4 Août 2010
A l’heure où une étude scientifique américaine a attribué à l’Algérie le statut de « pays le plus propre écologiquement » d’Afrique et du monde arabe, où les autorités du pays ne cessent d’afficher un intérêt pour la préservation de son incomparable patrimoine naturel, force est de constater sur le « terrain » que cela n’est non seulement pas évident à prendre au sérieux, mais que la situation en ce domaine semble au contraire se dégrader progressivement.
Il est évident que la nouvelle émergence du monde associatif en Algérie est très récente.Ce tissu manque légitimement encore d'expérience mais ne manque certainement pas d'ambitions.De même que nos scientifiques désirant protéger l’environnement, la faune et la flore du pays ne disposent pas toujours des moyens à la hauteur des enjeux écologiques de ce pays. Mais, ce qui m’a le plus frappé, c’est que tous ces gens sont isolés les uns des autres.Cela rend leurs actions moins efficaces et effectives , quelque soit l’ampleur de leurs nobles motivations.
Force est de constater que les autorités n’ont pas encore adopté le réflexe de consulter ou même de profiter de la grande expérience de toutes ces remarquables personnes .Bien au contraire, elles s'entêtent à ne pas les considérer comme une richesse humaine , une source d’idée et de savoirs faires intarissables.
Ce qui m’a aussi beaucoup marqué , c’est de voir le désintérêt envers l’écologie et l’absence totale d’ « éco gestes » de la part de la majeure partie des algériens et algériennes qui, à leur décharge, ont d’autres priorités vitales à assumer au quotidien.Ils ne sont pas toujours conscients ou bien informés à propos des impacts sur l’environnement et leur propre santé de nombre de leurs gestes de tous les jours.
Le « boom » urbain, conséquence d’un large exode rural, que les « événements » des « années noires » ont largement accentué, aggrave chaque jour le problème de la pollution.
Partout en Algérie, quotidiennement , des centaines de milliers de déchets sont brûlés à l’air libre et ce souvent en pleines zones habitées. Des centaines de décharges sauvages voient le jour dans l'indifférence la plus totale.Presque tout le monde en Algérie jette sur la voie publique les emballages des produits manufacturés qu'ils ont consommés.
Il n’existe pour l'instant en Algérie, à ma connaissance, qu’une seule usine de recyclage digne de ce nom (à Sétif) pour un territoire qui est cinq fois plus grand que celui de la France !!!
Les paysans ont largement abandonnés la culture de leurs semences locales, leur préférant des graines étrangères et parfois même OGM .Ils se rendent ainsi dépendants des compagnies étrangères mais aussi complices d’un progressif empoisonnement de nos terres cultivables par des pesticides ainsi que des engrais qui ne sont pas toujours aux normes internationales…
Officiellement, le gouvernement, à grand coup de financements nationaux, s’affirme comme le grand protecteur du monde agricole et donc rural . Au niveau local, sûrement par manque de contrôle, cela devient pure illusion, il me semble, pour ne pas dire préstigitation!
Les fonds alloués sont largement distribués à des « faux agriculteurs » qui cultivent surtout leurs réseaux de corruptions qu’autre chose. Ils s’empressent de revendre à prix d’or les matériels qu’ont leur offrent !!!! Tandis que les vrais agriculteurs, comme à Guerbes, n’ont même pas la possibilité d’habiter décemment sur leur terres (isolement, pas de gaz ni d’électricité, encore moins d’eau courante)…
Or, il n’est pas possible de parler d’écologie et d’environnement en Algérie sans prendre en compte que le monde rural, est un des acteurs de notre avenir à prendre avec plus de considération .Notamment parce qu’il se doit , en théorie , de fournir aux algériens une alimentation saine et, de ce fait, être le gardien d’une Nature toujours saine.
Comment la croissante augmentation des maladies pulmonaires et digestives, l’apparition de l’obésité, d’allergies, la désertification progressive du pays et les conditions de vies parfois à la limite du misérabilisme des paysans algériens ne semblent pas alarmer plus que cela nos autorités et l’opinion publique ? C’est un mystère que je vous laisse éluder à votre gré…
Pourtant, je n’aurais de cesse de le répéter, il y a en Algérie de plus en plus de gens conscients et soucieux de ce qui se passe en matière de protection de l'environnement.Il serait temps que nos responsables politiques, autant que nos citoyens prennent le temps de les écouter, voire à la rigueur de les prendre ne serait-ce qu’un peu au sérieux.
Ce pays dispose de tellement de richesses naturelles et d’un savoir faire traditionnel qu’il serait judicieux de mettre en valeur .
Le « pétrole vert » de l’Algérie, c’est sa nature à la fois sauvage et accueillante, ses immenses ressources naturelles autant que sa culture rurale qui ne doit pas disparaître.
Malgré ce constat un peu sévère dans l'ensemble , qui est malheuresement loin d’être exhaustif, moi simple citoyen algérien, je garde espoir pour l'Avenir .
J'’invite tous ceux et toutes celles , qu’ils vivent en Algérie ou ailleurs, à se réunir enfin autour d’actions civiques et responsables. De même que j’implore nos hautes instances politiques de favoriser cette concentration des énergies et des bonnes volontés avec plus d'insistance et de bienveillance.
Ainsi, main dans la main nous pourrions faire réellement de l'Algérie le pays le « plus propre écologiquement » d’Afrique et du monde arabe.
Skikda le 4 Août 2010
Mise à jour St Denis le 27 décembre 2010.
Tedjani Karim
Administrateur du portail Nouara-algerie.com , représentant en France de l’association Bariq 21, membre de la délégation du programme scientifique "Méditérranée.
Tags: Algérie, écologie, environnement, associations, monde arabe, afrique