10 Février 2016
« Le début des hostilités contre la nature a commencé avec le début du projet dévastateur de construction hôtelière sur la bande boisée de Souk El Tenine D’énormes arbres ont fait les frais de gigantesques machines dans le silence et l'indignation générale. Cette côte arborée jusqu'à Aokas suivra le même sort ; déracinement et destruction, tels sont les mots d'ordre de cette cote Est de Béjaïa ».
Ce sont là les mots d’un citoyen de cette région de la wilaya de Béjaïa. Ça grouille, ces jours-ci, à l’Est de Béjaïa. La population, sous l’impulsion du mouvement associatif, ne cesse de multiplier les rencontres pour s’opposer à l’implantation des deux zones d’expansion touristique d’Aokas et de Souk El Tenine.
Il est reproché aux autorités d’avoir donné le feu vert pour le déracinement des arbres plantés à l’indépendance, entre le littoral maritime et la route nationale n° 9, d’Aokas à Souk El Tenine, pour permettre la réalisation d’hôtels dans le cadre des ZET de ces deux communes. D’ailleurs, un comité de sauvegarde de la bande boisée d’Aokas a été installé, la semaine dernière, lors d’une assemblée tenue au centre culturel de la localité.
En plus, un prototype de lettre à transmettre, par l’ensemble des citoyens aux autorités a été posté sur les réseaux sociaux dont la devise est : «Oui aux projets de développement économique et durable respectueux de l’environnement et Non à la prédation et à la destruction de la nature». De leur côté, les citoyens de Souk El Tenine interpellent les autorités nationales pour annuler les attributions de parcelles de terrains faites par le comité de promotion de l’investissement et de la régulation du foncier (CALPIREF).
Dans un rapport sur l’impact écologique, environnemental et de santé publique sur la disparition de cette bande boisée, adressé à tous les responsables au nom des habitants des communes d’Aokas, Souk El Tenine et Melbou, il est rappelé les différentes lois protégeant les domaines forestier et maritime, en plus du traité de Barcelone, ratifié par l’Algérie, sur la protection de la méditerranée et de son littoral et la Cop21, signée et validée par l’Algérie, sur la protection de l’environnement.
Par cette correspondance, les habitants de cette région veulent attirer l’attention sur le danger de déboisement de cette parcelle qui aurait des conséquences désastreuses sur plusieurs points importants. Les sols, selon les rédacteurs, seraient, davantage, exposés aux changements climatiques dont des glissements ou ensevelissements de terrains pouvant survenir en hiver suite à l’absence de racines pour retenir les sols.
En outre, se trouvant à proximité d’une décharge à Aokas, la bande boisée absorbe le taux de mercure et de l’hydroxpyrene se dégageant des volutes et particules émanant des gaz nocifs de celle-ci, en plus du fait que ces arbres constituent le poumon oxygénant de l’ensemble des villages avoisinants.
Leur disparition entraînerait un taux supplémentaire de maladies infectieuses à développement cancérigènes, est-il souligné. Ces derniers enchaînent, en rappelant, que la perte de cette biodiversité générée par la présence des ces arbres aurait des conséquences irréversibles sur les nappes phréatiques sachant que les méandres racinaires stabilisent les sols et maintiennent le cycle des nutriments favorables à la biodiversité.
En conclusion, outre l’absence d’information à la population au sujet de ces projets, telle que prévue par le code communal, il est mis un accent sur les études de faisabilité ou de dangerosité du projet de destruction de la bande boisée, conformément au plan d’aménagement côtier et au plan d’aménagement de la méditerranée, lesquelles n’ont pas, également, été portées à la connaissance des citoyens de ces communes.
L’un des animateurs de ce mouvement de contestation, qui s’est déplacé à nos bureaux, rappellera les propos du Premier ministre et du ministre chargé du Tourisme lors de leurs visites respectives dans la wilaya de Béjaïa. Selon notre interlocuteur, ces responsables du gouvernement ont fait part de leur vœu d’encourager l’investissement touristique mais tout en respectant le caractère de la forêt et en la sauvegardant. Ce qui laisserait entendre qu’aucun déracinement d’arbres ne sera toléré.
A. Gana