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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

L’ « Environnement »... Et si c’était avant tout un écosystème de mots?

Photo: Tedjani K.

Photo: Tedjani K.

Les mots relient    notre monde matériel, un espace   fini,  à  un écosystème immatériel   sans autre  limite  que notre capacité à l’imaginer  ainsi qu’à le définir.  C’est pour cela que, de tous temps, ils occupent le devant  de toutes les scènes où l’Homme  s’est imposé comme  un acteur  de premier plan. Quelle influence  peuvent-ils bien exercer sur notre  perception de  ce que l’on nomme officiellement « l’Environnement » ?

 

Les mots-clefs d'une bulle sémantique

Parfois, un seul mot peut avoir un pouvoir   très prégnant  sur la mentalité et les comportements de toute une société. « Crise », par exemple n’est-il pas un de ces  noms communs qui   sonne dans la tête  de milliards de  citoyens-consommateurs comme  un diapason ?  Crises financières,  crises écologiques, crises sociales, crises politiques,  crises d’angoisses ou d’achats compulsifs, on dirait que l’environnement « capitalisme mondial »  se résume à un vaste système pyramidale de crises dont seules quelques franges minoritaires de notre espèce   semblent en connaitre   le véritable sens.

Dans la langue chinoise,  parait-il, l’association d’idéogrammes  correspondant au terme  « Crise » définit  autant un péril soudain  qu’une opportunité à venir. C’est peut-être cette  particularité  linguistique qui rend les chinois si peu fatalistes face à la crise mondiale affectant de plein  fouet leurs partenaires occidentaux. Mais, que vaut ce  miracle industriel en Terre du Milieu, depuis qu’elle est devenue le terrain  de  prédilection de tous les extrêmes ? Surtout quand il s’agit d’environnement.  Car en Chine, plus qu’ailleurs, le  prix d’une  croissance économique  continue  et fulgurante est-déjà celui  d’une facture écologique qui risque d’être, à moyen terme, des plus  fatales pour l’économie de cette super puissance asiatique. Cette crise écologique  sera peut-être aussi le facteur déclencheur d’une nouvelle séquence du développement économique chinois... 

« Crise !». Et,  partout les mêmes mots d’ordre qui résonnent  sur la place publique comme un l'écho d'un forum   rebondissant contre  les  parois  d’une caverne profonde.  D’une latitude à l’autre de ce globe, on harangue  les masses aux  « changements »,   aux « mutations »,  aux « révolutions ».  On espère  le  « Printemps ».  Mais , un printemps, n’ est-ce pas  un changement cyclique au sein d’une révolution permanente qui, pour perdurer, est  capable de muter sans jamais modifier la nature fondamentale de son système d’existence ?  En bref, ce n’est qu’une une saison.  Certes d’effervescences  et de bouleversements éphémères, mais qui ne remettra jamais en question le cycle dont elle nourrit la dynamique éternelle...

De même,  l’armada  de mots qui définit globalement  l’ « Environnement Mondial »  est avant tout un système  ingénieux de conservation qui se farde des plus nobles atours d’une vague de changements. Mais, il me semble, toutes ces révolutions  polissées  paraissent  anticipées de toute pièce; tant leur déroulement s’enchaîne toujours selon la même logique : après le printemps doit impérativement venir l’été, l’automne, puis l’hiver et ainsi de suite.   Derrière  ces  mots,  les intentions qu’ils véhiculent, sont-elles aussi innocentes  que pourraient  le suggérer tous ces euphémismes  sophistiqués derrière lesquels  ils se griment?

