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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

Une écologie politique algérienne médiantale...

L’Algérie, à l’instar de toutes les nations du monde, peut être perçue à bien des égards comme un écosystème national.  On doit le considérer comme à  la fois biologique et culturel.  En élargissant le sens ainsi que la portée du terme, il est possible de concevoir un pays comme une écologie et donc le logos  collectif d’un  grand Habitat commun, à la fois publique et intime pour tous ses habitants.   

Pour cela il suffit de se rappeler la première racine de ce néologisme inventé au milieu du 19ème siècle, Oïkos,  terme grec qui désignait pour les antiques  un espace  autant physique  que  social. Un système « maison-foyer » dont la dynamique vitale dépendra en grande partie de la qualité des échanges ainsi que des interactions qui  s’y déroulent…

Cet Oïkos,   pensé ainsi à l’échelle de la république, est   devenu pour ainsi dire « méta domestique »,  c'est-à-dire  qu’il l’a pris une dimension qui dépasse de très loin le cadre du  foyer et de la famille. Le terme Economie, qui tire la même racine que le mot écologie, à en observer son évolution sémantique de plus près, incarne très bien tout ce qui rejoint et  différencie en même temps la nation de la maison, le peuple de la famille, l’économie domestique du gouvernement d’un pays.

Cependant,  malgré cette différence d’échelle, la nation, consciemment ou non,  n’en demeure pas moins une idée toujours imprégnée par les valeurs ainsi que les principes de la Maison, au sens large du terme. N’est-ce pas d’ailleurs ainsi, dans les premières heures politiques officielles de l’écologie, c'est-à-dire à partir du premier sommet de la Terre, en 1972,  qu’a été défini  son principal  cadre philosophique ?  Notre planète, maison planétaire, l’Humanité, grande famille internationale…

De ce fait, bien qu’il existe  depuis la nuit des temps néolithiques, certains  traits  humains invariables dans l’art et la manière d’habiter un milieu, il n’en demeure pas moins qu’il n’est pas justifié de normaliser de manière beaucoup trop universaliste la nature de cette maison, ainsi que la relation qu’elle entretien avec ses habitants, comment eux-mêmes la perçoivent et   y évoluent. De même qu’il n’existe pas un seul modèle universel  familial, de même que  dans ce Monde  moderne résolument  « technocratophile », qui aime tout simplifier et aseptiser au goût de ses propres critères de normalité et d’efficacité, il n’en demeure pas moins qu’il persiste  toujours quelques variables culturelle  encore indélébiles entre  toutes les écologies nationales du Grand Village Mondialisé.

Ainsi, aussi vitale que la biodiversité pour la santé des  sols, là où la monoculture appauvri tous les substrats et rend la Vie  sur  Terre invariablement précaire, c’est  en grande partie   au nom de cette ethnodiversité nécessaire qu’il faudra à présent tenter de définir l’écologie politique algérienne, pour ne pas dire tout simplement nord-africaine. Puisque les nations d’Afrique du nord sont unies par une culture commune  dont, pour rependre la remarque d’Ibn Khaldoun,  le Couscous  ainsi que le Burnous sont les radicaux ethniques  les plus évidents à relever et donc à mentionner pour rappeler à notre bon souvenir à quel point  ce lien de parenté est ancré dans la nature de chacun des ces pays.

Aussi, au gré  de toutes  ses  époques  et de toutes ses spatialités  ,  de toutes  les cultures autochtones ou plus ou moins étrangères qui s’y sont développé, l’Algérie est le logos d’un Oïkos  qui ne peut ressembler  qu’à une  vaste mosaïque  nationale  de cultures régionales, portant  en elles autant de communautés  que de particularités.  De la même manière, sans pour autant s’exclure d’une certaine forme positive d’universalité, on peut dire que cet Oikos-système, ou Darologie, a cultivé  dans ce pays, au fil des siècles et  même des millénaires, une  matrice qui lui est  tout à fait propre et particulière.  On pourrait ajouter,  à des fins que nous prendrons le temps d’élucider plus tard dans ce texte,   que ce corps national  est aussi habillé par une « enveloppe culturelle ».   En ce qui concerne celle de notre pays, on devrait  en situer  la nature  à la parfaite croisée  africaine entre l’Orient et l’Occident.

