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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

Ecologie politique en Algérie : quelle est notre voie?

L'écologie politique en Algérie est-elle envisageable? Et si oui, quelle doit être sa principale mission? Doit-elle être forcément un avatar de l'écologisme occidental? Quel pourrait être, au contraire, notre voie authentique   pour engager  notre pays  sur les chemins de la  civilisation écologique? 

L’écologie scientifique et l’écologie politique, si elles ne définissent pas exactement la même chose, parlent  cependant toutes les deux  du même sujet.  Sous deux angles  différents, certes, mais  qui ne sont en aucun cas foncièrement antinomiques. En effet, comme nous n'avons eu de cesse de  le rappeler dans  plusieurs articles plus ou moins récents, l’écologie est une science dure qui, depuis ses premières heures sociales,   a été intimement liée à des questions politiques.

Ce qui parait tout à fait logique, à partir du moment où l’on comprend que le sujet de l’écologie, en tant  que science de la vie, c’est l’habitat, l’habitant, ainsi que toutes les interactions sociales, les  transferts de matières, d’énergies et d’informations qui se déroulent au sein d’un même milieu. Au point que, avant même de parler d’écologie au sens où nous l’entendons, le terme « économie de la nature » a été souvent utilisé par les précurseurs de cette science nouvelle, à la fois produit et agent d’une nouvelle manière de concevoir le monde, qui a été largement influencée par les théories de penseurs et chercheurs  comme par exemple  Adam Smith  , Linné , Darwin   et Karl Marx , pour ne citer que ceux-là.

Hans Haeckel, lui même, père de la terminologie "écologie", a choisi son affiliation au mot "oïkos", la maison, afin de lui insuffler une certaine parentée avec l'approche de la nature. A vrai dire, depuis au moins les physiocrates français, l'économie n'a eu de cesse de vouloir se justifer comme étant inscrite  une dynamique naturelle, celle du marché, qui serait en quelque sorte le fondement même de la nature humaine et encore plus des sociétés modernes.  

Tous ces chemins de la pensée mènent au retour en occident du paradigme moniste, certes, sous divers  types de courants.  Ainsi, cette « nouvelle » manière holistique  de penser les choses vient abroger   des siècles d’un  dualisme occidental, qui s’est longtemps entêté à concevoir nature et culture comme deux dimensions à part entière difficilement réconciliables dans une même vision de la réalité.  

La politique, quand à elle, a toujours été en grande partie  une science  ainsi qu’un art de l’habitat et de l’habiter ;  puisque son champ principal d’action et de réflexion est littéralement la Cité, et donc le milieu  au sein duquel  les citoyens habitent et interagissent. A vrai dire, l’écologie politique, en s’appuyant notamment sur le concept d’écosystème, n’a fait qu’étendre le champ de gouvernance  à l’environnement ainsi que la nature, le rapprochant ainsi encore un peu plus de l’idée d’une gouvernance planétaire. Elle a fait basculer le centre de gravité de la question politique vers une polarité qui ne sépare plus  aussi aisément nature, culture et environnement.

Le terme d’écocitoyenneté, qui a vu le jour dès le début des années soixante dix du siècle précédent, a pris  quant à lui une ampleur sans précédent avec l’avènement du développement durable et de ses satellites conceptuels, tous axés autour de l’idée centrale de la « durabilité » et d’une « éthique du futur », pour rependre la formule du philosophe Hans Jonas, un des grands inspirateurs  d’une certaine écologie politique occidentale.

C’est donc logiquement que l’écologie et la politique doivent se rencontrer et cela si possible  à travers un projet à la fois de société et de communauté nationales. Société, parce que le respect des droits de l’individu sont un acquis de la  modernité des « Temps modernes ». Communauté, parce que le respect de ces droits ne doit pas nous faire oublier qu’il existe  pour l’individu des devoirs inaliénables  envers la communauté et  le bien commun ; qu’il serait contre-productif de considérer la chose publique dans une dichotomie similaire à celle qui sépare dans l’esprit des uns et des autres la nature de la culture.