 

Croissance durable et dévellopement continu

Prenons l’exemple du « Développement durable », ancêtre sémantique de « l’Economie verte ». Un développement est le produit de l’action de se développer. Qui signifie,  en langage  purement capitaliste : produire de la croissance économique ; si possible de manière exponentielle et continue. Pour beaucoup des  acteurs  de la croissance continue,  c’est une expression qui rassure au fond. Puisqu’elle semble indiquer que  si tout va changer... l’essentiel va durer, lui aussi !  Après tous ses changements qui n'auront fait  que modifier  la forme de ce qui ne doit pas changer. Il faudra juste montrer patte verte.  Avoir  pour cela un discours cohérent, savoir jouer sur les mots et  les modes, et puis, dans l’action,  rester très discrets. Tant que le développement de telle ou telle multinationale n’est pas remis en question, il peut bien avoir toutes les apparences.  Il suffit qu’il  garantisse à tout ce beau petit monde dans le monde que le développement sera toujours durable pour eux ; faute d’être soutenable pour nous et notre environnement. Le développement humain, vertueux ou non,  restera toujours une affaire de gros sous pour ces gens-là. A y regarder de plus près, une croissance qui dure , un développement continu, le développement durable,  la prestidigitation est trop tentante pour n’importe quel maître escroc...

 

 « Le développement » est  également un mot souvent associé  au bien-être humain dans une  littérature qui a depuis toujours eu un franc succès parmi des consommateurs issus des franges les plus aisées de la population mondiale. Celui de cette sacrosainte  personnalité capable d’ouvrir toute les clefs du bonheur individuel et -accessoirement  pour certains-  d’un bien-être collectif.  C'est aussi le synonyme d'un confort, le "développement". Même d'une forme de civilisation. Garantir un certain confort durable, qui devra cependant paraître moins cruel pour les pays du Sud, tout en garantissant tacitement  la suprêmatie culturelle  des nations du Nord. 

Pour moi, et tant d'autres, n'est durable dans l'espace qu'un épanouissement humain qui n'a plus besoin de croissance pour se dévelloper. C'est cela, à mon sens le dévellopement durable pour l'Humanité et soutenable pour la Planète. Evoluer, plus que se développer. Mais je préfère de loin le seul mot économie, sans autre allié, pour exprimer cette idée. Car pour moi le rôle de l'économie c'est veiller au bien-être d'une grande famille au sein d'un grand foyer, tout en donnant à chaque  individu aurait les moyens  financiers et intellectuels de s'épanouir individuellement au sein de leur communauté. 

Ainsi, le concept de « développement durable », selon les subjectivités de chacun, peut  servir  des  perspectives  qui ne sauraient  se rencontrer qu’à la façon d’un visage et  de son reflet dans un miroir déformé.

Voici juste un  simple exemple d’une formule de langage qui peut avoir une influence tout à faire différente, selon le sens que l’on s’est accordé à lui donner. Sommes-nous tous et toutes  d’accords  ou au fait  de  leur signification ?  Sommes-nous  toujours vraiment capables  d’appréhender  la véritable nature du milieu  dans lequel nous évoluons ? J’entends par là,    dans les termes avec lequel on   nous a appris à  le définir? Le champ lexical de l’Environnement, en Algérie, comme ailleurs, est-il  vraiment un écosystème de mots justes  en qui il est possible d’avoir une totale confiance ?

 

Cherchez l'intrus!

« Pourquoi cela serait-il  si important ? » Vous me direz peut-être...  « Ce ne sont que des mots après tout ! Seul compte le concret ! » Certains d’entre vous seront  même tentés de  me rappeler dès à présent. J’en appelle  pour l’instant à leur patience ainsi qu’à  leur curiosité et  leur prie de bien vouloir me laisser  dérouler petit à petit le fil conducteur de ce  petit pamphlet entre les lignes. Tout d’abord  contre les détournements de langage dont souffre constamment la dialectique de l’Ecologisme mondial et  politiquement  correct, puis contre notre paresse à les démasquer...     

Il est évident que  les mots occupent une grande place  dans  notre environnement. Ils  nous influencent au quotidien d’une manière à la fois déductive et inductive. Ils nous entourent. Des panneaux publics, aux affiches publicitaires, des papiers d’identités aux conventions internationales, des galaxies de mots, matériels ou immatériels,  ont investi notre espace vital  afin de dessiner   peu à peu les frontières du monde d’idéologies privées et d’opinions publiques dans lequel nous sommes à  présent cloisonnés. Des idées, des concepts, des expressions, des slogans, une foule de termes   se mélangent à chaque instant dans notre champ de perception ; habitent notre   esprit, un peu comme  le parfum d’un encens se  confond  subtilement dans  la chimie d’un air ambiant.

