ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )
14 Octobre 2018
– Vous participez depuis années à des expéditions scientifiques en Méditerranée pour étudier les effets de la pollution marine par les microplastiques. Où en est-on avec ce que les scientifiques nomment le fléau invisible des océans ?
Les campagnes en mer et études «Expédition Med» s’orientent vers la connaissance de la «plastisphère» qui représente un nouvel écosystème composé de microorganismes et de bactéries potentiellement dangereux pour les espèces marines, y compris les cétacés et qui se développe sur les débris plastiques dans les océans.
Le projet «Pelagos Plastic Free 2018», lui, est basé sur la nécessité de réduire la pollution causée par les déchets plastiques en mer afin de limiter les impacts sur la santé des différentes espèces de cétacés : baleines, cachalots, grands dauphins, etc. vivant dans cette zone marine protégée.
– Et en Algérie, a-t-on pris conscience du risque de cette pollution qui est devenue une priorité environnementale au même titre que le réchauffement climatique ?
En 2014, le seul secteur qui nous avait soutenus lors de notre passage sur les côtes algériennes d’ouest en est avec le voilier de Expéditions Med est l’ex-ministère des Pêches. La ministre de l’Environnement de l’époque, Mme Boudjema, n’avait même pas daigné répondre à notre demande d’autorisation de prélèvement d’échantillons.
Une perte sèche pour la science en Algérie. Jeudi dernier (le 4 août ndlr) a été un jour historique pour la lutte contre les microplastiques. La Direction générale de la pêche et de l’aquaculture (DGPA) a accepté d’intégrer les analyses de microplastiques dans le réseau national de surveillance de la pollution marine qu’elle a créé en 2014.
Plusieurs acteurs, dont l’Agence nationale des déchets, la santé, le commerce, l’Ecole nationale supérieure des sciences de la mer et de l’aménagement du littoral (Enssmal), le Centre de recherche et de développement de la pêche et de l’aquaculture (Crdpa), l’industrie et bien évidemment les associations se sont également engagés à jouer le jeu pour étudier et prévenir le péril plastique en Algérie.
– Lutte contre la pollution marine et aires protégées marines (AMP) vont de pair, et dans le monde aujourd’hui on commence à enregistrer d’éclatants succès jusque dans les pays sans ressources. Où en est-on pour ce qui nous concerne ?
Deux Aires marines protégées (AMP) pour un pays avec un littoral comme le nôtre est un échec patent ! Là aussi, le ministère de l’Environnement et des Energies renouvelables fait fausse route en croyant qu’il peut piloter seul ce dossier sans impliquer les autres intervenants cités plus haut.
Il ne suffit pas d’inaugurer une AMP, il faut la gérer et de façon efficiente en impliquant les professionnels de la pêche, les associations et surtout les universités et chercheurs. L’échec de la gestion intégrée des îles Habibas à Oran en est hélas la preuve indéniable.
– Emir Berkane 39 ans, est diplômé de la faculté de médecine de Annaba et chercheur associé en écologie. Il est également plongeur en scaphandre. Il a fait ses classes avec Pascal Barnabé, recordman en plongée, qui deviendra son ami et binôme.
En France, il découvre la spéléologie, ce qui l’amène à piloter les six expéditions au lac souterrain de Bir Osmane, à Guelma, et celle du lac souterrain de Youkous, à Tébessa.
Il est le seul plongeur, puis le coordinateur dans les traversées scientifiques de L’expédition MED qui sillonnera en voilier la Méditerranée pour sensibiliser au risque des microplastiques. Il est membre de plusieurs associations nationales et internationales de protection de la mer, dont Probium.