5 Septembre 2016
Chapitre huit
Une justice à deux temps pour un monde bi-polaire?
ou les dangers pervers d'une Justice climatique "Nord-Sud"
Comment appliquer la notion de Justice mondiale à l’idée assez contemporaine de Climat global ? La question n’est pas du tout triviale à se poser ; surtout quand on sait à quel point le paramètre de changement climatique s’impose à notre Siècle en devenir. On parle bien ici de sauver l’espèce humaine actuelle d’une tradition consumériste qui aura enflammée tous les cours du pétrole du siècle dernier. Continue encore à embraser jusqu’à l’air que l’on respire ; de ses vapeurs assassines, invisibles comme des morts éthérées.
Aussi, la question climatique fait à ce point l’objet d’un véritable régime ; et cela depuis plusieurs décennies déjà. Social, économique, tant que géopolitique, Il s’articule autour d’un long et laborieux processus de négociations climatiques internationales. Mais elles sont aussi fortement multipolaires, voire bi polaires à bien des égards. Deux pôles de vision dela Justice, mais aussi deux centres d’influences et d’intérêts semblent autant se rencontrer que s’opposer autour de cette table ronde, dont le centre cardinal est pointé sur le Climat, certes, mais pas seulement. Les enjeux financiers et géopolitques sont colossaux et durables dans le temps.Pour ceux qui sauront tirer partie d'une telle crise mondiale; pour en faire une opportunité nationale, locale, et parfois même, malheureusement, en tireront des avantages purement égoïstes...
Dans ce dialogue international, les nations qui y participent n’ont pas toutes les mêmes consciences et capacités d’actions. Face à ce qui ne peut être qu’une réalité mondiale soumise à des contingences locales. Le régime climatique mondial aspire à faire en justice ce que la climatologie globale aura imposé à nos météorologies nationales. Une nouvelle grille de lecture, et donc, en quelque sorte, de valeurs.
Mais comment peut-on rendre vraiment, par exemple, « éco citoyen », toute la planète? Là où le respect et la responsabilité du citoyen même est soumise d’abord à la condition d’un environnement morale digne de ce nom. Qui sera en vigueur dans la nation où il ne fait plus qu’habiter sans ces conditions; au lieu de s’appliquer à l’habiter comme une maison ethnique. Le foyer protecteur et rénovateur de traditions millénaires qui ne doivent ni céder à un certain millénarisme, ni encore moins persister en nous dans leurs plus archaïques manifestations.
J’aimerais prendre, maintenant, un peu de temps pour insister à nouveau sur le caractère très conflictuel que pourrait impliquer une telle bipolarité, un peu trop affirmée. Diviser le Monde en deux hémisphères géopolitiques, n’est-ce pas aspirer à mieux régner sur le Tout sans jamais gouverner officiellement l’ensemble ? Quelle Utilité, autant morale que légale, pouvons-nous admettre à une telle globalisation vorace? De ce qui devrait être mondialité harmonieuse.
Entre le Sud et Le Nord, de par justement le contraste climatique qui les oppose naturellement, ce ne sont le plus souvent que des mauvais vents qui circulent ! Pourquoi ne pas considérer le Monde dans son vrai ensemble? Dont chaque cardinal porte en lui son lot de vertu et de légitimité ; autant que d’injustice ou d'égarement. De ces quatres pôles de l'Humanité des grandes civiisations ont connu des ages d'or pour un jour s'éffondrer. Aucune de nos cutures ne porte, à mon humble avis, la tradition complète d'un bien-être humain durable à l'infini!
Il faudra certes mobiliser et acquérir toutes les innovations des nouvelles technologies de pointe, venues essentiellement du Nord, pour résorber de tels écarts naturels. Mais pas seulement, il me semble.
Il est nécessaire d’ancrer les piliers d’une Morale internationale dans nouveau paradigme de société mondiale, pour relever tel défi. Evoluer, ensemble, vers une modernité où la variété n’est pas divergence, mais une richesse à cultiver. Un peu comme, une fois une théorie de l’harmonie établie comme architecture de l’ensemble Jazz, tous les jazzmen de la planète peuvent exprimer leur individualité ; improviser ou communier autour de thèmes devenus ainsi constamment remis au goût des époques de leurs interprètes...
Le fait est que, pour l’instant, ce sont bien ces deux camps qui sont généralement les plus évoqués. Pour qualifier, notamment dans les médias , deux blocs climatiques les plus substantiels parmi les nombreuses alliances diplomatiques qui se déroulent et s’annulent au grès des intérêts de chaque géopolitique de tel ou tel bloc climatique. Face à l’évolution des débats ainsi que de la réalité du changement climatique global, les positions se font selon des stratégies parfois aussi changeantes que la météo d’une région peut varier d’un jour comme d’un endroit à un autre.
Mais une certaine culture persiste, on s’acharne, encore, il me semble, à vouloir semer souvent du blé là où ne doit plus pousser que des figuiers, ou des oliviers. Depuis que le fameux Nord en question aura pris un fulgurant avantage sur le Sud en développant l’imprimerie et donc l’industrie avant tout le Monde.Parce que le Sud persiste à jouer selon les règles d'une morale qui avait déjà légitimisé son asservissement total au nom du Progrès industriel. Sans créer son propre langage, imposer ou se réappropier ses symboles de justice . Aspirer à devenir juge de son destin et non seulement réclamer la réparation de la victime éternelle.
Un développement durable actuel qui serait volontairement inscrit dans une telle polarité d’esprit me parait si peu légitime envers l’idée que l’on pourrait se faire de la Justice universelle.
