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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

«La modernité à rebours, ou le rêve nucléaire algérien » Par Karim Tedjani (2 /2)

 

Deuxième partie: "Quand tu y allais, j'y revenais" (proverbe marseillais)

 

               Préservons la beauté de notre ville

Derrière les slogans officiels très modernes,  militant pour une  Algérie  plus  "éco citoyenne",  il y a une toute autre réalité  pour l'Algérie qui se décide en hauts lieux: dilapider nos ressources en eau pour préserver la paix sociale...

 

Il n’est pas rare de lire  ou d’entendre dire  que l’Algérie se rêve un avenir nucléaire. Peut-être  est-ce le prolongement tristement  logique de sa longue histoire de laboratoire atomique qui aura jalonnée celle de son indépendance géopolitique et de sa souveraineté énergétique.  Il est possible de se poser la question et encore moins impossible de ne pas être un « tantinet » inquiet sur le bien fondé d’une telle ambition.

Pour  cette jeune et ambitieuse nation, 2020, puis 2025 sont envisagées comme des dates butoirs. Il faudra, d’ici là, mettre en place le nucléaire  pour  la consommation  civile et, selon certaines autres sources,  très probablement   à des fins  militaires également. Fort de ses 29 000  tonnes avérées de matière première radioactive, le pays peut ainsi espérer alimenter deux centrales nucléaires d’une capacité de 1000 Mégawatts  pendant près de soixante ans. Un uranium de surface, d’une extrême qualité parait-il ; décidément…

Mais comme disent les marseillais, « quand tu y allais, j’y revenais », notre pays  n’a-t-il pas ainsi un train de retard sur la prochaine modernité ? Quelles places l’efficacité énergétique, la sobriété, le choix d’un mix énergétique qui fait la part belle aux énergies renouvelables, semblent-elles   prendre dans les décisions politiques ?

« Chez nous », on parle d’exploiter du gaz de schiste pour répondre à la demande croissante d’énergie. On laisse  également la déforestation  accomplir, tranquillement,  sa sinistre besogne d’accélérer le réchauffement climatique et favoriser les pics de consommation à cause de la recrudescence des  climatiseurs et des grands frigos pour les spéculations agricoles.

De plus, l’exploitation du gaz de schiste et celle du plutonium sont difficilement conciliables avec une diversification de notre économie nationale. En effet, à l’ère où l’eau se fait une denrée virtuelle, tant elle se raréfie, où l’Algérie est un des pays les plus menacé par la sécheresse et le manque d’eau, on choisit pour ce pays deux procédés qui nécessitent de grandes quantités d’eau qu’elles polluent également au passage. Certes cela est moins le cas pour un réacteur atomique, mais il a besoin d’être constamment refroidi pour éviter qu’il surchauffe. Dans un climat caniculaire comme le nôtre, où l’eau peut manquer à tout moment pendant de longues périodes, que penser ?

Et puis, tout le monde sait que la fracturation hydraulique horizontale utilisée pour extraire le gaz de schiste  peut générer des tremblements de terre. L’Algérie est un pays   très enclin aux  secousses sismiques. Fushikama est une catastrophe nucléaire provoquée par  un tremblement de terre. Le Japon hyper technologique, réputé pour la grande rigueur de ses ingénieurs, n’a pas su, ni anticiper un tel drame, ni  y remédier.

Dans le contexte algérien, chaud et aride,  les normes de sécurité devront être de la plus haute performance, donc très coûteuses. Le prix du kilowatt heure nucléaire ne devrait pas être donné !

L’eau de la nappe albienne ? Oubliez; c’est une réserve qui doit rester inviolée. Demandez  votre grand-mère si l’on doit toucher à  ses réserves à la première  adversité?  L’Algérien est économe de nature, prévoyant de culture, il sait que la part que l’on doit laisser à la nature est utile, donc sacrée.

Le dessalement de l’eau ? C’est un mirage pour riches nations rentières. Le coût financier et énergétique, voire écologique d’une telle opération n’est supportable pour le consommateur que si elle est très fortement subventionnée par l’Etat.

Quand la rente se fera vache maigre, que l’eau se mettra à manquer, comment pourrons nous rester indépendants et continuer de gérer nos centrales nucléaires ? Et les déchets ? Dans un pays qui n’est pas encore à même de le faire avec ses produits hospitaliers, qu’adviendra-t-il ? On retrouvera des morceaux d’uranium dans les décharges publiques, comme, parfois, des bouts de corps humains venus des hôpitaux périphériques ?


L’Algérie, en devenant une « puissance » nucléaire, se profile également un statut de futur « Iran » de la zone méditerranéenne. Il suffit de regarder les reportages étrangers concernant notre pays, on n’y parle plus déjà que d’un vivier du terrorisme islamique et des mafias tribales en tous genres,  pour comprendre que cette "idée" pourrait être grandement néfaste à  l'image d'un pays qui n’a pas vraiment d’ennemis, puisqu’il a pour principe de ne pas se mêler des affaires des autres et,  qui n’a pas besoin d’être soupçonné de détenir l’arme nucléaire pour être respecté et craint.

Les plus grandes batailles gagnées par l’Algérie sont à incomber à la grande habilité de sa diplomatie, à l’aura révolutionnaire de ce pays, plus qu’à son armée. Avons-nous vraiment besoin d’armes nucléaires, quand  nos talentueux  hackers et nos hommes d’affaires sont à même de gagner bien des guerres modernes ?  La force de l’Algérie est une puissance intangible, tous ceux qui connaissent ce pays le savent, c’est une main invisible  et insaisissable aux réseaux internationaux bien implantés. Voilà la meilleure défense de ce pays dans une ère qui tend vers une nouvelle modernité, celle de l’information et de la sobriété.

Non que les Algériens soient  totalement incapables ni de raison, ni de science pour réaliser  cette entreprise nucléaire. Bien au contraire,  ce pays a beaucoup investi dans la recherche et même,  a "produit" un des plus éminents experts internationaux en la matière. Mais les risques sont trop grands et le système actuel trop prompt à mettre en avant les failles  plus que les vertus de la nature algérienne…

Ainsi, loin de se servir de tous ses atouts naturels pour anticiper la modernité de demain, notre pays, lui, bien que jeune, pense comme un vieux réactionnaire  et choisi de ressembler à un modèle démodé, inadapté aux nouvelles donnes de ce millénaire. C’est la modernité à rebours, le pas en arrière qui ne sert plus à aller deux pas en avant, mais bien à se jeter dans un abîme qu’on avait pourtant longtemps pris soin d’enjamber…

 

Lire la première partie: " Pour changer vraiment de monde,  il faut surtout changer d'énergie"

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