Ecologie en Algérie: L'association oranaise "Main dans la main" célèbre la journée mondiale de l'environnement. Par Karim Tedjani (Première partie)
Le vendredi 3 juin 2011, l’association oranaise « Main dans la main », présidée par Mme Baba Ahmed, a célébré la journée mondiale de l’environnement. Un peu en avance d'ailleurs. (date officielle : 5 juin)
Ce fût dans la joie et la bonne humeur! Ainsi qu’avec la volonté de sensibiliser ses invités sur le rôle capital que joue le monde rural dans la préservation de l’environnement de notre pays. J’ai eu l’immense plaisir d’être invité par cette femme exceptionnelle à participer aux festivités.
« La biodiversité dans vos assiettes » est un slogan qu’elle n’a eu de cesse de nous rappeler tout le long de cet événement.
Au programme de cette journée inoubliable, fut organisée en début de matinée une visite à la ferme pédagogique des Asphodèles puis un repas festif au centre de convalescence des enfants cancéreux « Souyah Lahouari » de la commune de Boutlelis.
Autant dire tout de suite que, grâce à l’enthousiasme inconditionnel de sa présidente, ainsi que le soutien précieux de Mme Hayet Haroun, chargée de la communication du bureau du Ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement à Oran, ce fut un prompt succès, une lueure d'espoir dans une ville comme Oran si ménacée par de nombreux périls écologiques.
Voici le compte rendu de cette journée qui restera, j’en suis sûr, un des grands moments de mon périple en Algérie….
1-« Reculer pour mieux sauter …» Entretien avec Mme Haroun (chargée de la communication au bureau Ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement à Oran).
Pour commencer cette journée, un rendez vous fut donné dans les locaux du bureau Ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement de Oran afin de se rendre dans cette ancienne ferme coloniale tenue aujourd’hui par Mr Drief , un agriculteur responsable et d’une grande sagesse .
Deux cars furent affrétés afin de transporter une délégation d’étudiants en biochimie environnementale ainsi que la compagnie de musiciens professionnels « Gnawa Behia »qui apportèrent gracieusement leur contribution à cette journée. Mme Haroun, qui est d’ailleurs le professeur de ces étudiants, fut bien entendue de la partie ainsi que certains membres de l’association « Main dans la main » et de leur famille.
Le temps que tout le monde se réunisse pour le départ, m’offrit l’occasion de m’entretenir avec cette dernière qui m'a aimablement reçue dans son bureau et m'a parlé du ministère dont elle est chargée d’assurer la communication à Oran.
Ainsi, elle m’informa qu’avant la création de ce dernier, bien que l’Algérie ai été un des premier pays africain à ratifier en 1972 la convention internationale du sommet de la Terre à Stockholm, il n’existait pas au sein de son gouvernement de département propre à l’environnement avant le début de ce millénaire. Auparavant, il fut crée un comité pour l’environnement puis une « direction nationale » propre à ce domaine. La gestion des questions environnementales était rattachée pendant longtemps à d’autres ministères comme celui de la gestion des ressources hydriques ou bien encore, par la suite, à celui de l’intérieur.
Pourtant, au niveau législatif, ce pays, fut parmi les plus prolifiques en ce qui concerne la protection de son patrimoine naturel. C’est d’ailleurs encore le cas…
Il faudra cependant attendre l’année 2000 pour que soit mis en place un ministère dédié exclusivement à l’aménagement du territoire ainsi qu’à l’environnement dont le premier responsable fut Mr Boughazi. En 2001, Mr Rahmani (docteur d’état en écologie), actuel ministre, entrera en fonction pour ne plus quitter ce poste jusqu’à ce jour.
Depuis, après un recensement exhaustif des problématiques environnementales de notre vaste territoire, « une batterie de lois » (pour reprendre l’expression de Mme Haroun) a été votée afin d’agir dans des secteurs tels que la protection des espaces verts, la préservation des zones humides, la gestion des déchets, la protection du littoral et bien d’autres.
Je me suis permis de l’interroger sur les moyens dont ce ministère disposait pour évaluer l’efficience de ces dernières car je n’ai pas toujours eu l’impression de la constater sur le terrain, de même que je sais le nombre de doléances que le monde associatif exprime à propos de la difficulté d’appliquer ces textes.
Sa réponse a été sans équivoques : au regard du grand nombre de sujets à traiter, de l’immensité de notre pays ainsi que de la jeunesse de ce ministère (à peine dix ans), certaines priorités ont été identifiées, la principale étant la gestion des déchets. Dans ce sens, elle me précise que la première loi qui a été promulguée par cet organisme étatique fut la loi 01.19 relative à ce problème qui est, il est vrai, urgent de traiter.
