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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

Parti Algérien Vert pour le Développement : entretien avec M.Ali Amara (président)". Par Karim Tedjani (Nouara)

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Parti Algérien Vert pour le Développement 

 

K.T:M. Amara quel a été le cheminement qui vous a incité à militer pour l’Ecologie en Algérie ?

A.A:"Je suis avant tout un amoureux inconditionnel de la Nature. Je suis également  propriétaire de deux exploitations agricoles dans la région de Saïda dans lesquelles je pratique essentiellement l’arboriculture et l’élevage du cheval barbe. Puis, je me suis passionné pour l’apiculture moderne dont je suis d’ailleurs le vice président de la fédération en Algérie. De ce fait, je voyage énormément à travers le territoire. Tout au long de ma carrière , j’ai pu côtoyer  et récolter les témoignages de nombreux  chercheurs ainsi que des professionnels impliqués le secteur de l’apiculture et de l’agriculture. Cette aventure professionnelle et associative m’a fait prendre conscience des  trop nombreuses et  alarmantes dégradations de l’environnement ainsi que de la biodiversité dans notre si beau pays.

En effet, nul n’est censé aujourd’hui ignorer l’intime corrélation qui existe entre la santé des abeilles et celle de tout le reste de la biodiversité. A ce propos, nous avons été témoins de nombreux phénomènes très préoccupants pour l’avenir des générations algériennes présentes et à venir.

Tout d’abord, je  me suis  rendu compte que la plupart des intrants phytosanitaires et pesticides importés en Algérie avaient des impacts très nocifs  sur la population des abeilles en Algérie ; en me penchant avec plus d’attention sur cet état de fait, j’ai découvert que ces produits étrangers étaient en grande partie interdits dans les pays qui les introduisaient chez nous à cause de leurs dangereux effets sur la faune et la flore mais également sur la santé publique. En effet, ces traitements sont mondialement reconnus pour favoriser une foule de cancers et autres maladies en tous genres. Quand on sait à quel point ils sont utilisés à outrance par nos fellahs  et ce  sans la moindre formation ni aucunes  mesures de sécurité sanitaire, il est difficile de ne pas s’inquiéter, encore moins de s’indigner d’un tel constat !

Mais, malheureusement, cette découverte ne fut pas la seule à m’alerter…

Dans le cadre de ma vice présidence de la fédération apicole algérienne, je me suis intéressé à une espèce d’abeille endémique à notre pays ainsi qu’au Maroc, l’Apis Milléféra Saharis, plus communément connue sous l’appellation d’abeille saharienne. Cette dernière est parfaitement adaptée aux grandes amplitudes climatiques de ma région. Or, du fait de la grande superficie de notre territoire qui subit de nombreux types de climats et abrite de ce fait une  flore très variés, nous avions jusque là  opté pour la transhumance de nos ruches, ce qui nous permettait de faire jusqu’à quatre récoltes  annuelles. Il s’est avéré que ce « luxe » était en fait la source d’une  grave transgression à au patrimoine génétique national. Par ignorance, nous avions bouleversé le biotope de cette espèce en y introduisant l’abeille tellienne et malheureusement crées des hybrides ! Actuellement nous œuvrons pour faire marche arrière et « purifier » à nouveau la race saharienne en espérant qu’il ne soit pas trop tard…

Cette transgression néfaste à notre patrimoine génétique n’est d’ailleurs pas un cas isolé : en introduisant un nombre important de plants, de semences, mais aussi d’animaux exotiques nous n’avons fait qu'aggraver la situation. C’est par manque d’informations, à cause de l’absence d’une banque de donnée et d’une politique de préservation de ce patrimoine  que l’Algérie, qui accuse un taux d'endémisme de 12,6 pour cent, est en train de « tuer » à petit feu sa Nature. "

 

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur les dangers qui menacent actuellement la santé publique en Algérie?

"Là aussi, on peut dire que les citoyens algériens sont en train d’être tués à petit feu ! J’ai pu consulter un grand nombre de rapports d’études scientifiques  qui ne pourront pas démentir le fait que je ne fait pas dans le sensationnel quand je m’exprime de la sorte. Mon expérience sur le terrain n’a pu que confirmer cette morbide réalité…

Depuis que notre pays s’est engagé dans une politique d’importations massives de produits agro-alimentaires étrangers, beaucoup de nouvelles maladies jusque là inexistantes chez nous ont malheureusement vu le jour. Avant cela, le protectionnisme de nos marchés avaient permis aux Algériens d’être à l’abri de tous ces périls. Notre consommation, certes moins variées en produits, était locale. L’Etat, s’il importait des denrées étrangères, c’était avec le soin de ne se fournir qu’auprès des firmes les plus sérieuses et réputées. Aujourd’hui, même la qualité des médicaments avec lesquels nous sommes censés nous soigner est à remettre en question !

