12 Août 2015
Robinson Crusoé symbole de l'homme moderne qui prend conscience de sa modernité au contact de la nature sauvage oubliée...
Saviez-vous que l’écologie est une science occidentale qui doit largement son développement à une relation très intime avec l’essor « posthume » de l’impérialisme colonial européen ? Quel héritage doit-on reconnaitre ou identifier à cette réalité passée dans l’approche contemporaine des pays du Nord en matière d’environnement et d’écologie ? Cette longue et "fructueuse" émulation entre théories scientifiques et idéologies de gouvernance a-t-elle vraiment changé tandis que le Cimat mondial est en pleine mutation ?
Union sacrée en Terre inconnue...
Depuis toujours, écologie et politique se côtoient, s’affrontent ou se confirment dans un dialogue qui a posé bien des bases de la pensée moderne post- industrielle; notamment en ce qui concerne bien des questions relatives à la notion d’environnement. L’une ne pouvait, en ces temps obscurs, avancer sans le soutien de l’autre. Car en terres inconnues, les gouvernements coloniaux n’auraient jamais pu se passer de l’assistance des scientifiques sans encourir le péril. De même, ces derniers ont pu ainsi financer leurs recherches, appliquer leurs théories et même devenir une force d’influence politique dont les publications servaient autant à combattre les écocides du colonialisme que pour en justifier bien des fonctionnements.
Non qu’elle ait été toujours consensuelle avec la politique expansionniste de ces nations en pleine ferveur impérialiste ; mais beaucoup de ce qui fait notre vision de cette écologie-là prend sa source à cette période de l’histoire. L’écologie officielle et institutionnelle n’a donc jamais été vraiment apolitique ; de même qu’elle a contribué à faire de la science un argument politique au même degré, pour certains, qu’une croyance religieuse. Remettre en question un dogme scientifique reconnu par l’ordre établi, à présent, peut vous mener à bien des bûchers de la damnation. Celles et ceux qui se seront risqué à mordre dans ce fruit défendu encourent l’excommunication radicale de tout financement ou publication émérite.
La construction d’un mythe
Depuis la Renaissance impérialiste à la naissance de la première révolution capitaliste industrielle, l’idée d’une humanité antagoniste à la nature s’ancre de plus en plus profondément dans le subconscient des sociétés industrielles contemporaines. En parallèle avec son idéalisation, par le biais de l’art et de la culture, elle tend à nous être exposée à la manière d’un paradis perdu. Nature sauvage et homme civilisé ne cessèrent depuis de devenir deux entités bien distinctes dans la psyché collective de nos sociétés industrielles. L’idée de conservation et de protection de la nature fera progressivement école parmi les gouvernances coloniales françaises, anglaises, puis s’étendirent à tous les autres nations impérialistes. Les méfaits de la déforestation massive, l’extinction de certaines espèces, l’appauvrissement des sols...
C’est surtout en l’appliquant sur de petites îles exotiques, que les capitalistes et leurs grands sorciers découvrirent avec stupeur l’ampleur des désastres écologiques générés par leur prétendue œuvre de civilisation à travers le monde. La triste période coloniale européenne fut avant tout un crime contre l’environnement. Au sens de ce qui est matériel, mais aussi de ce que qu’elle a perturbé dans la nature des êtres humains.
Un bouleversement écologique, vendu comme sans précédent, au regard de la vitesse ainsi que du rayonnement de son évolution à travers toute la planète. Le Nouveau Monde colonialiste, assassin d’une efficacité redoutable de l’Ancien Régime monarchique ; au fond, toujours le rêve d’Empire sans autre frontière que l’atmosphère terrestre. Qui aura fait renaître l’humanité, certes devenue gigantesque, mais comme nombre de géants, un ogre monstrueux assoiffé de toutes les ressources naturelles de la Terre entière.
L’homme, n’est plus seulement qu’un être humain ou bien une créature. C’est une civilisation, l’homme moderne. Une révolution d’abord énergétique, puis structurelle ; une gouvernance. Quelque chose qui n’existe nulle part ailleurs que dans nos villes. Ceux qui n’ont pas encore quitté la cime de leurs arbres ancestraux seront de ce fait condamnés à disparaitre ; parce que « sauvage », de nos jours, revient à être intrinsèquement menacé d’extinction.
