malchimie »  qui a fait de la nature humaine non plus  celle de la symbiose, de la collaboration avec son environnement naturel, mais  celle qui fait quotidiennement  de son exploitation outrancière  la règle d’Or d’un enfer sur Terre travesti  en paradis artificiel.

Pourtant,  quand on se promène le long des berges  du versant Ouest du majestueux  Oued el Kebir, là où il vient mourir  humblement  dans la baie de Guerbes, connue  notamment pour sa périphérie  ainsi que son interaction directe avec un des complexes de zones humides les plus précieux d’Afrique du Nord, il est malheureusement possible de constater à quel point, en Algérie, l’absence de conscience écologique a atteint la mesure d’une acclimation quasi symbiotique avec la saleté...

En effet, dans cette  zone naturelle de wilaya de Skikda,  réputée pourtant  pour sa richesse écologique, mais aussi l’extrême originalité de sa biodiversité,  le spectacle de pécheurs du vendredi, vautrés  systématiquement dans un entourage de  bouteilles en plastique,  de  déchets en tous genre, est une injure en bon et due forme à toute la noble imagerie écologique de la pratique pêche à la ligne... 

Et, à vrai dire, ce n’est pas tant, à propos de ce cas-ci,  la nature qui est la plus  à plaindre !  Dans cette  triste réalité, il est question du déclin d’une  nature algérienne,   au sens le plus humain du terme. J’entends par là que cette pollution, pourrait même paraitre anecdotique, comparée à celle que subit le fleuve,  à cause d’une agriculture invasive, d’essence pétrochimique, d’une gestion des eaux usées de la ville de Ben Azzouz quasi inexistante et  donc empoisonnante, souillante,  au plus dommageable des degrés pour cet Oued.

Je me suis longtemps posé la question, en les regardant ainsi, devenu totalement aveugles et inconscients de leur posture décadente, comment peut-on en arriver à un tel laisser aller ? Il ne peut que s’agir des symptômes d’une pathologie plus profonde. Celle, par exemple, d’un dépressif qui  a perdu l’envie, comme la conscience de l’intégrité de son corps, comme pour  y refléter inconsciemment  la pollution mentale qui  l’habite. 

J’ai pourtant interrogé nombre d’entre eux sur cette désagréable et avilissante condition,  dont il semblent pourtant s'être tout à fait habitués. Tous ont reconnus la responsabilité des pêcheurs dans cette saleté ambiante. La plupart d’entre eux  ont bien entendu fini par rejeter la faute sur « les autres", et ont admis le fait qu’il suffirait que chacun d’entre eux   prenne la responsabilité de ne pas laisser leu déchets sur place, de prendre la peine de les remmener dans leur ville, Guelma, dont ils sont quasiment tous originaires. Un geste pourtant simple, et qui, porté à la mesure de la somme de bonnes volontés, vaudra toutes les poubelles installées ainsi que les amendes dispensées. Pourtant, personne ne semble l’accomplir, ou du moins pas dans des proportions remarquables.

Aussi, en apprenant plus tard, que nombre d’entre eux ne respectaient pas non plus les périodes de reproductions des poissons locaux, je n’ai été en rien surpris. Il me parait d’ailleurs évident que leur manque de responsabilité  vis-à-vis de ce site, et encore plus de respect  vis-à-vis de leur propre personne, ne pouvait que couver de tels mauvais comportements.  Une fois n’est pas coutume, on peut aussi constater l’absence de réactivité des locaux vis-à-vis de cette pollution, qu’eux aussi entretiennent, tout comme ils sont les premiers à exploiter de manière irresponsable les ressources halieutiques de leur région. N’hésitant pas à pêcher au filet, une pratique normalement interdite dans ce genre d’écosystème.  

C’est de ce fait, une fois de plus l’absence d’Etat qu’il faudra dénoncer dans cette affaire, au sens de gouvernance prônant et activant le respect des lois et de la civilité en tous endroits,  et non  pas de police des moeurs ou des esprits, . Car, à vrai dire, il suffirait de peu de moyens, et de créer quelques emplois pour organiser cette pêche, la réglementer, et, pourquoi pas la taxer, afin que l’entretien et la protection  de ces berges soient ainsi  assurés régulièrement.

Pour que ces pêcheurs ressemblent à nouveau à l’image que l’on devrait attendre et qu’ils devraient exiger d’eux-mêmes de leur passion. Quant aux associations locales, il faut déplorer le fait que la région Guerbes-Sanhadja n’est soutenue par aucune digne de ce nom, malgré pourtant toutes les protections nationales et internationales dont cette zone naturelle a été éligible....

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