Dire que cette enveloppe est un environnement matériel, largement inspiré par un environnement immatériel, c’est admettre également qu’un  environnement matériel aura forcément une influence au moins aussi prégnante  sur la nature de cette seconde peau.  Cette enveloppe    est à la fois de nature endogène et hétérogène,  elle est principalement  le fruit d’une dynamique géographique et climatique.  Quand il est question ici de géographie, il est important d’ajouter que l’on parle  bien ainsi de cette science abordée dans toute l’amplitude de ses dimensions et  donc sans en omettre celle relative à l’histoire et l’anthropologie.

Si l’on   osait appliquer  le  principe de Lavoisier, relatif à la transformation de la matière,  à celui de l’évolution des idées ainsi que des cultures , il est tout à fait possible, alors , de penser que  cette enveloppe est le produit d’un cycle permanent de transformations et de conservations. Cette   « nature », à prendre avec des pincettes en forme de guillemets, en ce qui concerne notre pays,  ne doit d’ailleurs absolument pas être réduite à une  nature seulement  ambivalente,  entre Orient et Occident. Car,  mieux que cela, elle  est  surtout « médiantale ».

Médiane et médiocre, si les deux adjectifs tirent tous les deux leur racine du milieu,  il est important de préciser, dès à présent, qu'entre ces deux états de milieu, il y a la voie du juste milieu, qui  ne devrait pas au passage  être confondu  avec l'esprit de  la médiocrité imposé à une société par un milieu,  au sens environnemental, justement injuste. Un dévorement durable de la médientalité algérienne  qui lui a fait perdre son véritable centre de gravité culturel, pour l'égarer dans un abîme d'entre-deux stérilisants. 

L’Algérie est  un creuset qui a produit ses propres particularités, où d’autres cultures ont trouvé un terrain idéal  pour s’amender ; tandis que d’autres s’y sont  forcement dissolues et sûrement appauvries.  Il en va de même pour  toutes les civilisations nord-africaines avec lesquelles nous partageons ainsi une « Darologie » régionale, à la fois commune et différenciée, parce que nos climats  ainsi que  nos  histoires  sont intiment liées mais sont loin de se ressembler absolument.

Oublier ou ignorer cette Darologie, c’est passer à côté de ce qui doit être essentiel  pour que se cultive une authentique culture moderne algérienne de l’environnement. Notamment parce que cette conscience est avant tout celle d’un Habitat. Rappelons au passage que ce terme est une fois de plus  un emprunt directe à la biologie  et donc, par association, à l’écologie scientifique.  Il ne désigne pas seulement, depuis le vingtième siècle, un espace où on habite, mais aussi une manière d’habiter un espace et d’être habité par lui.

L’étymologie même du mot habitat, qui relève autant du mot « habit » que d’ « habitude » devrait nous éclairer  plus particulièrement  à propos de ce qui fait que l’écologie, qui est  une  science de l’Habitat, au sens le plus large biologiquement du terme peut être qualifiée de Darologie ou d’Akhamologie en Algérie.

Le dire et y réfléchir dans une langue qui n’est pas vernaculaire à l’Algérie, n’est d’ailleurs pas du tout paradoxal.  Au contraire, c’est justement dans cette émulation linguistique de pourront se rencontrer sûrement avec le plus de pertinence, l’écologie occidentale et l’écologie médiantale. Anglais, français, allemand, qui sont des langues courantes de l’écologie politique la plus rependue, ont insufflé à ses terminologies une richesse de sens et de concepts qu’il ne faudrait absolument pas s’interdire, au nom d’un chauvinisme stérile, d’analyser, de comprendre et même d’assimiler. De même que l’écologie, rappelons-le est un terme fondé par néologisme dont l’origine, la langue grecque,  est un radical commun entre l’Afrique du Nord, l’Orient  et l’Europe.

Selon, à son tour,  que le néologisme  Darologie prend sa source d’expression  dans la langue Maghribi, pour reprendre la terminologie de Abdou Limam,  ou le Tamazight, qui sont toutes deux  typiquement nord-africaines, « Dar » ou « Axxam »,  ne doivent pas  être seulement perçues comme  la traduction vernaculaire  littérale de l’Oikos grec, qui a inspiré le terme écologie.  Ils en sont les incarnations locales qui, d’ailleurs, accusent bien des similitudes avec la nature ainsi que les principes qui animent  ce dernier ; et cela pour le meilleur, comme pour le moins bon !  Un espace  physique, la maison ; une unité sociale, la maison, au sens de famille étendue ;  une économie domestique, celle qui s’articule autour du foyer. Le caractère éminemment patriarcal ainsi que la répartition de l’espace politique  en fonction du genre également…

Comprendre Dar ou Axxam  est un préalable indiscutable pour nous aider à comprendre en quoi l’écologie politique algérienne ne saurait ressembler en tout point à l’écologie de Görtz, d’ Illich, d’Ellul, de Thoreau, de Charbonnereau, de Laptev et de toute la pléiade de penseurs et précurseurs de l’écologisme dit « occidental ». Non pas qu’elle leur est totalement étrangère, mais plutôt qu’elle n’habite pas totalement la même enveloppe culturelle.

