ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )
6 Décembre 2016
Le chemin à parcourir sera long, pénible et semé d’embûches. En effet, au moment où les exploitations agricoles capitalistes (au sens financier du terme) se mettent en place un peu partout en Algérie, au moment où les vendeurs d’intrants de tous types voient se profiler à l’horizon de confortables bénéfices sonnants et trébuchants, voilà qu’on vient leur parler d’agroécologie (à ne pas confondre avec l’agriculture biologique) et de permaculture.
Les paysans avec leur agriculture familiale (majoritaires) n’y entendent pas grand chose à ces discours, je l’ai encore vérifié la semaine dernière en interviewant des maraîchers de Saida qui ne jurent que par les engrais, les semences importées et toutes sortes de « Dwa » ou pesticides, fongicides et autres herbicides. Nous ne perdons pas espoir de convertir nos fellahs à une agriculture plus respectueuse des sols, des écosystèmes locaux, des cours d’eau et enfin de la santé humaine.
Nous préconisons de prendre le problème par l’autre bout : si le consommateur algérien exige des produits frais de qualité et favorise par son acte d’achat les producteurs labellisés « verts » et non pas « Bio », ce paysan sera prêt à reconsidérer sa position envers l’agroécologie qui exige de lui plus de travail et plus de temps sans nécessairement augmenter ses revenus dans un premier temps.
Comme nous l’avons dis par ailleurs, l’agroécologie n’est pas une mode romantique ou une lubie de bobos, c’est une réalité imposée par les constats fait à travers le monde entier : l’agriculture et l’élevage intensifs, dépendants de la chimie industrielle et des semences OGM (en certains endroits) ont dégradé, pollué et appauvri les sols tout perturbant fortement les cycles de régulation des différents écosystèmes, du climat et en mettant en danger la sante publique.
Réseau Saida Nature propose ce qui suit :
1 – Une première étape consiste à demander aux pouvoirs publics de mettre sur pied une véritable chaîne de laboratoires de contrôle de qualité des produits agricoles, des sols et des eaux utilisées dans la production agricole à travers tout le territoire national.
2- Le ministère de l’agriculture doit demander à des experts un rapport circonstancié et exhaustif sur l’agriculture algérienne actuelle avec l’obligation de présenter une série de mesures à prendre à court et moyen terme pour développer une agriculture respectueuse de l’environnement et de la biodiversité dans son acceptation la plus large.
3- Un état des lieux concernant les semences céréalières et potagères utilisées en Algérie doit être réalisé en urgence afin que l’on sache exactement ce que mangent les algériens. Les variétés de semences locales doivent être encouragées dans le cadre de la protection de la biodiversité génétique des semences algériennes.
4- Les unités de fabrications d’aliments de bétail doivent être rigoureusement contrôlées afin d’éliminer toute véléité d’utilisation de graines génétiquement ou chimiquement modifiées. Les importations de soja et de maïs doivent être contrôlées plus rigoureusement au niveau des ports où seront implantés des unités de contrôle pouvant détecter des semences OGM et/ou hybrides.
5- Des labels seront crées pour différencier les différents type d’exploitations agricoles et leurs productions: Agriculture traditionnelle, agriculture biologique, Agriculture écologique.
6- Les pouvoirs publics doivent encourager par des mesures incitatives réelles (Crédit d’impôts, prêts bonifiés, priorités diverses, etc.) les agriculteurs maraîchers à adopter l’agroécologie.
Cette liste n’est pas close et d’autres mesures peuvent être prises pour assainir l’agriculture algérienne et l’encourager à devenir plus respectueuses de l’environnement et de la biodiversité.
Par Hassen Ksantini