Si par exemple j’écris le mot « nature », alors une foule de réminiscences  qui ont été gravées dans  votre mémoire collective  viendront  sans aucun doute  vous traverser l’esprit. De la verdure, des arbres, des animaux sauvages, nos  dessins d’enfants, l’odeur de l’herbe, des flashes de documentaires télévisés, de scènes de films ou bien de romans littéraires ; cela pourrait être ce genre d’association d’idées, par exemple. Mais, en Algérie, pour certains, le mot nature  peut évoquer aussi, malheureusement,  de bien douloureux souvenirs, un  espace de danger potentiel.  Une époque pas si lointaine où cette nature était le théâtre d’une sauvagerie  qui aura laissé des plaies profondes dans la mémoire de la société  algérienne.

Un  seul mot, prononcé ou écrit, et  c’est tout un monde immatériel   qui apparaitra   progressivement autour de vous. Le langage   est   un  environnement virtuel  doté d’un pouvoir immense sur la réalité physique dans laquelle évoluent ceux qui l’ont inventé, les êtres humains. Et cela « depuis que le monde est monde ». Ce qui revient à dire,  dès l’instant où    cet environnement a été défini par ce  mot ...

 

Au commencement, le Verbe...

Tout d’abord,  on pourrait rappeler  que, dans les trois religions monothéistes,    notre ancêtre commun, Adam, nous est   décrit   comme la seule création de Dieu capable de   nommer  toutes les choses inertes  ainsi  que  les êtres vivants qui l’entourent. C’est-à-dire de mettre un ou plusieurs mots sur leur nature. Même les  Anges, du haut de leurs immenses pouvoirs,  durent s’incliner devant une telle capacité.  Le  « Verbe » est une parole  dont l’influence sur l’Environnement de milliards d’individus et de communautés est assez facile à admettre.  N’appelle-t-on pas «  Les Gens du Livre »  tous ceux qui croient au même Dieu Unique ? Le Dieu  qui semble avoir choisi  la Parole  pour délivrer son Message à l’Humanité. C’est d’ailleurs dans l’Islam que le Texte, « El Kitab »    prend une dimension encore plus sacrée. Car un miracle ne devient plus  une action physique commise par un prophète inspiré de  la main de Dieu, mais l’existence même d’un  Livre, formidable écosystème sémantique,   dont la perfection  divine  reste encore à ce jour inégalée. Une architecture parfaite de mots habités par  un  Message d’infini absolu...

D’un point de vue  beaucoup moins  théologique, il est courant d’entendre que, bien plus que sa posture verticale ainsi que l’ergonomie de  ses mains, c’est l’extrême importance du  langage dans son  développement qui démarque  l’être humain du reste de la nature.  Au fur et à mesure qu’il s’initiât à l’art des mots, tout comme il apprit le Feu,  ils prirent  peu à peu  dans une dimension métaphysique. Les mots ne jaillissaient  plus seulement des lèvres qui les prononçaient, ne coulaient plus uniquement des pointes enduites d’encre. Ils habitaient l’esprit qui animait le corps qui les avait matérialisés.   L’Humanité se différencia  ainsi du reste des espèces vivantes sur Terre par une  aptitude exclusive« Je pense donc je suis » de Descartes n’est-elle pas  une  formule qui consacrera, au nom de la raison,  le langage  au rang de nature fondamentale de l’existence humaine ? Puisque penser, c’est  au fond   dialoguer  avec soi-même.  Pour beaucoup, la  parole  semble la frontière la plus évidente qui sépare la pensée humaine  de  l’instinct animal....

N’a-t-on  pas   non plus coutume d’accorder aux avancées de l’écriture une influence  majeure sur le développement  économique humain ? Au même titre  que la découverte du  feu,  l’invention de l’agriculture, de l’élevage ; mais aussi   de la science et de  la culture. Ces  dernières   se sont elle-même  largement développées depuis  qu’une invention chinoise fut perfectionnée en Europe, au milieu du XIVème siècle : l’imprimerie. Une machine à graver des mots en quantité industrielle. Etrange hasard  ou ironie de l’Histoire, quelques décennies plus-tard, en 1492, la découverte des Amériques et l’invention du concept  « Nouveau Monde » sonnèrent inexorablement le glas du Moyen Age...

