ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )
13 Février 2022
En Algérie, si le changement climatique est un sujet qui s'installe progressivement dans les discours politiques et médiatiques, il me semble que ce n'est pas pour les bonnes raisons.
Car, trop souvent, on évoque ce phénomène pour en faire un prétexte idéal, afin de tenter de justifier des crises qui auraient largement pu être évitées, sinon s'avérer moins aigues, pour peu que la prévention et la responsabilité aient été deux piliers inamovibles de la gouvernance algérienne.
Le cas de la crise de l'eau est à ce titre un exemple ô combien parlant. Car elle tire bien plus son origine de toutes les lacunes et prévarications dont a fait l'objet la gestion des ressources hydriques durant la décennie précédente, que l'on doit l'attribuer aux conséquences du changement climatique. Le changement climatique est, dans la plupart des cas, plus un agent révélateur, qui accentue une vulnérabilité largement entretenue par une gestion souvent hasardeuse et affairiste. En ce qui concerne le secteur de l'eau, il est important de réaliser qu'il relève de la souverainté de notre nation; au plus haut point et à des échelles aussi multiples qu'interdépendantes.
Le recours massif au dessalement de l'eau de mer ne fera-t-il pas que répondre , une fois n'est pas coutume, à une urgence qui a été somme toute largement entretenue par l'abscence d'une vision holistique de la problèmatique ? Retarder ainsi les effets d'un stress hydrique sans en traiter les causes profondes, est-ce vraiment cela, la meilleure des voies?
Il ne faudrait surtout pas s'interdire de lutter contre la sécheresse par une meilleure gestion de l'eau, une protection plus volontariste de la couverture végétale, une politique agricole qui doit avant tout viser l'efficacité au lieu de miser sur la seule productivité, la qualité et non pas la quantité, favoriser des modes de consommations plus en phase avec la réalité écologique de notre pays.
Le changement climatique, en Algérie, n'est pas tant un insurmontable péril qu'un énorme défi qui devrait nous pousser à accélerer une transition inévitable, parce que salutaire, de notre modèle économique. De l'impasse extractiviste, du "Dévorement durable" vers une Voie plus vivable, plus en phase avec l'âme, l'esprit et le corps de notre pays.
Et bien entendu, toutes ces mesures sont indiscossiables d'une lutte sans merci contre toutes les formes de gaspillages, de pollution et de détournement illicites de l'eau en Algérie.
La technologie n'est pas la solution, elle n'est qu'un moyen, tandis que la véritable maitrise technique n'est pas une affaire d'appareils sophistiquée mais surtout relative à l'organisation, la bonne gouvernance et donc un dialogue politique et social mûre, cohérent, juste et sincère.
Karim Tedjani, écologiste algérien, consultant.