 Aussi, entre les radicalités de l’écologie profonde et celle de l’environnementalisme, entre la « préférence naturelle » et la « préférence humaine », entre  l’éco-centrisme et le millénarisme scientiste,  l’écologie la plus intéressante devrait être celle d’un « juste milieu »  qui nous éloigne des tentations   de la dictature des  devoirs communs  tout autant que   celle des libertés individuelles. Ni socialisme, ni libéralisme, socialisme libéral, ni captitalisme d'état...

D’autant qu’un pays comme l’Algérie contemporaine  ne semble pas, justement,  avoir encore réellement tranché entre l'organisation  sociale  d’une société et celle d’une communauté. Pire, il semble que dans notre pays, on ait condensé le pire des deux  pour faire de l’Algérie un entre-deux asocial et apolitique difficilement corollaire avec la notion de convivialité, au sens propre comme à celui que le philosophe Ivan Illich lui a donné.

Ainsi, à l’aune de l’expérience du quotidien algérien, on peut affirmer que, d’un côté,  le  citoyen algérien, pour palier à son impuissance politique, s’est apparemment  cloîtré dans une bulle d’individualité , une forme d’égocentrisme de protection,  qui  lui  rend de plus en plus difficile la conscience du bien publique comme une propriété commune;   de même que  la perception de l’Etat comme une  véritable incarnation de la puissance publique. De l’autre,  la créativité de l’individu reste encore largement stérilisée, voire castrée, par une forme de conservatisme qui mélange des formes de  religiosités et traditionalismes qui ne sont pas du tout exempt de subjectivité politique et qui préfèrent toujours donner une prédominance à la forme et non au fond des choses.

Cette position entre le fer d’un individualisme stérile et l’enclume d’un conservatisme communautaire et  castrateur, rend la citoyenneté algérienne artificiellement incompatible avec l’idée de responsabilité environnementale.  L’Algérie est donc prisonnière  d'un esprit d' "anti-Habitat", d'une manière de ne pas habiter ou de ne pas être habité par la chose publique; ce qui favorise  surtout les confusions ainsi que les radicalismes. Au lieu de s’inscrire dans une volonté politique et sociale de faire de l’environnement algérien, au sens propre, comme au figuré, un « juste milieu »  dont le juste prix ne se compte pas seulement en PIB. 

De même que,  parce que la  modernité  des siècles précédents semble être devenue non plus  une dynamique  positive de changement ,  mais   porte plutôt  à présent en elle son lot d’inerties négatives, en se transformant en un isme caricatural  du changement,  cette « manière d’être moderne »  doit être elle aussi libérée de certains archaïsmes et anachronismes  dont le caractère négativement dépassé s’exprime de manière criante  dans ses effets négatifs  sur l’environnement. La modernité du 21ème siècle est celle du juste milieu dans sa formulation universelle, et de la voie de l’Oasis quand il s’agit de l’Algérie ou encore l'ensemble de l'Afrique septemtrionnale. 

C'est-à-dire celle d’une introversion qui n’est qu’apparente, comme celle de  l’Oasis. Car sans la route des caravaniers, une Oasis  n’est que très rarement durable, comme le mouvement et l’inertie  doivent se rencontrer  dans l’idée d’équilibre, comme le désert et le jardin cohabitent,  à l’ombre du palmier et sous les soins d’une intelligence humaine de la vie.  Cet équilibre n’est pas une stabilité, c’est une respiration, un mouvement circulaire, de transformations et de conservations inévitables de la matière dans tout processus de changement. Ce qui doit changer et ce qui doit être conservé, voilà aussi le juste milieu que l’écologie politique algérienne doit inventer, en s’inspirant des innovations présentes, passées et possibles dans le futur…

En Algérie, cette crise de l’identité collective, entre  une société sans ses avantages et une communauté qui n’aurait conservé que ses inconvénients, doit de ce fait  nous faire prendre conscience à quel point notre écologie est intimement liée à une réflexion politique autour de la question de l’habiter et donc de l’habitat;  ainsi que  d’une certaine  harmonie sociale. D’autant que l’environnement, tout comme l’économie, sont des notions qui ont-elles aussi des dimensions qui s’intègrent mutuellement. Un écosystème n’est pas tant une économie de la nature, l’économie est  plutôt une forme d’écosystème artificiel, et donc, parce qu’humain, forcement social et donc intrinsèquement environnemental et politique. N’est-ce pas  de ce fait dans  un effort  de redéfinir littéralement l’économie, comme une gestion responsable et stimulante  d’une maison  nationale commune, que réside la mission de l’écologie politique algérienne ?