 

La parole industrialisée...

Cette technologie, en industrialisant  le langage des mots, bien des siècles  avant le travail, ou tout autre production humaine, aura permis  l’avènement progressif de la révolution industrielle qui rendit  de telles  ambitions possibles. Cette révolution internationale  engendrera  une  culture mondiale  qu’Internet est en train de matérialiser dans un  espace de moins en moins virtuel.  Puisque son influence  sur nos quotidiens est, elle, de plus en plus réelle. En détrônant l’écriture manuscrite, son lot de lenteurs et d’erreurs de copie, la machine à imprimer fit  ainsi  basculer d’Orient vers l’Occident le pôle de la connaissance et du savoir ; de la Mésopotamie à Mayence, là où Gutenberg produisit le premier livre imprimé mécaniquement… Une Bible...

Notre siècle,  plus que tous les autres qui l’ont précédés, semble  annoncer une  ère ultra cybernétique  qui est en passe de faire de la collecte et  du  traitement de  l’information une  valeur suprême,  ainsi que la source d’un pouvoir phénoménal. Les réseaux sociaux virtuels  sont devenus  progressivement de véritables mines d’or pour ceux qui  en filtrent   les pépites avec des  moteurs de recherche. En guise de tamis sémantiques,  pour  extraire  de ce flux  torrentiel de données les plus précieux « mots-clefs » ou  les informations les plus rares. C’est un monde où se jouent les immenses fortunes et pouvoirs de demain,   à la vitesse de la microseconde. Cette  époque  n’est au fond que le prolongement logique  d’une quête plusieurs fois millénaire. Qui n’a pu traverser les générations  humaines qu’à  travers la conservation consciente et subconsciente  d’une matrice collective d’images,  de sons et  surtout  de mots. Faire d’une idée une réalité, d’un mot un pouvoir...  sur un  monde d’illusions...

Il y aurait  tant à dire sur les mots. Bienheureusement la littérature à ce propos est, fut et sera toujours fort prolifique. De grands esprits se sont penchés sur un sujet  que je suis loin de maîtriser. Je vous invite donc à les consulter, comme je commence à le faire. Malgré cette longue entrée en matière, cet article n’a aucunement la prétention, ni l’ambition, de retracer toute la chronologie ou  la chronique de la formidable épopée du langage humain. Je me suis tout simplement permis ces quelques paragraphes afin d’insister sur l’importance des mots dans la condition humaine. Ils sont la matière d’un environnement,  invisible ou non, auquel aucun être humain vivant en communauté ne peut échapper totalement...

 

L'Environnement polyglotte algérien

Que pourrait-on dire, à ce propos, de l’Algérie ? A-t-on bien pris soin de définir le  mot  « environnement » ainsi que ses corollaires avant de prodiguer des lois sur l’Environnement ? Et cela   sous le prisme d’une pensée nationale..

Certes,  le sujet est si vaste, même à l’échelle d’un  seul pays. Surtout quand il a de surcroît la taille d’un continent. Même si  sa  population  n’atteint  même pas celle d’un   bien plus petit territoire,  l’Italie.  « Ecologie », « Développement durable », « Economie verte », « écologiste », combien de fois n’ai-je pas entendu prononcer ses mots autour de moi. En Algérie, j’ai souvent constaté, lors de mes  nombreux voyages, que la définition de ces termes pouvait varier d’un individu à l’autre.  Avec une amplitude qui, je dirais, dépendra largement de l’implication ou non  de son réseau social dans  ces questions. Je permets de  signaler cette fâcheuse tendance,   tant cette schizophrénie m’a paru flagrante à chaque fois que je  questionnais un tel ou un tel sur  sa  compréhension d’un sujet relatif à la notion d’environnement.  A part, bien entendu, les quelques rares écologues que j’ai pu rencontrer et qui savent normalement définir au moins scientifiquement les éléments d’environnements  qui les concernent. 

