11 Janvier 2013
Le premier salon international de l'Oleiculture...
Une dépendance au secteur de l’Energie qui ne doit pas demeurer une fatalité
A l’heure où, en Algérie, pays dont l’économie dépend essentiellement de la mono rente que lui assure l’exploitation des hydrocarbures et du gaz, celle du gaz de schiste pourrait presque paraître inévitable malgré le fait qu’elle est mondialement reconnue comme encore très nocive pour l’environnement. Mais, à mon humble avis, ce fatalisme affiché aux plus hautes sphères de l’Etat algérien, qui a d’ailleurs suscité de sérieuses interrogations au sein même du Parlement, soulève une question qu’il ne serait vraiment pas incongru de se poser : l’Algérie n’aurait-elle pas tout intérêt à diversifier ses activités économiques afin de consolider son indépendance économique et donc sa souveraineté nationale ?
D’autant que la liste des atouts dont elle dispose pour aller dans ce sens est loin d’être courte…
L’Huile d’olive et l'olive algériennes des produits de qualité et d’avenir.
Le premier salon international de l’oléiculture organisée par la Chambre Nationale de l’Agriculture qui se déroule actuellement dans l’enceinte de ses locaux à Alger, sous le haut patronat du Ministre de l’Agriculture et du Développement rural répond en partie à cette nécessité de valoriser un produit qui pourrait, non seulement, contribuer à endiguer le flux des importations alimentaires qui pèse lourdement sur le budget national, favoriser à améliorer la santé publique, créer des emplois et même faire de l’Algérie une nation qui importe plus qu’elle ne produit, un pays exportateur qui a toute la légitimité d’occuper dans ce domaine une place non négligeable sur le marché mondial.
L’huile d’olive algérienne est un produit de qualité quand elle produite par de vrais passionnés et les professionnels algériens de ce secteur d’activité ne sont pas dénudés d’ambitions autant que de savoirs faires pour faire de ce dernier un atout de taille pour l’Algérie. Les nombreux stands présents dans ce salon sont une preuve irréfutable qu’il n’y a pas de doute à avoir à ce propos. Conditionnements élégants, chartes graphiques impeccables, grande variété des huiles proposées et dégustations de produits d’une grande qualité gustative, c’est avec le sourire et une sincère hospitalité que les exposants affichent au public tous ces atouts dont dispose le secteur oléicole algérien.
En m’attardant sur les stands de la société « SNC Khodja et Cie » producteur de la marque « Blady » de Bejaïa , de la Coopérative d’huile d’Olive de Kabylie « Chok », ou bien encore sur celui du domaine Akdid Lofti à Oran, j’ai pu apprendre que l’huile d’olive algérienne, quand elle est produite par de vrais professionnels, est un produit d’une extrême qualité qui ne cesse d’impressionner les laboratoires d’analyses de pays comme la Grèce pourtant très renommée dans le domaine. Quant au potentiel d’exportation de l’huile d’olive algérienne, il suffit de savoir qu’en France, par exemple, rien que le fait que des millions d’Algériens d’origine qui y résident n’ont de cesse de réclamer la présence de cette huile dans ce pays, suffirait à propulser cette dernière sur le marché européen. D’ailleurs, sans parler du marché extérieur, la demande en Algérie, pays où l’Huile d’olive est appréciée par toute la population tant pour ses qualités gustatives que thérapeutiques avérées, suffirait amplement à écouler toute la production nationale.
Dans ce sens, un modèle qui a fait ses preuves dans de nombreux pays producteurset exportateurs , une fédération nationale interprofessionnelle a été crée récemment afin de coordonner l’activité de tous les acteurs du secteur et permettre une plus grande spécialisation dans chaque étape, de la plantation, la récolte, le stockage en passant par la distillation, le conditionnement jusqu’à la distribution.Il faut préciser que certaines normes de qualité très restrictives, liées essentiellement au taux d'acidité contenue dans l'huile d'olive, ne font pas encore école en Algérie.Or, sans répondre à ces dernières, toute ambition d'exportation est à proscrire. Gageons qu'une telle fédération soit un outil supplémentaire pour remédier à cette problématique.
La présence de M. Ben Aïssa, Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural en Algérie et son annonce que près d’un million d’hectares d’oliviers seront plantés en Algérie afin de dynamiser le secteur est également un bon indice quant à l’attention apporté par l’Algérie sur les indéniables potentiels de l’huile d’olive et de l'olive algériennes.
