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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

"DÉVELOPPEMENT DURABLE DE L'ALGÉRIE : Une feuille de route possible" Par Chems Eddine Chittour (L'Expression)

Par 
D'énormes dépenses d'investissements publics ont été engagéesD'énormes dépenses d'investissements publics ont été engagées

«La grandeur d'une nation se mesure à l'épaisseur des épluchures de pomme de terre.» Bismark

Un coup d'éclair dans un paysage morose qui faisait dans la résignation. En moins de vingt-quatre heures nous avons eu-après une attente de quatre mois- coup sur coup, un Premier ministre et un staff. Est-ce une bonne nouvelle? Incontestablement, oui! D'une part, le pays ne devait pas rester en roue libre avec des ministères s'étant installés dans une atmosphère de fin de règne fonctionnant sur une cinétique acquise qui prouve a contrario que l'absence de gouvernement qui «gouverne» n'a pas changé grand-chose au quotidien des Algériens, vivant au jour le jour, sans ambition si ce n'est celle de voir les jours passer sans problème en essayant de préserver les «acquis» durement acquis.
D'autre part, il est incontestable aussi que la nomination de Abdelmalek Sellal a fait consensus auprès de beaucoup de monde qui retient de cet homme l'image d'un technocrate de haut vol indexé sur la réalité du terrain, qui a permis à l'Algérie, en moins de dix ans, de doubler sa capacité de retenue d'eau avec actuellement près de 8 milliards de m3 avec près de 80 barrages dont une vingtaine de nouveaux barrages. Cela s'est fait dans la discrétion, sans m'as-tu-vu, sans publicité tapageuse mais le citoyen lambda le perçoit au quotidien. «Oua dja'alna min el ma koulou chai'an hayyan» «Et nous avons créé à partir de l'eau toute chose vivante» peut-on lire sur la pelouse du ministère des Ressources en eau. Parmi les autres prouesses à mettre au crédit de Abdelmalek Sellal, la liaison hydrique sur 1500 km de In Salah à Tamanrasset qui est à non point douter le projet du siècle. Outre la disponibilité d'eau, cette réalisation permet, si les pouvoirs publics mettent en place une stratégie multisectorielle, l'essaimage de petites villes sur tout le parcours donnant du sens au vrai aménagement du territoire
Pour toutes ces raisons, la nomination d'un technocrate de talent est une chance pour le pays si plusieurs conditions sont réunies. Tout d'abord il est hors de doute qu'une hirondelle ne fait pas le printemps. Le nouveau Premier ministre, malgré ses atouts et son savoir indéniable, ne peut rien faire de spectaculaire si ce n'est «calmer le jeu» et amener le quinquennat à terme avec cette échéance de 2014 que l'on présente comme un horizon indépassable. C'est, le pensons-nous, une erreur que de cristalliser le destin du pays à cette échéance alors que dans les pays développés on se projette à 20, 30 ou 40 ans.
De ce fait, si on veut de l'espoir à cette jeunesse en attente, à ces Algériens qui ne demandent qu'à croire, il nous faut tous ensemble profiter de cette relative accalmie à la fois sécuritaire et financière donnée par ce matelas de devises de 190 milliards de dollars pour lancer de grands projets qui rendront irréversible la marche de l'Algérie vers le progrès.