De cette loi a émergé un programme de gestion des déchets municipaux dont un des premiers axes à été la formation, notamment au sein des universités dans lesquelles des modules d’enseignement ont été mis en place dans ce domaine.
De plus, après étude, il a été constaté que beaucoup de décharges « non contrôlées » se trouvaient un peu partout sur notre territoire. De ce fait, Mme Haroun m’indique qu’un programme national de création de centres d’enfouissements techniques à été mis instauré dans le but de limiter la prolifération de ces décharges sauvages qui nuisent énormément à la biodiversité de notre nature mais aussi à la santé de nos concitoyens. Elle m’affirme que, dans la plupart des wilayas, ces centres sont déjà en cours d’exploitation. Par exemple, à Oran, une plateforme est déjà opérationnelle et deux autres le seront dans un futur proche. Toujours à propos des déchets, mon hôte m’informe que le ministère a décidé d’entamer une phase de développement du tri sélectif, là aussi à l’échelle nationale. Il a été impulsé par Mr Rahmani en personne qui a lancé le défi à chaque wilaya de proposer des solutions viables et de les appliquer dans un quartier pilote. Les meilleurs projets seront étendus à tout le territoire.
Oran, pour sa part, développera ce concept dans un quartier moderne ainsi que dans un autre plus rural et Mme Haroune souhaite bien entendu voir sa ville retenue parmi les lauréats. Il faut préciser que cette fois-ci, le monde associatif sera consulté avec plus d’attention et que certaines associations auront la charge de mener à bien ces projets. C’est à mon humble avis une très bonne chose, j’ai pour ma part toujours été convaincu que le gouvernement doit s’appuyer sur les compétences de certaines associations algériennes. Reste à savoir quels seront les critères définis pour choisir ces dernières…
Enfin lors de cet entretien , j’ai pu apprendre qu’en 2003 la loi 03.10 sur l’environnement est venue compléter la précédente en y apportant la notion de développement durable reconnaissant ainsi la relation indéniable entre le développement socio-économique et la protection environnementale .Dans cet esprit et en collaboration avec le ministère de l’éducation, la notion d’environnement à été apportée à tous les programmes d’enseignements en Algérie , qu’ils soient techniques ou bien théoriques.
Bref, si beaucoup de travail reste à accomplir pour ce jeune ministère apparemment plein d’ambitions et de bonne volonté , j’ai trouvé personnellement très pertinente l'initiative de former des gens compétents avant d’agir en profondeur pour le bien de notre environnement .
Cela nous évitera, entre autres, de laisser exclusivement entre des mains étrangères l’avenir écologique de notre pays.
Cela m’a permis aussi de mieux comprendre pourquoi certains « chantiers » écologiques tardent dans ce pays à afficher des résultats vraiment probants .Il semblerait, comme dit un vieux dicton, que Mr Rahmani ainsi que toute son équipe aient décidé de « reculer pour mieux sauter » en favorisant dans un premier temps la mise en place d’une véritable culture environnementale en Algérie qui sera la base de toutes les actions à venir.
Ce pays a un grand rôle à jouer dans l’écologie mondiale pour de nombreuses raisons et a besoin de cadres (humains et juridiques) à la hauteur des enjeux environnementaux qui se jouent sur son territoire. Surtout quand on sait , qu’au niveau local, beaucoup de responsables de « la vieille école » ont du mal à appréhender les urgences écologiques qui s’installent dans leur région, ce qui limite fortement la marge de manœuvre de tout ceux qui veulent y remédier.
Bien entendu, il ne faudrait pas croire que ce ministère fait totalement l’impasse sur tous les autres problèmes, mais il y a tellement à faire et si peu de conscience écologique parmi la majorité des habitants de l’Algérie que cela prendra beaucoup de temps avant de voir les choses évoluer positivement d’une manière globale. Cependant, il existe trop de sites naturels en Algérie qui sont mis à mal et ce dans la plus grande indifférence des autorité locales à l'instar de La zone humide d’Oum El-Ghellaz, située à 25 kilomètres de la ville d’Oran qui a vu disparaître, à cause de la pollution, 200 000 oiseaux (dixit un article de "Liberté").
De nombreuses associations écologiques se plaignent de ne pas être assez écoutées par les autorités, et, je ne peux m'empêcher de me poser la question de savoir si l'information circule vraiment entre ce ministère et les ces dernières et si cela n'est pas le cas, à quel niveau les choses bloquent (?).
Espérons, pour conclure, que le temps ne jouera pas contre l’Algérie et souhaitons tout de même bonne chance ainsi qu’une longue vie à ce ministère !
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