 

Et puis , l'Environnement, en Algérie, a toujours été une question très politique. "L'Algérie n'est pas une simple expression géographique mais plutôt un programme d'action et une philosophie politque", telle est  la sentence de feu Houari Boumédienne, lors d'un discours à Tizi Ouzou (publié en 1974 dans El Moujahid)... 

 

Toute la difficulté d’analyser le rapport  sémantique entre  les Algériens  et  leur environnement,  réside  d’ailleurs essentiellement  dans le fait qu’ils l’expriment  le plus souvent  dans plusieurs langues. Leur approche   de cette  réalité  physique et culturelle est donc  multidimensionnelle. Puisque on peut considérer que chaque système linguistique  est un monde à lui tout seul. Certaines langues comme le chinois,  de par leurs utilisations d’idéogrammes  développent des concepts qui sont  à des années lumières de  ceux exprimés par  des phonèmes. Les Algériens jonglent régulièrement entre plusieurs champs lexicaux pour définir la même chose, au même endroit. Cela  ne peut que fragmenter forcement    toute analyse  de l’environnement  pour  ces   Algériens  qui  ne parlent pas toujours  la même langue quotidienne.  Est-ce une tare ? Je vous répondrais que chacun est libre de penser qu’il est impossible de transformer le plomb en or ou de tremper une souris verte dans de l’huile pour en obtenir un escargot bien chaud...

Je parle personnellement le français, qui est ma langue maternelle,  couramment le Derija   de l’est algérien, qui est ma langue d’origine ; j’ai de bonnes notions en anglais universel. Mais, ne maîtrisant pas l’arabe classique, ni toutes les variantes du Tamazigh parlées  sur notre territoire,  je suis conscient que mon approche résolument francophone de la question réduira fortement la portée de cette réflexion. Mais, comme dit un jour un fameux colibri à un lion étonné de le voir tenter d’éteindre un feu avec ses minuscules ailes, « je me contente de faire ma part »  et j’espère   donner envie à des gens biens plus compétents que moi d’approfondir ces questions, notamment parmi les  intellectuels arabophones ainsi que ceux qui parlent le Tamazigh.

Cette défaillance ainsi identifiée et assumée,  reprenons, si vous le voulez bien,  le fil d’Ariane  qui doit nous éviter de trop nous perdre dans le labyrinthe des sujets corollaires à mon thème  principal.    Revenons, tout d’abord, un instant,  aux Textes Sacrés  dont l’empreinte sur notre environnement  demeure encore omniprésente, surtout  en Algérie.   Pour évoquer une lacune de la société algérienne  contemporaine- et  de tant d’autres  d’ailleurs- , quand il est question d’environnement. Car si  la nature si particulière  de l’Homme   est  de  savoir nommer les choses, il est   cependant fortement  suggéré  dans les textes religieux  qu’il  le  fait  avec  des mots justes et précis. D'ailleurs, dans cette théologie, le principal atout de l'ange du mal pour 'abuser l'Humanité est le mensonge; un malicieux travestissement du sens des  mots.. Ces évoquations  sont pertinentes  dès lors que l’on s’intéresse à un des fondements de la Démocratie : l'éthique du  dialogue.

La politique des mots justes

Aucun dialogue social  ne peut être vraiment démocratique, si les termes employés ne sont pas définis de manière commune et équitable  entre tous ses antagonistes. Les mots peuvent nous éclairer, nous guider, nous rassembler certes. Mais  à bien des égards, aussi, ils savent  nous égarer, nous méprendre, nous diviser. D’où l’importance de toujours en connaitre la signification courante, mais aussi la plus hermétique. Car c’est souvent  derrière une épaisse écorce de langue de bois que se trouve la substantifique  sève de vérité que recèle  chaque  phrase habilement manipulée par ceux qui dessinent les contours d’un environnement qui n’est pas le leur mais celui de leur prévarications.

Quand les mots sont faussés ou mal compris,  ce qui nous entoure et nous influence devient alors, petit à petit,  une bulle sémantique. Une sphère invisible dont notre incapacité à la définir par des mots  sincères  la rend  presque impossible à démasquer. La parole publique  devient  alors une prison, un environnement clos dont les murs sont des accumulations de perversions linguistiques.  Volontaires ou empiriques, peu importe, ce qui est le plus  déplorable  dans cette affaire, c’est qu’ils   maintiennent en vie un système de mensonges  éco-suicidaires.