Ajoutez à cela les constats que j’ai évoqués ultérieurement à propos des produits phytosanitaires qui alimentent notre agriculture dont nos citoyens sont les principaux consommateurs, je pense que nombre d’entre nous devraient réaliser qu’il est temps d’agir en profondeur sur la politique de notre pays…"

Pourquoi avoir opté pour l’option de la création d’un parti impliqué dans le développement « vert » de notre pays ?

"Il est vrai que j’aurais pu m’investir dans la création d’une ONG ou bien encore d’une association nationale. Mais, dans notre pays, la réglementation, notamment en ce qui concerne leur financement, revêt  un caractère  trop restrictif pour permettre une action vraiment efficiente dans ce domaine. Une véritable « ligne rouge » a été instaurée pour limiter largement la marge d’action et d’influence de la société civile. Au regard de l’importance du sujet, l’influence des écologistes doit être bien plus ambitieuse et  peser avec plus de poids sur la politique de l’Algérie.

Bien entendu, en tant que nouveau parti, puisque le Parti Algérien Vert pour le Développement   n’existe que depuis le 13  août 2012, nous n’échappons pas à ces restrictions puisque nous n’avons pas beaucoup de possibilités de financement hors du cadre institutionnel. En dehors de la collecte de fonds via les cotisations de nos adhérents, toute autre alternative nous est proscrite. Quand on sait qu’en Algérie, même les partis « ténors » de la scène politique ne procède jamais ainsi pour se financer, on comprend pourquoi ils ont voté au Parlement cette loi afin d'asseoir leur hégémonie. La pluralité politique, dans un tel contexte est presque  une coquille vide !

Cependant, parce que nous pouvons récolter des voix électorales, nous sommes des « partenaires » plus incontournables sur la scène  politique nationale que les associations et ONG. Cette « brèche » est à exploiter pour porter notre voix au sommet de la gouvernance du pays. Pour cela il suffit d’être nombreux et présents à travers  tout notre vaste pays. Pour information, malgré  sa toute récente création, nous avons déjà dans  nos rangs trente deux  élus nationaux et obtenues deux mairies lors des dernières élections: une à Dira (Bouira) et l’autre à Talassa (Chlef). Nous estimons à plus de trente-cinq  mille le nombre de nos sympathisants. C’est peu, je vous le concède, mais c’est un bon début pour seulement quatre mois."

A ce propos, je suis obligé de vous signaler que de certains  écologistes « notoires » algériens sont sceptiques sur la légitimité de nombreux membres de votre staff politique quant à la représentation de l’Ecologie en Algérie. Qu’avez-vous à répondre à cela ?

"Je serais bien malhonnête de remettre  totalement en question ces interrogations ! Mais j’ai du d’abord faire une structuration constitutive de ce parti pour  en obtenir l’agrément avec des gens surtout connus sur la scène politique locale et nationale plus que pour leur implication dans la cause écologique ainsi que  les premiers à répondre à l’appel du parti.  Ajoutez à cela que la majeur partie des écologistes algériens ont déjà  du mal à se réunir ne serait-ce qu’à travers une association nationale, vous comprendrez que j’ai du faire avec la réalité du terrain électoral en  Algérie et que je n’allais pas attendre que ces derniers  se mettentau diapason pour créer cette structure politique   que je m’engage à mettre dorénavant avant tout à leur disposition.

A présent que ce premier pas a été franchi, la phase suivante est naturellement de remodeler ce parti afin qu'il soit en adéquation avec son ambition de participer activement au développement d’une mutation verte de l’Algérie. Une fois la « frénésie » des dernières élections passée, la décantation s’est déjà faite, d’ailleurs, naturellement. Mon souhait le plus cher est de rassembler un maximum de bonnes volontés sincères mais  surtout des gens compétents et légitimes  afin de produire un programme ainsi qu’une ligne d’action sur le terrain digne d’un tel parti qui doit absolument peser au plus vite sur la scène politique algérienne pour toutes les raisons que j’ai évoquées dans cet entretien, mais aussi, pour toutes celles qui animent les vrais acteurs de l’écologie en Algérie.

Le vrai travail commence maintenant, celui de créer dans chaque wilaya un congrès électif de qualité pour le mandat en cours. De ce travail, résultera la liste et le programme officiels du Parti

J’en profite donc pour lancer un appel à tous ceux et toutes celles qui désirent vraiment instaurer une politique environnementale pour l’Algérie  moins cosmétique, plus dans l’action concrète. A ce propos, le travail ne manque pas et toutes les bonnes énergies sont à polariser autour d’un parti vert algérien.