Etat des lieux sommaire
Pour mettre en place cette feuille de route, nous ne pouvons pas faire l'économie d'un bilan des politiques passées pour en tirer des leçons quant aux choses qui n'ont pas marché. A cet effet, le rapport de la Banque mondiale est édifiant. Si nous continuons à gaspiller sans créer de la richesse, nous allons droit dans le mur. Nous lisons l'analyse rapportée par le professeur Abdelmadjid Bouzidi: «L'économie algérienne attend toujours la définition de la voie qu'elle doit suivre pour être en mesure de prendre en charge les énormes besoins des Algériens, et singulièrement l'emploi pour les plus jeunes d'entre eux et dont l'avenir se prépare maintenant. (...) Aucune explication à cette tare ne peut convaincre, le pays dispose de ressources financières, de ressources humaines qualifiées, d'expérience dans le développement économique... Quelle évaluation fait la Banque mondiale de l'économie algérienne? L'institution financière mondiale commence par identifier ce qu'elle considère comme les principaux handicaps de l'économie algérienne. Elle en dénombre cinq: 1/ Les secteurs hors hydrocarbures manquent de dynamisme et certains d'entre eux sont en déperdition. 2/ La productivité globale des facteurs est faible (y compris en comparaison à celle des pays voisins). 3/ La performance de l'économie algérienne dépend fortement de celle du secteur des hydrocarbures, secteur instable et volatil. 4/ La poursuite incessante de financement budgétaire d'entreprises publiques structurellement déficitaires réduit considérablement les ressources disponibles pour les entreprises privées et pour les autres secteurs (effet d'éviction). 5/ L'économie algérienne souffre d'un mauvais climat des affaires.
Dans ce sens, il y a lieu de signaler le plus gros problème auquel doit faire face l'Algérie et qui est celui de la «soutenabilité budgétaire à long terme»: d'énormes dépenses d'investissements publics ont été engagées. Ces investissements vont générer des coûts de maintenance, d'entretien et de fonctionnement récurrents; la masse des salaires de la Fonction publique est appelée à augmenter sous l'effet des recrutements et de la création de nombreux nouveaux postes de travail. Comment gérer la nature épuisable des hydrocarbures et conséquemment la non-pérennité des ressources financières de l'Etat face à la forte pression qu'exercera sur la dépense publique, une demande sociale explosive. Pour la Banque mondiale, la politique de «stop and go», suivie jusqu'à présent par l'Algérie et qui consiste pour l'Etat à investir en période faste et à contrôler rigoureusement la dépense en période défavorable, n'est pas la bonne démarche. Pour la Banque mondiale, la «règle d'or» est d'assurer la stabilité budgétaire. La politique économique à suivre doit impérativement respecter la contrainte budgétaire et «une saine gestion budgétaire consiste à épargner une partie des flux épuisables des revenus afin de préserver la consommation des générations futures après l'épuisement des recettes d'hydrocarbures».(1)
Si on ajoute à cela le dernier classement de l'Algérie par le Forum économique mondial il y a lieu d'être inquiet, nous passons de la 87e place en 2010 à la 110e place sur 144 nations. Nous sommes, en Afrique, derrière le Congo, le Bostwana. Au sein des pays arabes, nous sommes 11e sur 23 en signalant que ceux qui sont derrière nous ont été déstabilisés par le printemps arabe. A titre d'exemple, c'est la Suisse qui remporte pour la quatrième année d'affilée, le titre de pays le plus compétitif au monde. «La Suisse mérite la première place grâce à l'innovation, aux performances de son système scolaire, aux dépenses élevées en recherche et développement et la solide coopération entre le monde universitaire et le secteur privé», a souligné le WEF. Singapour conserve sa deuxième place. En un an, la Corée du Sud s'est rendue plus flexible et son système éducatif a progressé. La Corée du Sud,(20e) a détrôné la France. Elle gagne cinq places, une performance exceptionnelle pour un pays de cette taille (environ 1000 milliards de dollars de PIB). En jouant sur ses atouts: productivité, flexibilité et éducation. En l'espace d'un an, la Corée s'est dévouée entièrement au développement de son économie et de ses exportations. Les chiffres sont spectaculaires. Le pays du Matin calme a fait un bond de 52 places en matière de flexibilité des salaires. Elle progresse aussi de 93 places sur le critère: nombre de jours nécessaires pour monter ´´un business´´. Bref, la Corée a réussi en un an, à se rendre encore plus compétitive. Elle a même consolidé sa position en prenant des mesures protectionnistes. (2)
En Algérie, nous sommes les champions pour le nombre de fonctionnaires, le nombre d'enseignants, pour les mesures sociales. Au lieu de tenir un langage clair à nos concitoyens, les gouvernements de ces dernières années n'ont cessé de nous dire, tout va bien ou tout va mal en fonction des errements du prix du baril de pétrole. On nous a fait croire que la crise ne nous touchait pas, que nous sommes les meilleurs, les plus malins. Cruelle erreur que de faire croire que l'on peut s'en sortir sans effort, sans sueur, sans sacrifice.

