ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )
3 Septembre 2017
En Algérie, comme un peu partout ailleurs dans le monde industrialisé, les termes « recyclage » et « valorisations des déchets » sont régulièrement utilisés par nombre de militants ainsi que d’acteurs institutionnels de la protection environnement ; parfois même de la part d’une certaine catégorie d’entrepreneurs. Dans leurs discours et plaidoyers médiatiques, le plus souvent, de tels procédés sont annoncés comme étant la panacée des solutions radicales à activer contre l’accumulation des ordures sur la voie publique, ainsi que dans nos campagnes. Tous volontaires, certains très intéressés, à faire évoluer l’économie nationale du 21ème siècle vers un développement durable, et donc plus écologique de la société algérienne. Beaucoup en parlent, citent tel ou tel pays étranger pour exemple incontournable en la matière. À un certain juste titre, tous déplorent l’absence quasi-totale d’un tel savoir-faire ou d’une pareille culture en Algérie.
Mais, sait-on toujours de quoi il est vraiment question quand on parle de recyclage ou de valorisation ? Est-ce que nous sommes forcement condamnés, une fois n’est pas triste coutume, à en importer seulement la technologie auprès de pays plus évolués (industriellement) que nous ? N’existe-t-il pas déjà autour de nous des solutions moins techniciennes pour endiguer un tel fléau ? Notre retard en matière de gestion de déchets n’est-il pas justement la conséquence d’une certaine amnésie collective, elle-même à l’origine de mutations profondes dans notre sociologie environnementale ?
Tout d’abord, on devrait se rappeler plus souvent que dans l’ordre de valeur d’une gestion en bonne intelligence des déchets, leur recyclage, ainsi que leur valorisation n’apparaissent qu’en dernière position du fameux triptyque « Trois R ». En premier lieu, il s’agirait de Réduire la quantité de fabrication de ou de stockage de ces déchets. Puis viendra la prérogative de Réemployer un maximum d’objets au lieu de les jeter systématiquement dès qu’ils nous paraissent inutilisables, soit par défectuosité, soit, plus trivialement, pour des raisons purement d’effet de mode.
Ensuite, et seulement après avoir veillé à accomplir ces deux actions en amonts, alors il sera d’autant plus pertinent et judicieux de s’atteler à Recycler ainsi qu’à la valorisation des objets ou matériaux qui n’auront pas sû être réutilisés par une économie du déchet vraiment circulaire et socialement intégré. Le recyclage n’est donc pas la meilleure des solutions en soi, mais plutôt un procédé d’ultime nécessité. On peut dire d’ailleurs, au passage, la même chose des C.E.T (centre d’enfouissement technique) qui ne devraient servir qu’à traiter les déchets ultimes et en aucun cas systématiquement à enfouir ceux qui auraient pu ne pas atterrir dans une décharge sauvage avec une politique plus performante et intégrée de gestion des déchets.
Les confusions que nous faisons d'ailleurs et pour la plupart entre le recyclage, la valorisation des déchets, ainsi que le réemploi ou la réutilisation d’objets sont sûrement pour beaucoup dans cet oubli de notre part.
Le recyclage, est un procédé de traitement des métaux, plastiques, déchets (déchet industriel ou ordures ménagères) permettant de réintroduire, dans le cycle de production d'un produit, des matériaux qui composaient un produit similaire arrivé en fin de vie, ou des résidus de fabrication. La valorisation recouvre toutes les actions visant à isoler et à récupérer dans les déchets des matières premières dites "secondaire", ou de l’énergie : on parle de valorisation matière ou de valorisation énergétique. Le réemploi, lui est l’utilisation d’un déchet pour un usage analogue à son premier emploi, comme par exemple le réemploi des bouteilles de verre après lavage. La réutilisation, quant à elle consiste à récupérer un déchet pour un usage différent de son premier emploi. Ainsi des pneus usagés réutilisés en protection de bastingage pour les bateaux.
Une fois cette confusion réparée, il est donc possible d’aborder la question de la gestion des déchets avec un tout autre angle d’esprit et d’action. On peut par exemple considérer qu’il n’y a pas autant besoin de technologies de pointe et d’un système industriel de collecte de la ressource poubellière pour limiter leur production de manière rapidement drastique. Très énergivores, et gourmands en adjuvants chimiques le recyclage, de même que la valorisation des déchets, ne peuvent-il pas au passage générer également toute une autre somme de pollutions ? Certes, qui n’est pas aussi visible à l’œil nu, mais peut s’avérer parmi les plus cuisante pour notre santé ; à l’instar de celle de la qualité de l’air.
Il est possible de revenir avec une certaine modernité, à un temps où, nous, les sociétés dites « du Tiers-Monde » étions les championnes de la récupération, du réemploi ainsi que de la réutilisation d’une foule d’objets qui finissent à présent à la poubelle. Toute une économie de proximité, dans notre pays, a ainsi pu se développer jadis, par certes dépit, mais avec beaucoup d'efficacité et de créativité. Il sera question aujourd’hui de la renouveler à des fins de s'accorder au diapason d'une modernité de cette nouvelle ère humaine qui, sera écologique où n’aura pas lieu d’être. Imaginez que cette pratique est de plus en plus en vogue dans la même société qui nous a jadis considérés comme tiers-mondistes, notamment pour avoir largement eu recours à la récupération, la réutilisation, ainsi que le réemploi!
Il faut donc relancer cette dynamique en Algérie, inciter les consommateurs à retrouver le réflexe de toujours chercher à réparer un objet avant de le jeter. De chercher non pas seulement à acquérir la nouveauté, pour la nouveauté, mais de chercher aussi dans chaque objet usé l’opportunité de lui donner une seconde vie. Cela aura d’autant plus le mérite de favoriser la réémergence d’un artisanat dont les services auront une influence plus qu’anecdotique sur la quantité de déchets qui finiront à la poubelle.
Gageons que, en ces temps de vaches maigres annoncées, de dévaluation fracassante du dinar, de la chute aux abîmes du prix du baril de pétrole, la société algérienne sera beaucoup plus réceptive à de telles idées. Nous devrions donc dès à présent nous atteler à favoriser la création de micro entreprises activant dans ce sens. D’autant qu’elles auront beaucoup plus de chance de perdurer que ses nombreuses tentatives de P.M.E de récolte, ainsi que de soi-disant recyclage des déchets. Qui généralement ne survivent pas très longtemps à la réalité d’un secteur très hiérarchisé et monopolisé par une caste plus que jalouse de son activité...
Pour finir, soulignons que la question de l’obsolescence trop rapide de nombreux objets importés ou fabriqués en Algérie doit être beaucoup plus préoccupante dans une approche sincère de la gestion des déchets. Si nous revenions à une économie de réparation, d’entretien, de customisation, qui ferait de la longévité non pas un frein à la croissance continue, mais le socle d’un développement durable au sens noble et non pas seulement cosmétique de ce terme.