Archaïque opposition qui unie le « développé » aux "damnés de la terre". Le Nord des fortunés au-dessus d’un tiers-monde dont la boussole devra toujours pointer en sa direction, même pour le renier. Perdre le Sud n’a jamais voulu dire perdre la raison ou s’égarer dans la langue défendue par Molière...Cela relève bien d’un état d’esprit certain. Tel Homme avisé, saura toujours que c’est au Nord que se réfère essentiellement l’instrument dont il use ; même pour s’enfoncer dans le Sud le plus profond pour le conquérir. Etoile du Nord, étoile Polaire, une certaine astronomie économique semble se développer en de larges et infinies spirales de croissances continues.
Le Sahara, par exemple, aura longtemps rendu cette Justice aux apprentis aventuriers venus de l‘extrême Nord pour le conquérir. En les déboussolant, tant que physiquement ou mentalement. Jusqu’à ce qu’une légion de Lawrence d’Arabie n’apprivoisent les hommes du désert en de pittoresques caricatures hollywoodienne du déclin « Arabe » ; plus d’ailleurs que de l’apogée d’un monde musulman qui, bien au-delà de toute considération religieuse, aura rendu la distance qui sépare Tanger à Jakarta, celle de l'écho d'une profession de foi raisonnant à travers le Monde. Aujourd'hui ce monde "arabe" "fantasmagorrible s'est plié à l'appel d'un seul maître. La même quanbtité rendue divine par nos vides intérieurs, échos d'une réalité creuse, comme le fond d'une mine abandonnée, pourtant encore riche en ressources. Le développement intérieur est infini; certes à l'échelle de nos vies humaines il est loin d'être éternel.
Que penser au bout du compte de la justice possible pour un développement durable où l’émergence économique se compte le plus souvent en sacrifice social et environnemental aigue ? Surtout pour les pays du Sud qui auront su en relever le défi écocidaire afin d’émerger dans cette réalité économique. La Chine, en ce sens, est un des pays les plus emblématiques de toute l’Injustice climatique de notre actuel développement mondial. Autant, en tant que coupable évident, que de victime presque consentante d’une telle fatalité qui n’est que manière d’être fatale ; et non chose éternellement avérée. Se pencher sur l’exemple de cette « Supernation «, ainsi que de son rapport à la Justice climatique, cela ne pourra que nous aider à nous positionner même en tant qu’Algériens ; non pas seulement du point de vue de la légalité internationale, mais aussi d’une Morale climatique qui doit unir toute l’Humanité face un péril commun en toute équitabilité.
Pour l’instant, et ce n’est pas détail que de la poser, une autre question pourrait naturellement nous venir à l’esprit à ce propos. Une telle Justice économique pourrait a-t-elle être assez juste, au point d’aspirer à la laisser réguler jusqu’au Climat mondiale de manière juste et équitable ? Doit-on faire confiance à cette même vision de Justice qui semble considérer le Marché mondial comme une véritable force de la Nature capable de faire même « la pluie et le beau temps » sur Terre ? Une Bourse carbone? Est-ce cela la Justice climatique proposée par le régime climatique onusien? Un tantinet trop de morale protestante anglosaxonne me parait venir parasiter cette vision qui veut que la fortune matérielle est une récompense divine des plus apparentes et donc incontestables. Le Riche est toujours plus juste que le pauvre dans cette tradition, parce qu'il aura su être "juste" l'Argent.
N’est-ce pas aux mêmes types de juges que nous allons confier le poids d’une telle Justice ? Ceux et celles-là même qui considèrent les lois du Marché animée une « main invisible » et sacrée ? Qui fait toujours bien les choses, tant qu’on peut les quantifier. Ils vont diront qu’il ne faut surtout pas réguler une Jungle, et que leurs œuvres appliquent une des lois que le Darwinisme social a rendu la plus universelle sur la Planète : la loi de la Jungle, qui est censée place r le prédateur au sommet du Trône des lieux. Mais que, en ce qui concerne le climat, il faudra leur laisser faire justice.
Le régime climatique qui aspire à gouverner cette question de Climat mondial, est-il vraiment entre les mains de l’intérêt mondial de l’Humanité ? Ou bien sous la coupe de quelques habiles joueurs dont les cartes les plus précieuses n’ont pas encore été dévoilées ?
Voilà, il me semble, le premier péril potentiel, à considérer le Climat comme un des éléments du critérium universel pour une Justice mondiale auxquelles les toutes sociétés modernes devraient aspirer. Une quantité de degré, qui serait elle-même la conséquence d’une plus incommensurable quantité d’émissions, à leur tour réactions de quantités actions humaines industrielles. Ce chiffre, cette norme, pourrait-elle forcement être atteinte ou espérée ? Dans un Monde forcement juste pour l’ensemble de l’Humanité ? Une guerre zéro victime ou zéro carbone sera-t-elle pour autant juste ? J’espère que non.
Nous avons très souvent parlé ensemble de l’Ethique et la Morale comme une des deux tranchants de la Justice. Avec l’idée d’une Justice climatique, régie par un régime de gouvernance mondial, en fonction de critères de quantités d’émissions et de qualité de température, ne risque-t-on pas d’aspirer à rendre la morale mathématique ? Un peu à la manière de l’utilitarisme le plus primaire et le moins assimilé. Puisque le Climat est un bien commun radical entre tous nos pays, alors rien ne sera plus juste selon ce même discours justicier. Quitte un jour à rendre légitime moralement toute loi ou action injuste qui se contentera d’être à faible émission carbone. Cela est certes une supposition quelque peu exagérée, mais il ne devrait pas être déplacer d’envisager le pire pour identifier le meilleur...
Nous avons donc encore bien du chemin avant de venir au bout de ce dossier.Mais, il me semble que la question est assez importante pour nous accorder une petite pause....
A suivre....
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