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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

"Dalila Boudjemaâ, secrétaire d’état à l’environnement “Il faut professionnaliser la gestion des déchets ménagers” Par Liberté

Mardi, 02 Avril 2013 09:50
Par : Mohamed-Chérif LACHICHI

C’est clair qu’on ne peut plus continuer comme ça”, a déclaré la secrétaire d’État à l’Environnement. “Nous allons proposer plusieurs variantes chiffrées”, a-t-elle annoncé, tout en n’excluant pas une mise en concession  de la gestion des déchets au privé. 

Après avoir présenté les grands axes de la politique environnementale, Mme Boudjemaâ évoquera longuement la nécessaire mise aux normes, la modernisation de la gestion ainsi que la fermeture et la réhabilitation des décharges non contrôlées. “Il s’agit à travers la fermeture et la réhabilitation de ces décharges d’améliorer le cadre de vie des citoyens et de récupérer les biogaz notamment”. Interrogée au lendemain d'une semaine de débrayage des travailleurs communaux chargés de la collecte des déchets ménagers dans 42 communes de la capitale, la secrétaire d’État chargée de l’Environnement a d’emblée précisé que la collecte des déchets ménagers est du ressort des collectivités locales. “Nous, nous sommes l’administration”, a-t-elle précisé sous forme de “mise au point”. Elle a estimé néanmoins que cette grève a eu le mérite de faire prendre conscience au citoyen de la capitale de l’importance de l’enlèvement des ordures et de la nécessité de prendre en charge les déchets qu’il génère. “Les gens ne respectent pas les horaires de dépôt des ordures, c’est pourquoi les sacs sont souvent éventrés. Quant à la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, presque plus personne ne la paye. Il faut qu’on apprenne à être civilisés”. Il faut savoir, en effet, que la taxe d’enlèvement des ordures ménagères estimée de 500 à  1 000 dinars par ménage/an et dont le taux de recouvrement ne dépasse guère 30%, ne suffit pas à combler le coût de traitement qui dépasse parfois 4 000 dinars par ménage/an. “La gestion des déchets coûte très cher. Les communes sont dépassées. Il faut sortir du bricolage pour aller vers le professionnalisme aux normes internationales”, préconise la secrétaire d’État à l’Environnement. Sur le plan institutionnel, il est prévu la création de 48 Épic (Établissement public à caractère industriel et commercial), un par wilaya. Les arrêtés interministériels sont déjà signés. Interpellée, par ailleurs, au sujet des menaces de grève des travailleurs de NetCom, qui ont formulé, eux aussi, des revendications socioprofessionnelles, la secrétaire d’État s’est voulue rassurante. Même si elle ne s’est pas prononcée sur le bien-fondé desdites revendications, elle a, toutefois, annoncé une réunion la semaine prochaine avec les services de la wilaya d’Alger. “C’est clair qu’on ne peut plus continuer comme ça !”. D’après elle, une feuille de route sera dressée afin de réorganiser NetCom, une entreprise qui compte, apprend-on, 3 000 travailleurs. “La gestion et le traitement des déchets, c’est une profession, un métier à part entière. Il faut y aller au cas par cas”, indique-t-elle sans donner, pour autant, les détails de la réorganisation à venir. “Nous allons proposer plusieurs variantes chiffrées”, a annoncé la secrétaire d’État, qui n’exclut pas une mise en concession de la gestion des déchets au privé. 

Alger, “un cas particulier”