Prenons le simple exemple du terme environnement. Que signifie-t-il vraiment ? Si ce n’est d’abord un écosystème de mot dans lequel une communauté d’êtres humains s’est enfermée. Est-ce tant l’arbre qui vous influence à présent que son image persistante dans biens des symboles fondateurs de notre société ?  Combien d’entre nous ont  pris le temps de caresser  l’écorce de l’arbre croisé  chaque jour au détour d’une ruelle de son quartier ? Il en va de même pour cette « nature » que nous  aspirons à protéger sans avoir trouvé le moyen de nous préserver nous-même  d’un système de vie qui nuit à notre propre santé...

 

Environnement, nature ect...

Dans l’esprit de trop de gens, l’environnement et la nature se confondent ; comme la protection de l’un et de l’autre.  Pourtant on peut protéger un environnement qui nuit terriblement  à la nature, notamment quand on est lobbyiste pour une multinationale impliquée financièrement dans l’exploitation de telle ou telle ressource naturelle.  Plus d’ailleurs qu’il n’est possible de protéger une nature dont nous ne sommes pas les maîtres, malgré les apparences.  On pense trop souvent, aussi,  que la biodiversité et cette même nature sont synonymes ; pourtant le premier terme désigne une dynamique et l’autre un sujet dont l’image est souvent  figé  dans le temps par notre mémoire. Cela peut nous donner l’impression que la biodiversité d’un site ne doit jamais évoluer. Or tout environnement qui se fige est condamné soit à disparaitre, soit à devenir un zoo à ciel ouvert, c’est-à-dire une prison environnementale. De la nature, en fait, il ne faut conserver que la biodiversité, cette dynamique la rendant capable de se renouveler  à chaque nouvelle séquence de l’Evolution de la planète qui nous héberge.

Cette même nature nous est présentée comme extérieure à notre condition humaine, comme si elles étaient presque antagonistes. « L’Homme et la Nature », au mieux, « L’Homme dans la Nature », « L’Homme contre la Nature », au pire. Mais rarement on ne soutiendra officiellement que l’Humanité  c’est aussi  la Nature, car ce concept n’existe en fait  parce qu’il  a été inventé   par des   êtres humains. Un peu comme le terme campagne n’a de sens  que parce qu’il définit  ce qui n’est pas une ville. Cela incombe que si chronologiquement les campagnes apparurent avant les villes, sémantiquement, ce mot a été inventé  bien après l’existence des villes...

Il y aurait tant à dire sur les mots qui nous entourent et nous influencent comme un environnement visible et invisible. Le format d’un article de blog a ses limites qu’un si vaste et préoccupant sujet ne mérite pas.   C’est d’un travail d’experts  et non celui d’un amateur qu’il s’agit. Que ces derniers me pardonnent  l’éventuelle faiblesse de mes raisonnements ; ils ne sont surtout le fruit de mon inexpérience et ne doivent pas faire oublier ma bonne volonté.  Certes, je  me suis attelé à une tâche qui pourrait rappeler le défi d’un  crapaud  lancé  au bœuf !

Tous ces mots abstraits  ont un pouvoir  sur la réalité qu’il ne faudrait jamais  sous-estimer. C’est pourquoi, quand on parle d’environnement, on ne peut que rester vigilants sur leur signification. Je pourrais conclure en supposant qu’une  bonne parole  ne peut devenir  acte sain   , qu’à la seule condition  que ceux qui l’ont  émise et ceux qui l’ont perçue, utilisent un langage commun dont le vocabulaire est défini de manière équitable et sincère entre tous les antagonistes d’un  même dialogue. 

 Je me contenterais plutôt de  vous dire tout simplement que les mots « équilibre », « tolérance », « responsabilité », « conscience », « curiosité », « respect », « confiance » , "intégrité" et tant d’autres manquent cruellement à l’environnement  actuels des Algériens.

A qui la faute ? Telle est  la question...

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