7 Février 2016
Source Web
Le directeur général de l'Agence nationale des déchets (AND), Karim Ouamane, estime que «le tri et la valorisation des déchets pourraient générer des gains économiques de plus de 56 milliards de dinars par an»
Les idées pour s'enrichir en Algérie ne manquent pas. Quelques-unes sont toutes simples. Il suffit d'être plus attentifs que les autres pour voir les trésors devant lesquels tout le monde passe tous les jours sans les voir. Nos jeunes devraient y prêter plus d'attention. Il s'agit de...
Initiatives. Nos jeunes et même les moins jeunes qui veulent s'enrichir devraient s'intéresser de plus près à un moyen insoupçonné jusque-là. Qui ne saute pas aux yeux. Bien au contraire! Quand on évoque les ordures ménagères c'est le côté répulsif qui domine chez le commun des mortels. Le sujet n'est évoqué que pour relever l'organisation des services chargés du ramassage. Ou encore pour stigmatiser l'indiscipline des citoyens qui déversent leurs déchets n'importe où et n'importe comment.
Toujours avec un mouvement de recul et une grimace mimant la nausée. Pourtant un autre regard est conseillé aux plus entreprenants parmi nos jeunes en quête de créneaux juteux en termes de création d'entreprises.
Ce regard peut se résumer ainsi. Les déchets en général et les ordures ménagères en particulier sont une matière première qui s'offre gratuitement et en abondance à une industrie méconnue dans notre pays. Le directeur général de l'Agence nationale des déchets (AND), Karim Ouamane, estime que «le tri et la valorisation des déchets pourraient générer des gains économiques de plus de 56 milliards de dinars par an». 5600 milliards de centimes qui sont jetés annuellement et qui pourraient être ramassés par ceux qui sont à l'affût des sources de richesse.
Quelques-uns ont déjà ciblé ces gains. On les rencontre tôt le matin, autour des dépôts d'ordures des quartiers ou des cités. Souvent ils viennent en camionnettes. Les uns prennent tous les objets en plastique qu'ils vendent par la suite aux transformateurs. D'autres prennent les quantités scandaleuses de pain pour les commercialiser en aliment du bétail. Non seulement, ils ne sont pas nombreux comparés au filon, mais de plus, d'autres matières, considérées comme déchets, sont négligés. Toujours selon l'étude de l'AND «les déchets ménagers des Algériens sont composés à 54% de déchets organiques, 10% de papiers, 13% de textiles et 17% de plastiques».
Tout a un prix. Y compris les déchets organiques. Il suffit seulement de penser à leur transformation. Il serait faux de croire à l'idée que leur manipulation puisse être rebutante. Des équipements existent à tous les stades de cette production pas comme les autres. Du ramassage au produit fini transformé en passant par le tri.
Rien ne se fait à la main. Ou si peu avec des gants de protection spécifiques. En réalité, nous sommes là au coeur d'une PME qu'il suffit de créer, dans le cadre de l'Ansej ou de l'Angem. C'est dans ce sens qu'un autre responsable du ministère de l'Environnement affirme, à juste titre, «qu'il faut considérer cette activité (la gestion des déchets) comme une opportunité économique et sociale, permettant de contribuer à réduire la dépendance des hydrocarbures et contribuer à la diversification économique».
En plus de la gratuité de cette matière première qui se ramasse, l'Etat aide et fournit toutes les facilitations à ceux qui veulent se lancer dans ce créneau. Son intervention se justifie par la diversification industrielle en cours, mais aussi par la création d'emplois que cela entraîne. Pour se lancer dans une telle création d'entreprises, nos jeunes trouveront, sur Internet, toutes les informations, les équipements et les débouchés du traitement des déchets. Ils trouveront également les prix des équipements nécessaires.
Les fabricants de ces équipements. Ils pourront ainsi constituer leur dossier et présenter leur projet aux organismes de crédit. Il leur faut chasser l'image du ramasseur d'ordures et voir plutôt celle du véritable patron d'entreprise qu'ils peuvent devenir grâce au recyclage et aux traitements des déchets. Si jusque-là nous n'avons vu que les jeunes créateurs d'entreprises, les industriels déjà installés ne sont pas exclus pour des projets plus importants. Toujours dans ce même créneau. Dans la transformation du papier. Du textile. Dans l'incinération des déchets hospitaliers. La panoplie et les choix sont grands. Chaque année, notre pays «produit» plus de 13 millions de tonnes de déchets. 13 millions de tonnes qui ont une grande valeur marchande incontestable. Une fortune qu'il suffit de prendre en faisant l'effort de se baisser. Sans rien payer!