L’Ecologie peut-elle être un radical commun capable de générer des suffrages en Algérie ? Beaucoup pensent le contraire…

Ils ont tort car non seulement il reste encore plus la moitié des électeurs en Algérie n’ont jamais  votés mais, j’ai pu constater sur le terrain  que beaucoup de ceux avec qui nous nous sommes entretenus ont choisi  de voter pour nous ou d’adhérer à notre parti  car l’Ecologie est un thème qui prend de plus en plus d’importance dans le débat publique national et qu’un parti écologique ne suscite pas autant de méfiance que les autres du fait de sa nouveauté. Beaucoup de jeunes algériens ont été sensibilisés à travers le web sur la cause écologique nationale mais aussi internationale. Il reste encore beaucoup de marge et ce Parti, pour peu qu'il soit crédible sur le terrain, seul champ valable dans ce domaine, a une sérieuse carte à jouer…

Pour cela il va falloir redoubler d’efforts pour insuffler un esprit écologique à travers toute la société algérienne, être présents et actifs sur le terrain ainsi que tous les « chantiers » écologiques du pays. Le véritable problème, dans un pays aussi vaste qu’un continent, ce sont avant tous les moyens financiers.

Pour finir, quelle est votre définition d’un Parti Vert en Algérie ?

Le vert, dans notre pays, n’est pas, comme en Europe, pour ne citer que ce continent voisin, seulement la couleur de l’écologie, c’est aussi celle présente dans notre drapeau et qui symbolise notre tradition musulmane.

Un parti vert algérien doit être à la fois soucieux de préserver notre Nature physique et spirituelle amis également de la moduler afin qu’elle s’ouvre encore plus sur le reste du Monde. L’Algérien(ne) est naturellement une personne capable de s’adapter aux cultures des autres tout en étant jaloux de ses propres particularités. Un tel parti doit non seulement s’accorder avec les mouvances vertes du reste du monde, mais également veiller à ce que nos  voisins et partenaires ne se limitent pas à préserver leur environnement  et venir se permettre le contraire chez nous. Le cas de l'exploitation du gaz de schiste est à ce titre emblématique...Nous devons aussi apporter des solutions endémiques à des problématiques mondiales. Le monde est devenu un village, si l’Antarctique est malade, l’Algérie sera concernée et vis versa !

L’Ecologie en Algérie doit être une valeur d’émulation et non simplement d’opposition car je ne peux que  déplorer qu'il n’y a pas vraiment de parti en Algérie dont l’opposition est sincère où durable. L’environnement, la santé publique, le développement durable sont des sujets qui doivent concerner toute la société algérienne. Nous devons collaborer avec toutes les forces sincères en présence et lutter contre l’ignorance et surtout l’intolérance.

Notre pays est riche en ressources naturelles, en jeunesse, en diversités climatiques et culturelles ,en soleil, en potentiels agricoles et ce même dans le Sahara. Appliquer l’écologie dans notre pays, ce n’est pas devoir faire machine arrière comme pour les pays qui se sont développés de manière peu vertueuse et qui n’ont à vrai dire pas de réelles leçons à nous donner. En Algérie, parcontre, la mutation « verte », c’est aller de l’avant !

Propos recueillis par Karim Tedjani (Nouara)  lors d’un entretien avec M. Ali Amara président   du PAVD au siège du parti,  11 rue Badjarrah, « Cité Maya » (Hussen Dey-Alger) le 5 décembre 2012.

 

POUR JOINDRE M. AMARA :

Mob : 0669636306/0776584898

Tel /Fax : 048515418/021232802

Mail : ali-amara@hotmail.fr

 

 

tags: Ecologie, Algérie, parti écologique, parti vert, développement vert, écologique, économie verte, developpement durable, abeille

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H
Messieurs , mesdames les responsables du parti vert , bonjour et tout mes respects à toutes et à tous qui prennent la défense de notre environnement . J'habite Mascara et j'ai constaté que la pollution aux plastiques est catastrophique mais il n'y a pas que ça : la pêche abusive , pourquoi ne pas réglementer les filets . Les pécheurs sont en train d'assassiner la faune sous marine , ils pêchent les adultes comme les alevins , c'est déplorable . Si ils ramassent tout , que vont ils laisser aux générations futures . Il faut une prise de conscience nationale pour que la méditerranée reste poissonneuse . Sinon : c'est du suicide écologique . Je vous encourage vivement et vous soutien totalement pour engager un dialogue avec tous les acteurs impliqués .<br /> Très cordialement .<br /> Halaoui .
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