ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )
10 Avril 2017
Par Hassan EL ARIF | Edition N°:4972 Le 02/03/2017 |
Malgré la détermination des pouvoirs publics pour en finir avec les sacs en plastique, la résistance continue. Le produit banni est toujours utilisé dans certains segments du commerce. Pourtant, huit mois après l’interdiction des sacs en plastique, les contrôleurs des ministères de l’Intérieur, de l’Industrie et de la Douane n’ont pas baissé la garde.
Et le comité de suivi continue ses réunions périodiques pour dresser le bilan et décider des actions correctives. Le dernier s’est réuni, hier mercredi 1er mars. Les sources d’approvisionnement n’ont pas tari et les cours ont flambé du fait de la forte demande. «Le Maroc tolère officiellement la contrebande vivrière. Mais elle constitue le deuxième principal fournisseur de sacs en plastique. Si l’on compte en moyenne 5 kg de sacs par jour pour chacun des 70.000 contrebandiers, on arrive facilement à 350 tonnes. Soit plus de 100.000 tonnes par an», explique un industriel. Par conséquent, tant que la contrebande n’a pas encore été prise en charge par le gouvernement, elle continuera d’alimenter le commerce en sacs en plastique et autres produits interdits ou non conformes.
Lors de sa réunion, le comité de suivi a été surpris d’apprendre que des sacs en plastique, conformes à la norme marocaine, avec des inscriptions en arabe, ont commencé à faire leur apparition via la contrebande. Ils seraient fabriqués par une usine dans le sud de l’Espagne.
Le circuit informel comprend également les unités industrielles clandestines qui n’ont toujours pas été identifiées. Après l’interdiction des sacs en plastique, et le retard pris par la mise en place d’une alternative adaptée à tous les types de produits (vrac, poisson, boulangerie, confection…), la demande s’est accrue. Auparavant, les industriels devaient produire 3 kg pour gagner 45 à 60 dirhams, à présent, ce montant représente le prix d’un seul kilo.
Après l’adoption d’une norme obligatoire, les sacs de congélation ont disparu du marché. Pour le moment, aucune usine n’est capable d’en produire selon les spécifications réglementaires. A terme, le ministère de l’Industrie pourrait supprimer les droits d’importation pour faciliter l’approvisionnement du marché.
S’installer hors du contrôle
Le ministère de l’Industrie a mis en place un fonds de 200 millions de dirhams pour la reconversion des usines qui le souhaitent. Sur les 70 entreprises éligibles, 16 ont déposé leur dossier pour bénéficier d’un accompagnement du gouvernement. Certains opérateurs ont déjà reçu la deuxième tranche de la subvention. Selon nos informations, d’autres ont retiré leur demande et ont procédé à leur reconversion avec leurs propres moyens financiers. Il faut rappeler que pour bénéficier des deniers publics, il faut être en situation régulière envers le fisc et la CNSS au cours des trois derniers exercices. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Certaines unités industrielles ont fermé boutique. Elles sont soupçonnées d’avoir basculé dans l’informel en s’installant hors du contrôle et continuent d’approvisionner le marché.
Des enquêtes sont en cours pour les retracer. Une hausse inexpliquée de la consommation de l’électricité, par exemple, permettrait de les localiser.
Par ailleurs, l’interdiction des sacs en plastique a généré un nouveau mode de distribution. Auparavant, les commerçants s’approvisionnaient auprès de grossistes ayant pignon sur rue. Les livraisons se font maintenant à la sauvette. A ce niveau, le comité de suivi veut assécher les sources d’alimentation du commerce que sont la contrebande et l’informel.
Les grandes surfaces commerciales et le commerce de proximité se sont déjà conformés à la loi malgré des résistances éparses. Mais le gouvernement peine à trouver une solution pour les marchands ambulants, qui continuent d’utiliser le sac en plastique. Ce qui constitue une infraction aggravante pour leur activité qui reste illégale.
Outre l’assèchement des sources d’approvisionnement, le gouvernement doit aussi faire face aux multiples formes de détournement des sacs autorisés, notamment industriels. Les exemples les plus significatifs actuellement restent les sacs utilisés pour l’emballage des articles de confection et les produits alimentaires. Le ministère de l’Industrie est en train de verrouiller le circuit de distribution pour que ces sacs soient livrés directement aux usines, sans passer par les intermédiaires.
La soumission des importations de matières premières à la formalité de l’autorisation pourrait être étendue à certains sacs industriels, actuellement objets de détournement. En tout cas, le dispositif a permis d’avoir une meilleure traçabilité des importations. Depuis son instauration en octobre 2016 à fin février 2017, il a été importé 54,8 tonnes de matières premières par 122 sociétés. Sur ce total, 38 tonnes sont destinées à la propre consommation des importateurs et 16,8 tonnes à la revente.