Pourtant, sur les étales de nos épiceries, toutes ces marques sont absentes et peu d’algériens les connaissent…
Le secteur oléicole algérien souffre pourtant de nombreuses défaillances qui ne pourront être atténuées sans une volonté politique plus accentuée et une campagne nationale pour regagner la confiance des consommateurs.
M. Ali Amara, président du Parti Algérien Vert pour le développement, lui-même cultivateur d’oliviers et qui a été mon hôte ainsi que mon guide dans ce salon, a tenu a me faire part de ses avis sur le sujet :
« L’huile d’olive est un trésor national d’utilité publique. Toutes ces huiles que nous importons pourtant massivement sont surtout généreuses en additifs chimiques et donc irréfutablement nocives pour la santé publique de même que leur introduction sur le marché national pénalise le développement d’une politique économique vertueuse en Algérie en favorisant la tendance à l’importation plutôt que celle à la production locale et, pourquoi pas, à l’exportation.
De plus, c’est une véritable institution dans notre tradition. Tous les Algériens aiment ce produit qu’ils ont générations après générations utilisée non seulement pour la cuisine mais aussi pour soigner de nombreuses maladies au quotidien.
Cependant, à cause d’intermédiaires sans scrupules qui n’hésitent pas à écouler sur le marché national des huiles de très mauvaises qualité mélangées à des molécules de synthèses leur donnant l’aspect de l’huile d’olive, les consommateurs algériens, qui sont de vrais connaisseurs, hésitent de plus en plus à acheter ce produit. A cause de cette méfiance, qui, soulignons le, est amplement justifiée, une grande partie de la production locale est condamnée à se frelater car elle ne trouve de moins en moins d’acquéreurs. Le pire, c’est que cette huile d’olive « périmée » est également vendue à la sauvette sur le marché informel. Et puis, il est à déplorer que notre huile d’olive est essentiellement vendue en vrac dans des contenants en plastiques qui ont été d’ailleurs préalablement utilisés pour des boissons sucrées ou bien encore des huiles d’une autre composition. Des molécules exogènes persistent donc dans ces bouteilles et « contaminent » l’huile d’olive ainsi vendues et diminuent également le temps de conservation de cette denrée. A vrai dire, le plastique est à bannir dans le conditionnement de cette huile !
Il ne suffira donc pas de favoriser la production d’oliviers et de ce fait l’offre, si la demande n’est pas en mesure de l’absorber. Il est( primordial donc de regagner la confiance des consommateurs algériens.Pour cela, un véritable label de qualité doit être crée dans notre pays et il va donc falloirinstaller en Algérie des laboratoires d’analyses compétents, développer des centres de formations capables de faire progresser les techniques locales de plantations, de stockage et de conditionnement afin de s’assurer également que notre huile d’olive réponde aux normes « iso » internationales, seule condition pour espérer un jour exporter cette denrée hors de nos frontières. On pourrait aussi déplorer le fait que, par manque de plants, un véritable marché parallèle s’est développé avec des oliviers dont la qualité n’est pas contrôlée. Quant on sait que de nouvelles régions comme celle d’El Oued, se lance dans la culture de cet arbre et qu’il faudra au moins cinq ans pour constater si cette qualité est au rendez -vous , on peut s’inquiéter à ce sujet…Il est primorial de veiller à l'intégrité de notre patrimoine endémique et de favoriser l'utlisation de plants algériens.Pour cela des études et des programmes efficients doivent être mis en place...
Si la profession a fait de grands efforts pour se réunir autour d’une fédération interprofessionnelle, elle doit également compter sur les politiques pour soutenir la consommation et la commercialisation de ce produit notamment en incitant l’Etat à être son premier client. En effet, tous les restaurants des collectivités, dans l’éducation, l’administration, l’armée et bien d’autres secteurs publics, devraient utiliser avant tout de l’huile d’olive algérienne certifiée. Ce serait un sérieux coup de pouce afin d’encourager la consommation d’huile d’olive de qualité en Algérie et une initiative fort pertinente afin de préserver la santé publique qui ne cesse de se dégrader notamment parce que dans notre pays on cuisine abondamment avec de l’huile. Les bouteilles en verre doivent être la norme et dans ce sens le gouvernement pourrait subventionner leur utilisation pour le conditionnement de l’huile d’olive ce qui réduirait le coup de commercialisation car c’est un des freins à une telle tendance sur le marché national… »
Il faut également rappeller que les oliveraies de nombreuses régions, comme la Kabylie ont subit les térribles conséquences des incendies de forêts estivaux qui sont malheureusement récurents et que beaucoup n'ont pas été entretenues correctement. Il y a donc vraiment urgence à revaloriser ces trésors de la Nature Algérienne avec un soin irréprochable.