Les conditions d'une renaissance: une feuille de route «durable»
Il est indéniable que des problèmes du quotidien - notamment celle de cette rentrée sociale multidimensionnelle -sont des pertes de charge qui risquent de freiner la cinétique de l'activité gouvernementale. Le gouvernement doit s'y atteler. Cela n'exclut pas qu'une réflexion de fond soit menée parallèlement sur l'avenir du pays. Il faut savoir que cette fenêtre de vingt mois qui nous sépare des élections est une chance si on peut mettre en place une feuille de route. Les conditions à mettre en oeuvre sont multiples.
Tout d'abord, il est nécessaire que le gouvernement ait les coudées franches pour mener à bien son travail. En clair, les partis politiques devraient être des soutiens critiques sans pour autant miner insidieusement l'action. Un gouvernement de technocrates est nécessaire pour mettre en ordre le pays. A chaque scrutin, des voix s'élèvent pour demander la nomination d'un gouvernement de technocrates pour garantir une certaine neutralité de l'administration lors des élections. Aucun parti politique ne semble intéressé par un gouvernement technocrate qui s'intéresse au devenir des Algériens plutôt qu'aux élus dont on peut douter de la valeur ajoutée avec l'exemple le plus criard dont celui de l'Alliance présidentielle qui a volé en éclats, ne provoquant aucune réaction
Il y a nécessité d'un état des lieux dans les différents secteurs. Que peut-on faire pour les vingt prochaines années?Il faut travailler sur des perspectives d'au moins une génération (d'ici 2030). Il nous faut inscrire cette feuille de route dans la durée. 2014 est une étape, ce ne doit pas être un horizon indépassable. Les projets du président doivent être sous-tendus et complétés par des projets pérennes créateurs de richesse; ce ne sont pas les logements ou les saupoudrages de type Ansej ou les augmentations de salaire qui ne correspondent pas à une contrepartie qui créeront de la richesse. D'autre part, il faut savoir que les réserves de pétrole sont sur le déclin, nous produisons plus de pétrole que nous n'en découvrons. Enfin, nous donnons un mauvais signal aux citoyens en leur faisant miroiter une nouvelle manne: les gaz de schistes. Ce serait là aussi une erreur!
Comment faire? «Il faut développer, déclare le Premier ministre, nos capacités de production dans tous les domaines économiques et améliorer les services publics et sociaux pour gagner la confiance des citoyens. C'est là l'objectif suprême pour lequel nous travaillerons tous.» Tous les secteurs sont concernés à des degrés divers dans une stratégie d'ensemble visant à sortir de l'addiction aux hydrocarbures. Pour cela, des états généraux de l'énergie, de l'eau de l'environnement, de la sécurité alimentaire qui pérenniseront l'Algérie dans les prochaines décennies doivent sans tarder être mis en oeuvre.
Il faut vendre utile- en demandant à chaque achat un transfert réel de technologie dans l'aval- produire utile, former utile, consommer sobrement pour diminuer la dépendance à l'extérieur. Le développement durable bien compris pourrait être une des solutions en ayant à l'esprit que la meilleure énergie c'est celle que l'on ne consomme pas. Une calorie laissée dans le sous-sol est une calorie disponible pour les générations futures. Il n'y a pas de petites économies, tout est bon à prendre. Sans être exhaustifs - cela nécessite justement une étude fine- les missions des départements ministériels, outre la gestion du quotidien, devraient prendre en charge cette utopie qui prépare le futur. S'agissant de l'énergie qui est aussi un problème transversal la stratégie énergétique devrait être revue fondamentalement en appuyant à marche forcée sur les énergies renouvelables et surtout en mettant aussi en place une politique d'économie d'énergie bien comprise et expliquée aux Algériens (écoliers, citoyens).