La nature ne peut être considérée sauvage que par un barbare qui se croit civilisé
Peu à peu, se mit à progresser l’idée préconçue d’un milieu humain rendu incompatible avec celui d’une nature « authentique ». L’espace de nature protégée prend alors forme dans l’esprit d’une époque de capitalisme débridé. La République enfin libérée de la religion par la science qu’elle consacrera depuis comme un clergé d’un genre nouveau. Et la science, quant à elle, aura ainsi l’occasion de remettre en question en toute sérénité la cosmologie des dogmes religieux qui les avaient jusque-là entravés dans leur quête suprême. Retrouver un peu du goût oublié de la pomme interdite... pour cette fois-ci reproduire le paradis perdu sur terre. Non par des prières, mais des avec théorèmes ainsi que des algorithmes.
C’est du moins ce que nous relate, par exemple, l’historien Richard Grove dans son merveilleux ouvrage « Les îles du Paradis » (L’invention de l’écologie dans les colonies) intitulé plus implicitement « L’Impérialisme vert » dans sa version originale anglais. C’est également ce que soutient avec d’autres vues, l’historienne Américaine Diana K. Davis dans son article « Les mythes environnementaux de la colonisation française au Maghreb.
La littérature sur le sujet est aussi abondante et éparse qu’elle ne semble pas avoir large tribune auprès de l’opinion publique mondiale. D’où la tendance , plus officielle, qui préfère trouver à l’écologie, ainsi que son avatar politique, une descendance plus romanesque et honorable...
Wilderness et orientalisme
Bien entendu, on ne saurait oublier et renier la large contribution des mouvements écologistes américains qui succéderont bien plus tard, à cette prise de conscience. Qui fut écologique d’abord d’un point de vue scientifique et politique avant de devenir également citoyenne. On évoque souvent la florissante littérature du Wilderness qui s’inspire de l’expérience naturelle des pionniers de la colonisation anglo-saxonne en terre d’Amérique du Nord. Beaucoup des textes fondateurs de l’écologisme mondial furent rédigés par des auteurs américains.
Le rôle de l’Allemagne dans cette propagation planétaire de l’écologisme est également très important. Et il est bien loin de remonter seulement à la chronique du mouvement « Vert » allemand. Le paganisme pangermanique, ainsi que la mythologie scandinave, la philosophie allemande et son lot de mouvement alternatifs plus ou moins connus du grand public, ont été des vecteurs de diffusion de certaines conceptions environnementaliste toujours rémanentes de nos jours . Une approche culturelle de la nature anglo-saxonne, qui a profondement marquée l'histoire de l'écologie moderne.
Si la France, fut un des pays précurseurs de l’écologie coloniale, on a coutume de considérer l’écologue René Dumont comme le premier écologiste français, au sens contemporain du terme. Le Commandant Cousteau, Hubert Reeves, puis Nicolas Hulot, Yann Arthus Bertrand et enfin Pierre Rabhi sont également les plus célèbres icones de l’écologisme francophone.
Cette forme d’écologisme et le mouvement orientaliste, il me semble, se ressemblent ainsi à bien des égards. Dans ce que ce courant occidental aura largement contribué à inventer l’Orient moderne. Afin d’occidentaliser toute perception historique de cette partie du monde. Laurence d’Arabie fut un génie avéré dans ce domaine ; Arthur Rimbaud, lui, aurait mieux fait de rester uniquement le poète génial qu’il était ; tant ses ambitions orientalistes lui furent surtout dommageables et ternirent quelque peu son image pour la postérité...La peinture orientaliste, également, dont Delacroix me parait le plus célèbre façonneur d’images d’Epinal orientales..
Tous ces tableaux littéraires ou picturaux alimentèrent consciemment ou non une vision politique du monde. Un peu comme tous ces documentaires bucoliques qui ont inondé nos petits écrans depuis les expéditions du Commandant Cousteau. Certes, de là à comparer Nicolas Hulot à Sir Lawrence d’Arabie, ce serait exagéré. Mais parfois je me dis que si les écrits de ce lord anglais aventurier espion ont largement contribué à inventer les clichés occidentaux sur le monde arabe moderne, Ushuaia et toutes les émissions qui ont voulu lui ressembler, ont incrustée sur nos rétines une image de la nature qui n’est pas totalement innocente...