Le pétrole vert algérien
Chez nous, nous n’avons pas besoin ni la surface agricole utile suffisante, comme au Brésil, pour produire une énergie avec des végétaux . Nous avons le Soleil pour cela… Le pétrole vert algérien c'est une biodiversité d’une grande richesse qui pourrait être un précieux carburant pour notre économie qui doit apprendre à produire plutôt qu’à consommer. Notre miel, nos truffes, nos figues, nos dattes, notre blé, nos pommes de terres, nos oranges, et tant d’autres produits pourraient être commercialisés de manière réglementée afin d’en conserver une qualité qui n’est plus à vanter et ce au sein comme hors de nos frontières. Pour cela, il va falloir faire preuve d’esprit d’innovation, ne plus se laisser aller à la facilité. Une autre énergie renouvelable est à la disposition de l’Algérie et, dirons nous, pas des moindre : soixante dix pour cent de jeunes qui n’attendent que d’être pris en main par leur aînés pour les soutenir dans leur soif d’emplois durables. L’innovation, l’esprit d’initiative, la formation, le savoir « travailler ensemble » ainsi que le partage de l’information sont les conditions les plus essentielles pour relever un tel défi. Le futur se construit en anticipant les évolutions de demain et non en pérennisant les mauvaises habitudes d’hier.
Le pétrole et le gaz sont condamnés un jour ou l’autre à s’épuiser, les bonnes idées elles peuvent se renouveler indéfiniment pour peu que l’on évolue dans une société où les adultes et les jeunes travaillent main dans la main, se protègent mutuellement...
Annexe:
L'huile d'olive est un des trésors du patrimoine algérien...
Une grande variété d'olives....
Le choix et la qualité des produits oleicoles en Algérie
L'or noir en Algérie, c'est aussi l'olive...
Toutes les photos de cet article ont été prises lors du salon de l'oleiculture à Alger par Karim Tedjani
A propos du salon de le l'oleiculutre:
ALGER - Le premier Salon international de l’oléiculture, visant à réunir les opérateurs de la filière, sera ouvert jeudi au palais des expositions (Pins maritimes, Alger), indique un communiqué du ministère de l’Agriculture et du développement rural.
Organisé par la chambre nationale d’agriculture, ce salon a pour objectif de mettre en relation d’affaires les différents acteurs de la filière pour échanger leurs expériences en matière de production, d’extraction, de conditionnement et de commercialisation des produits oléicoles à l’échelle locale, régionale ou internationale.
Ce salon sera également une occasion pour faire connaître les différentes mesures incitatives et d’encouragement mises en place par les pouvoirs publics pour soutenir la filière.
Plusieurs professionnels, industriels et opérateurs économiques, publics et privés, activant dans la filière oléicole prendront part à cette manifestation, selon le ministère, sans préciser le nombre et la qualité des participants.
Le salon sera marqué par l’organisation d’une série d’activités liées à la filière, notamment l’animation d’une table-ronde portant sur le développement de la filière oléicole et l’organisation d’un concours de dégustation de la meilleure huile d’olive.
La production nationale d’huile d’olive devrait atteindre 45.000 tonnes pour la compagne oléicole 2012-2013, selon les estimations de l’Institut technique d’arboriculture fruitière et Vigne (ITAFV), qui table également sur une hausse de la récolte d’olives de table.
La production de l’huile d’olive avait chuté de 41% lors de la campagne 2011-2012 par rapport à la précédente, avant de rebondir en 2012.
Pour autant, la production d’olives de table augmente chaque année de 5 à 6% en moyenne, selon les statistiques du ministère, qui indiquent également que sur une production oléicole totale de 3,9 millions de quintaux, la récolte d’olives de table représente 1,4 million de quintaux."
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