Dans le cadre de la philosophie politique classique en matière d’écologie, les deux manières les plus courantes de penser le problème environnemental en Algérie sont l’éthique et la philosophie de la technique. Certes elles sont importantes, mais elles ne sont aussi que la partie la plus visible de l’enjeu quand on examine de façon plus générale la réception de l’écologie politique en tant qu’idéologie de développement incontournable. Le libéralisme politique ne doit en aucun cas primer sur l’écologie et le développement durable.
La modernité dans l’approche écologique est généralement porteuse d’universalisme, qui se trouve souvent mise en cause par les difficultés matérielles. Le socle de l’écologie est induit par la question des « modes de production et de consommation » qui relèvent proprement de l’anthropologie philosophique.
Comment définir « l’écologie politique », ce mot semble renvoyer à un ensemble de termes qui semblent relativement synonymes, à première vue comme l’éthique environnementale, les politiques de la nature, le développement durable, la protection de l’environnement etc.
Plus récemment la notion « d’humanités environnementales » prend le dessus. Face à cet enchevêtrement de définition, l’écologie politique s’éloigne de son attachement à la nature et se rapproche par sa critique de la généralisabilité de notre mode de vie pour incriminer les acteurs au lieu de trouver des solutions.
L’écologie politique en Algérie ne semble concerner que ceux qui font de la politique de salon et l’élite quand elle existe et prend en charge l’écologie. Loin de la modernité, l’écologie est loin d’incarner l’universel dont la société. L’écologie politique ne peut être envisagée que de manière interdisciplinaire où le sociologue et le philosophe ne doivent en aucun cas être absents. Qualifiés de rêveurs ces spécialistes sont marginalisés et très peu écoutés considérant que l’écologie est l’apanage des spécialistes ce qui n’est pas le cas.
Le courant de l’éthique environnementale est présent en Algérie mais écarté puisqu’il est créatif et dispose d’écrits et de revues spécialisées qui osent critiquer. Le débat tourne essentiellement autour du critère éthique axé principalement sur nos relations avec « la nature », cette dernière s’entend au sens de l’écologie reposant sur la biosphère, espace de l’univers où se trouve la vie.
Actuellement les analyses ne portent que sur des problèmes partiels comme les déchets, la pollution, les campagnes politiques, la réglementation qui n’ont pas de rapport évident avec les grands enjeux de l’écologie politique, ni sur le plan théorique ni sur le plan pratique.
Le vrai débat doit s’organiser autour des inégalités environnementales. Toute approche politico-scientifique dans le domaine écologique ne peut donner des résultats que si les questions d’inégalité d’exposition au risque (et plus largement de coûts et bénéfices) sont prises en charge. Le manque de dialogue libre sur les grandes questions de philosophie politique et sociale corrélées à l’écologie constitue un handicap majeur préjudiciable, car il ignore les concepts « macrosociologiques ».
L’écologie n’est pas un sous domaine marginalisé comme le pensent certains politiciens mais une partie prenante inséparable de l’économie, de la sociologie, du développement, de l’anthropologie. L’économie de l’environnement et des ressources naturelles et l’économie écologique sont deux courants qui s’imposent depuis des années dans toute philosophie du développement économique.
Il faut se rendre à l’évidence que les textes réglementaires et les institutions en charge de l’écologie ne prennent en charge que le volet environnement visible occultant les fondements de l’écologie tant politique, écologique qu’économique.
Tous les garde-fous mis en place comme les études d’impact sur l’environnement, les audits environnementaux, les notices d’impact sur l’environnement, les normes à respecter, les études de dangers ne sont pas arrivés à introduire l’écologie dans sa globalité ; les causes relèvent essentiellement de l’absence de professionnels dans ce domaine où le copier-coller est largement répandu dans ces études.
« le pays plus développé industriellement ne fait que montrer ici aux pays moins développés l’image de leur propre avenir » (Marx, 1993 : 5). La critique écologiste conduit donc à remettre en cause jusqu’à l’organisation du temps dans lequel nous nous situons. C’est dans ce sens-là que la question de l’Être se trouve rouverte, par l’écologisme.
Toutes les autres formes de vie sur la planète ne sont pas dénuées « d’humanité » et l’écologie politique en Algérie ne semble pas accepter que l’humanisme est possible, l’écologie politique semble être seulement concevable, mais irréalisable. C’est l’erreur fondamentale commise depuis les années 1983 et dont les impacts sont visibles comme la pollution des eaux, des sols, de l’aire, les déchets dangereux etc…
Qu’est-ce que l’écologie politique en Algérie ? La question n’a pas trouvé de réponse exhaustive, mais cela donne une tout autre dimension au problème, tout en ouvrant d’évidentes affinités avec le sous-développement, le faible pouvoir d’achat et le manque d’éducation environnementale.
Le problème du « mode de vie », qui est souligné dans les documents de l’ONU et paraît si technocratique, si dénué d’intérêt philosophique, s’avère en effet poser des questions parmi les plus essentielles à notre temps, impliquant, mais débordant la question du « multiculturalisme », dont les enjeux mettent rarement en cause le cadre libéral.
Il faut poser les questions fondamentales sur l’ordre politique et anthropologique afin de cerner les vrais débats autour de l’écologisme et opter pour une définition minimale de l’écologie politique.
En effet, les écologistes et les analystes qui s’intéressent à ce courant convergent pour soutenir que l’écologisme se différencie de l’environnementalisme en ce que le premier s’emploie à penser et à changer ce qui, dans la situation actuelle provoque les problèmes dont l’environnementalisme se fait le témoin et le « lanceur d’alerte ».