Au-delà de la situation conjoncturelle vécue cette “sale” semaine par les Algérois, il convient de rappeler, tout de même, que les classements internationaux font figurer, depuis quelques années déjà, Alger parmi le Top 5 des capitales les plus sales au monde. Comme chacun sait, la capitale de l’Algérie a beaucoup perdu beaucoup de son âme. La ville est sale et l’incivilité ambiante. Il faut dire que “la vitrine” de l’Algérie n’a jamais été bien reluisante. D'un côté, “Alger, la Blanche” en impose avec sa lumière et de l'autre, son côté sombre, l'envers du décor, une noirceur glauque à faire fuir le plus téméraire des visiteurs. La réhabilitation de l’oued El-Harrach, une opération “complexe” s’il en est a été également abordée. D’après Mme Boudjemâa, l’aménagement des berges et le dragage de l’oued El-Harrach ont été confiés à un bureau d’études de renommée internationale afin de “catégoriser” les sources de pollution notamment urbaines, industrielles et même agricoles. Il s’agit, d’après elle, de déterminer quelle “filière de traitement” utiliser. La pollution du célèbre cours d’eau de la capitale remontant, en effet, à plusieurs années, des sédiments se sont accumulés dans le lit de l’oued. Il faudra examiner son assainissement même sur le plan réglementaire, explique la secrétaire d’État. S’agissant enfin de l’option prise par le gouvernement pour les centres d’enfouissement technique (dont le coût serait, selon certaines sources, très onéreux et dont la durée de vie ne saurait excéder 20 ans maximum), la secrétaire d’État a révélé que cette “solution d’urgence” allait être renforcée par le traitement thermique, biologique ainsi que le recyclage. “Le choix pour l’enfouissement obéit à plusieurs facteurs. En l’état actuel des choses, on a choisi ce mode de traitement des déchets car il convient, au mieux à notre contexte national”. Il est à rappeler que 60 centres d’enfouissement techniques (CET) sont actuellement en cours de réalisation à travers le pays. Après la planification, la gestion des déchets ménagers et assimilés, le gouvernement veut s’attaquer, d’après Mme Boudjemâa, au “tri sélectif et à la valorisation des déchets”. D’après la secrétaire d’État, le gouvernement aspire également à la mise en place d’une véritable industrie de récupération et de valorisation des déchets à travers le développement de plusieurs filières comme les plastiques, les papiers et cartons, les métaux, les verres, le bois, les pneus usagés, les batteries, les huiles, etc. Mme Boudjemaâ donnera, à ce sujet, quelques chiffres révélateurs. Ainsi, le potentiel de matières recyclables représente un volume de 760 000 tonnes par an pour un chiffre d’affaires estimé à 3,5 milliards de dinars. “Un manque à gagner” que Mme Boudjemaâ ne désespère de rattraper. Elle reconnaît, toutefois, la difficulté de la tâche notamment “le travail de pédagogie” qu’il va falloir entreprendre dans les meilleurs délais. Car pour faire émerger cette culture environnementale qui fait cruellement défaut dans notre pays, 
Mme Boudjemaâ estime qu’il est plus que temps d’impulser “le changement” par la participation notamment des institutions, de l’école, des entreprises, de l’université, du grand public. Un travail de longue haleine qui, de l’aveu de la secrétaire d’État, va demander beaucoup de temps…

Les ordures, un gisement d’emplois  insoupçonné 
“La récupération est tributaire de la qualité du tri sélectif que nous voulons instaurer en Algérie. Nous allons donc agir à la source, c'est-à-dire en amont pour sensibiliser les ménages”, promet-elle. Mais pourquoi avoir attendu tout ce temps pour apprécier “la valeur marchande” des ordures ? “Sans débouchés, le recyclage ne servait à rien”,  a-t-elle argué, insistant sur l’intérêt porté ces derniers temps par les promoteurs pour cette activité. Elle révélera ainsi que nombre de femmes s’investissent dans l’économie verte. “Il y a un élan  pour ce métier nouveau et ce n’est qu’un début !”, estime-t-elle, optimiste. La secrétaire d’État a annoncé la révision avec le ministère du Travail et des Affaires sociales de la nomenclature des activités bénéficiant des dispositifs d’aide à l’emploi de manière à favoriser le recyclage qu’il va falloir structurer par un maillage s’étendant à l’ensemble du pays. “Pour cela, nous sommes disposés à étudier toutes les filières, incinération, co-incinération, tri, recyclage, valorisation, compostage, etc.”. Interrogée à propos de l’exploitation du gaz de schiste envisagée en Algérie, Mme Boudjemaâ a révélé qu’en l’état actuel le risque environnemental a surtout trait à la technique utilisée notamment la fracturation hydraulique qui aujourd’hui pose problème : “On a donné notre avis sur la question. Il ne faut pas croire qu’on va se lancer tout de suite.” Elle rappellera, à ce sujet, les propos du Premier ministre Sellal qui, lui, a évoqué l’horizon 2040. Envahie par la question de la gestion des déchets qui aura accaparé une bonne partie du temps imparti au forum, 
Mme Boudjemaâ ne fera qu’effleurer, à la fin, le problème des espaces verts, de la protection du patrimoine naturel ainsi que de la qualité de l’air, d’autres sujets non moins préoccupants. Il faut dire que le débrayage des travailleurs communaux chargés de la collecte des déchets ménagers a vraiment marqué les esprits dans la capitale où nombre d’Algérois se sont emportés contre les services de nettoiement des communes de la capitale. Comme disait Prévert :  “Quand les éboueurs font grève, les orduriers sont indignés !”.


M C L



Bio-express
n Nommée en septembre 2012, secrétaire d’État chargée de l’Environnement, Mme Dalila Boudjemaâ a derrière elle une longue carrière dans le secteur. Elle a exercé notamment les fonctions de directrice générale de l’environnement, directrice de la politique environnementale industrielle, au ministère de l’Aménagement du territoire, directrice de la politique industrielle et conseillère du ministre de la Santé notamment. Mme Boudjemâa a été également membre du Conseil supérieur de la magistrature au titre du tiers présidentiel.

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