Le paradis perdu
L’Europe et les Etats Unis auront inventé la Nature contemporaine ainsi que la plupart des mythes écologiques qui constituent la matrice idéologique de l’écologisme. Il me semble que déjà, du temps de Robinson Crusoé extirpé à sa la civilisation sur une île sauvage, l’image d’une nature à la fois hostile et idyllique n’a cessé d’être véhiculée de manière très inductive-parfois même pernicieuse- dans le subconscient humain. Et souvent le canevas métaphysique de la morale chrétienne a servi de plateforme fondatrice à cette vision. L’homme chassé du paradis par un défaut de nature dont seule la conscience de sa culpabilité ainsi que la rédemption de ses pêchers pourront lui ouvrir à nouveau les portes. Un Jardin d’Eden enfin retrouvé. Avec le Vatican, un somptueux « palais de Dieu » largement construit avec la collectes des « indulgences » des puissants de l’époque, et la notion que l’argent peut même régler vos dettes avec le Ciel. C’est bien entendu parce qu’il est question d’écologie européenne que je me contenterais de cet exemple pour comparer l’écologisme et la religion ; cette tendance à monnayer la croyance n’enest l’apanage d’aucune en particumie, entendons-nous bien làdessus...
On retrouve beaucoup de cela dans la dialectique et le paradigme moralisateur de l’Ecologisme occidental ; et ce même de nos jours quand on rend l’humanité seulement responsable du réchauffement climatique. L’argent pourra à présent nous permettre de régler même nos dettes en nature à la nature. Il suffira pour cela de payer pour des services ainsi que des technologies qui pourront non seulement atténuer nos vices actuels envers la nature, mais également l’améliorer ; notamment grâce à nos machines capables même d’agir à l’échelle du micro-cosmos.
Le concept de « compensation carbone » est d’ailleurs, de ce point de vue, à prendre comme un commerce similaire à celui des « indulgences » que l’on pouvait jadis acheter auprès de l’Eglise Romaine catholique... pour racheter ses pêchers...
Celles et ceux qui me lisent régulièrement ont peut-être reconnue chez moi une « fâcheuse » manie de faire de longues introductions avant d’entrer dans le vif du sujet annoncé par le titre de mes billets. Alors, j’espère qu’ils auront deviné que ces digressions ne sont rarement innocentes de ma part. Il était question de poser un décor à mon argumentation. Parce ce bref rappel historique qui replace l’écologie dans un contexte fondateur moins contemporain et utopique. J’ai voulu insister sur l’extrême et intime corrélation entre la politique, le capitalisme et l’écologie avec ou sans « isme » à la fin.
« C’est la dose qui fait le poison... »
Les premiers vrais pères fondateurs de l’écologie moderne, furent largement parmi la communauté des chirurgiens et médecins engagés par les "grandes" compagnies coloniales qui se partageaient alors le monde. Car la botanique était une discipline qui était encore très étudiée chez ces praticiens du 17ème siècle jusqu'au 19ème. Et qu’ils furent le plus souvent les seuls chercheurs disponibles sur le terrain. Ces scientifiques développèrent ainsi de nombreux postulats dont certains auront beaucoup d’influence sur les politiques environnementales de leurs pays. En terres colonisées, puis en métropoles.
Un véritable lobby environnementaliste fit ainsi progressivement son apparition dans les colonies ; loin de l’influence d’une Métropole plus dirigiste localement qu’en terra inconita. Un vaste laboratoire botanique, social, politique fut mis à leur disposition par la force des choses qui rendirent l’étude, la connaissance ainsi que la maîtrise de l’environnement des outils indispensables à l’expansion coloniale du capitalisme mondial.
En médecine on dit que c’est la dose qui fait le poison ou bien le rémède. Cette relation symbiotique entre la politique et la science n’aurait-elle pas aboute à une subtile perversion de cette sentence ? N’est-pas à présent en inventant la dose que l’on expliquera ésormais le poison ?
Nous aurons très prochainement l'occasion de réflechir ensemble à ce sujet ; avec un regard beaucoup plus focalisé sur l’actualité qui va réunir presque deux cents pays autour d’un dogme : l’homme est le principal coupable du réchauffement climatique global. Et l’indice de l’ampleur de ce crime se comptabilise en émissions de gaz à effet de serre.
Dont le CO2 est considéré comme l’élément le plus imprégnant....
Co2: la dose fait-elle vraiment le poison? (2/3) - Nouara Algérie (Environnement et Ecologie)
L'avis de cette femme de nature algérienne a toujours compté pour moi; surtout quand il s'agit d'écologie...C'est un arbre, ma Nouara... AINSI AURAIT PARLE KHALTI NOUARA... Dans l'article préc...
http://www.nouara-algerie.com/2015/08/co2-la-dose-fait-elle-vraiment-le-poison-2-3.html