Sans avoir posé les préalables d’une réflexion autour de cette identité collective,  qui s’incarnera dans une action  elle-même capable de se soumettre à la critique  de l’individu et de la communauté, l’écologie politique algérienne ne pourra  se contenter d’être qu’une forme de politique tronquée, à l’image de celle qui anime tout un système  si résilient en Algérie . Elle ne saura  faire que  semblant ou ne pourra qu’essayer en vain  de s’inscrire dans une démarche écologique. Est-ce ce que nous envisageons pour l’écologie politique algérienne ? Espérons que non…

L’écologie algérienne doit être celle d’un discours et encore plus d’une action politique qui saura participer à  sortir l’Algérie d’un dualisme stérilisant qui ne profite  à présent plus qu’aux adversaires d’un juste milieu algérien, les protagonistes du « dévorement durable » de notre pays.  Cet antagonisme, qui n’est même pas une dialectique, tant il s’est tranché au fil de toutes les travers des radicalismes infantilisants,  doit absolument être résolu  dans la quête d’un radical commun, d’une racine carré,  capable de  faire renouer  la chose publique  avec le bien commun, la spiritualité nationale  avec l’esprit du Siècle, la biodiversité algérienne avec la  variété et la diversité  de la culture algérienne, nos coutumes et traditions avec la modernité et non pas le modernisme.

C'est à travers cette réappropriation citoyenne  de l'Habitat, en tant qu'espace mais aussi éthique comportementale, que l'Algérie redeviendra  ainsi un territoire habité par un peuple d'habitants et non pas  seulement de résidents. C'est là que réside la principale mission de l'écologie politique algérienne. C'est dans le développelent d'un tel  élan, inspiré  par une telle dynamique économique, au sens de gouvernance vernaculaire,  un produit de la maison, que les antagonismes doivent être atténués.

La liberté des uns ne doit pas être menacée par la soumission des autres, la liberté des uns ne doit pas viser à soumettre la croyance des uns;  l'espace publique doit être à la fois un espace qui permet à chacun de vivre ses convictions tout en étant capable d'envisager la différence comme une source de richesse et non pas  un prétexte à tous les affrontements.Utopique? Peut-être pas, si l'on considère que la pollution n'a pas de préférence politique ou spirituelle. Elle touche à vrai dire  tout le monde et partout...Le mot, étymologiquement n'a la connotation qu'on lui connait que depuis le 19ème siècle. Avant un fameux proces où des juristes écossais vont l'utiliser dans le sens où nous l'etendons depuis, pollution signifie surtout la souillure d'un sanctuaire, d'un temple, d'un lieu sacré et relève avant tout du domaine de la spiritualité.

Penser l’ensemble et la particule en même temps, dans une logique de « système maison », d’Oikos, de Dar, d’Axxam, de  système convivial, de famille étendue. Une « Darologie », voilà la mission de cette écologie  qui  doit  non seulement nous libérer du dévorement durable de l’Algérie, mais aussi nous préserver des incohérences de l’écologie politique « occidentale », qui s’articule de plus en plus souvent,  entourée d’une enveloppe culturelle qui n’est pas en tout point compatible avec celle d’un pays nord africain.

L’écologie en occident tend de plus en plus à se transformer en une sorte de culte à la fois animiste et scientiste. Se développer, en 2021, cela veut aussi dire se libérer non seulement des dérives d’une  telle enveloppe , mais aussi de repenser le développement en profondeur, hors des sentiers battus de son ethnicité philosophique. Repenser  notre relation avec la technologie, armés de cette identité contre ses excès d'hétéronomisme;   de cultiver ainsi  une Algérie qui saura accorder le temps présent, passé et futur dans une modernité à la fois propre à l'Algérie  et universelle…

 

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