Il est temps à présent de faire une courte de digression, afin d’expliquer pourquoi les termes « enveloppe » et « culture » ont été associés plusieurs fois dans cet article, afin que cette association ne soit pas considérée par certains comme une alliance de mots, sans avoir préalablement  pris connaissance de la logique qui l’anime.

Disons que cette notion d’enveloppe est liée de près et de loin à la celle de l’habit, de l’habitat mais aussi du fait de développer ou de se développer. Car, il faut le rappeler, ce dernier verbe tire sa signification  la plus profonde  dans l’acte ou l’état  de dé-envelopper quelque chose, à l’image du développement de la graine en germe, vers le statut de  plant, puis de l’individu ou de l’organisme  arrivé à pleine maturité. Cette graine était dans son enveloppe  primordiale avant d’évoluer à un stade « supérieur » de sa croissance et donc d’étaler toute l’entendu de son potentiel en s’extirpant de l’enveloppe de la graine. Une fois de plus, remarquons que le terme développement, avant de relever du fait économique et social, tire, une fois de plus, sa racine du champ lexical de la biologie.

Cette vision de l’enveloppe primordiale d’une nation a donc longtemps relevé pour les chantres du Progrès et du Développement, d’une forme de halo d’archaïsmes et de conservatismes qui, en quelque sorte, constituait  l’environnement persistant du sous-développement de toutes les nations qui n’auraient pas adhéré  aux principes du Développement  et de la Modernité, deux concepts    d’obédience culturelle résolument  européenne, puis radicalement nord américaine.

Mais, tout à l’heure, nous avons également évoqué le principe de la transformation de Lavoisier  qui inclut également celui de la conservation dans  cette opération de  conversion d’une matière en une autre. Cette part de matière ou de manière, de matériel ou de sens, elle est-elle  remplacée ainsi par une autre enveloppe qui n’a plus rien de commun avec la précédente ? Suffira-t-il  d’habiller d’un nouveau costume  un peuple, celui d’une modernité bien ciblée et cadrée,  pour lui permettre de devenir meilleur aujourd’hui qu’hier ? L’habit fait-il à présent autant le moine que l’occasion fait le larron ?

Le développement est-il donc seulement la mission civilisatrice des uns envers les autres ? Déshabiller, puis envelopper  par un autre cadre,  qui rendra la forme du fond de chaque peuple particulier un rayonnement universel ? Désenvelopper un produit de son emballage, dans une tout autre conception de la chose, pour le consommer ; déshabiller quelqu’un pour le rendre précaire, vulnérable, plus fragile ;  n’est pas cela aussi dé-envelopper ?

La relation entre le fond et la forme peut-elle être autre que dialectique ? Le fond ne s’habille-t-il pas de la forme et la forme peut-elle habiller le fond en toute autonomie, voire souveraineté ? La modernité d’une civilisation est-elle seulement une question structurelle ? Les institutions, la culture, les organisations, les arts et les métiers, sont-ils tels qu’il suffit de les importer et de les consommer de manière universelle pour que tous les ancrages de fonds, bons ou mauvais, disparaissent, comme par enchantement ou désenchantement ?

La nature de bien des  réponses à cette foule d’interrogations dépendra de  si l’on considère qu’une enveloppe est constitutive ou non de son objet. De si  l’on parle ici  de l’enveloppe qui contient une lettre ou de celle qui va recouvrir quelque chose pour le protéger ou bien pour filtrer toute substance extérieure qui voudra la pénétrer.  Voici une question soulevée et laissée pour l’instant au soin de la lectrice ou du lecteur d’adhérer ou non à la réponse que sous-entend  dans cet article la notion d’enveloppe culturelle.

Pour comprendre la différence fondamentale qui risque de persister longtemps entre l’écologie politique médiantale et occidentale,  il faudra, par exemple, se remémorer  un étrange  et fascinant  épisode de la révolution française : celui du  Culte de l’Être Suprême que le révolutionnaire Robespierre et ses pairs en  actes et idées, tentèrent d’insuffler au peuple français, après avoir pourtant banni  Dieu et son église des bancs de la République des Lumières…

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