Rien ne peut se faire sans une vérité des prix La «tarification progressive de l'énergie» avec comme objectif de lutter contre la précarité énergétique est une conséquence de la stratégie énergétique qui nous permettra, au-delà des économies financières, à encourager les économies d'énergie au nom de la lutte contre le réchauffement climatique.» «L'objectif, c'est les économies d'énergie, c'est de responsabiliser les gens par rapport à leur consommation, et c'est aussi que la facture soit moins élevée quand on se chauffe raisonnablement.» «Passé un certain forfait de nécessité pour s'éclairer, pour se chauffer, plus on consomme, plus on paye.»
La politique de formation des hommes est déterminante. De ce fait, la formation d'ingénieurs et de techniciens devrait être réhabilitée sans tarder, des projets de recherche par milliers doivent prendre en charge les besoins du pays et diminuer les achats de choses que l'on sait, que l'on savait faire avant.
Concernant l'aménagement du territoire, des transports, de l'environnement, il est nécessaire de mettre en place une véritable politique de la ville, avec désengorgement des grandes villes la Conquête du Sud par la création de villes nouvelles qui sont de véritables projets structurants créant de la richesse et permettant l'emploi.
Il en est aussi du ministère de l'Education s'agissant d'un système à temps de réponse long, il est cependant nécessaire de revoir la vision de l'école. Une étude a été faite en 2000, elle pourrait servir de base. Par ailleurs, une action qui nécessite une coopération triangulaire est la nécessité d'introduire l'informatique à l'école. Des expériences ont été faites en Inde, Chine, au Brésil, en Turquie ce sont des millions de laptops (ordinateurs) construits entre 50 et 100 dollars. L'Algérie pourrait- en demandant l'aide de ces pays et de l'Unesco,- s'en inspirer en mettant en place des ateliers de fabrication et de montage de ces micros au sein de la formation professionnelle. L'enseignement supérieur pourrait prendre en charge la formation des maîtres. Dans le même ordre, avec l'expertise du ministère des Télécoms, la mise en place d'une université virtuelle pour prendre en charge la demande d'enseignement, qui pourra de moins en moins être prise par l'université classique, s'avère indispensable.
Il en est aussi des manuels scolaires. Cette année 1962 millions de livres ont été imprimés, leur durée de vie est d'une année soit l'équivalent de 30 000 tonnes de papier ou encore 4 milliards de dinars de papiers gaspillés puisque chaque année, il faut tout refaire. Si on donnait une durée de vie de trois ans à un manuscrit, on devine le gain possible, mieux encore, on peut récupérer le papier et le recycler.
D'autre part, ne peut-on pas imaginer une nouvelle vision du tourisme? Un tourisme durable, un tourisme archéologique qui seraient une manne importante pour l'Algérie. Il faut créer de la richesse en formant ces guides. Le ministère de la Culture a une responsabilité particulière dans la formation au même titre que les ministères de l'Education, de l'Enseignement supérieur, de la formation professionnelle. De même, avec une véritable politique du livre qui doit être encouragé, rien de significatif n'a été fait. De même, le chantier des bibliothèques numériques attend d'être ouvert.
C'est dire si la tâche qui attend le Premier ministre est exaltante. On ne peut que lui souhaiter de réussir pour le plus grand bien de cette Algérie qui nous tient tant à coeur.
1. Abdelmadjid Bouzidi http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/09/05/decodage.php
2. http://lexpansion.lexpress.fr/economi/competitivite-comment-la-coree-a-ejecte-la-france-du-top-20_331603.html

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