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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

Lausanne aspire à devenir la capitale mondiale de l'agriculture urbaine...

Par Cindy Mendicino

«C’est mon ambition politique. Un choix du cœur, mais aussi de la raison.» Natacha Litzistorf l’a annoncé lors de la présentation du programme de législature de la Ville de Lausanne, elle veut faire de la ville la capitale suisse de l’agriculture urbaine. «Il y en a d’autres dans la compétition, souligne-t-elle. Mais nous pouvons y arriver!» La municipale Verte du Logement, de l’Environnement et de l’Architecture sait de quoi elle parle. «J’ai beaucoup travaillé sur ce thème dans mon activité précédente, et déjà en collaboration avec la Ville de Lausanne.» L’ancienne cheffe de l’association Equiterre précise: «La réflexion a commencé bien avant que j’arrive à la Municipalité! Je veux étoffer.» Explications.

Qu’est-ce que l’agriculture urbaine?
La première fois que j’en ai parlé avec un professionnel, Jacques Bourgeois, il m’a dit: «Qu’est-ce que c’est que cette bête? Arrête! L’agriculture c’est nous et ce n’est pas urbain.» Il n’est évidemment pas question de la remplacer. Mais de venir en complémentarité. A l’inverse par exemple des urban farmers à Zurich, qui visent la capacité à nourrir et l’autosuffisance. L’idée est plutôt de sensibiliser à nouveau les gens, tant à la fonction nourricière qu’au rôle paysager de l’agriculture. En Suisse, à part les montagnes, le paysage, ce sont les paysans qui le façonnent! Et puis on sent bien, depuis une petite dizaine d’années, que l’envie croît de cultiver au pied de son immeuble et sur son balcon.

D’où vient la tendance?
Il y a 10 ans, à Genève, nous avons essayé d’introduire des potagers urbains. Ça n’avait aucun écho, ça ne disait rien aux gens. Il y a eu une bascule peu de temps après, notamment en raison des scandales liés à l’industrie alimentaire. Les lasagnes de cheval, le poulet aux hormones… On a progressivement voulu s’intéresser à la provenance. Avec ça, il y a aussi le bio. Et les potagers urbains marchent bien parce que chacun y apporte ce qu’il veut. Certains y vont pour rencontrer leurs voisins, d’autres pour cultiver une partie de leur nourriture, d’autres encore pour se détendre. Cette activité balaie un large spectre.

Lausanne compte déjà une quinzaine de ces potagers. Vous voulez en faire plus?
Oui. Mais je veux surtout intégrer dès le départ la population du quartier et construire directement avec eux. Cela a déjà été fait à Valency et ça a très bien fonctionné. C’est essentiel. Les gens se l’approprient, le façonnent comme ils le souhaitent. On se bat beaucoup moins pour la répartition des parcelles, notamment. Mais il n’y a pas que les potagers dans l’agriculture en ville. J’entends aussi énormément encourager la végétalisation des toits et des façades. Au-delà du côté esthétique de ce type d’aménagement, cela permet d’atténuer les îlots de chaleur. Ça a un impact écologique clair. C’est aussi au niveau de la planification urbanistique que les choses doivent évoluer. Aujourd’hui, quand on pense un quartier, on commence par les immeubles. Et on sait très bien le faire. Mais j’aimerais qu’on pense d’abord le vide, l’espace public. Et la place que l’agriculture pourrait y tenir. Dans l’ensemble de l’agglomération, il existe tout un réseau de compétences en la matière. Je veux lier tout ça.

Vous avez aussi annoncé vouloir intégrer le monde académique à votre démarche.
Je pense qu’il faut impérativement avoir une hauteur de vue sur ce que nous faisons. Ne serait-ce que pour évaluer ce que nous mettons en place. Quand on lance un potager urbain, on dit toujours que ça va favoriser le social, l’environnement… il faut pouvoir vérifier l’impact qu’ont ces politiques publiques. On sait par exemple que les potagers agissent aussi fortement sur le comportement alimentaire des gens. Ils n’achètent plus de la même manière. Et ça, ça peut intéresser les paysans!

Lausanne pourrait-elle aussi devenir un laboratoire en la matière? Permettre aux chercheurs de tester des techniques?
Lausanne pourrait en effet devenir une sorte de vitrine de l’agriculture urbaine. Un lieu de test, en intégrant notamment ce qui se fait en matière de réflexion sur l’aspect énergétique de l’agriculture. Avec l’UNIL et l’EPFL, nous avons tout sous la main. Mais il y a aussi évidemment le lien que nous devons renforcer avec les agriculteurs de la région. Nous avons beau être une grande ville suisse, il y a encore pas mal de fermiers à Lausanne. Mon but est de les convertir à une agriculture de plus en plus biologique.

Comment allez-vous vous y prendre?
Pas du jour au lendemain, bien sûr. Il y a encore huit agriculteurs rattachés à Lausanne. Leurs pratiques respectives en la matière sont très hétérogènes. Et l’idée n’est vraiment pas de les brusquer. Je sais bien que ce milieu subit une très grosse mutation. Ce que j’aimerais, c’est organiser les maillons de la chaîne pour une agriculture de proximité. Renforcer les réseaux entre eux, revoir l’acheminement, faire en sorte qu’ils nourrissent encore plus de Lausannois. Avec eux, mais aussi avec des partenaires comme les cuisiniers, la restauration collective ou encore Lausanne à Table. Tout est là, il reste à en faire une vraie politique publique!

Comptez-vous aussi élargir votre action au-delà de la commune?
C’est une autre ambition, oui. J’entends développer le dialogue entre les acteurs de ce milieu, les fédérer. Par exemple entre l’Union suisse des paysans et Uniterre. Je veux poser les bases d’une politique nationale en matière d’agriculture urbaine. Et mettre en place un réseau des villes. Genève est intéressée. Il est en outre clair que tout cela ne pourra pas se faire sans travailler dans le cadre de partenariats publics-privés. (24 heures)

(Créé: 28.12.2016, 07h01)

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