Une crise éthique va souvent de pair avec une crise esthétique, c'est en tout cas ce que nous révèle chaque jour l'état de nos espaces publiques, de nombre de nos paysages périurbains et encore plus de nos paysages culturels, où l'utile et le futile se confondent si souvent, au grand dam ultime du charme, du pittoresque, de la convivialité, de la beauté.
Une société que l'on a accoutumé à l'absence d'esthétique peut-elle vraiment conserver un sens de l'éthique qui la préserve de la laideur morale, de l'étroitesse d'esprit et du moralisme castrateur?
Pire, le dévorement durable, pour se maintenir, n'a-t-il pas cultivé dans nos quotidiens sa propre esthétique, ses propres paysages "sous-urbains" et "anti-naturels", afin d'acclimater toute une population à bien des comportements dont il fait, jour après jour, sa nourriture immatérielle la plus énergisante et donc la plus précieuse: le laisser-aller, la résignation, la cécité politique, l'égoïsme social...
Tous nos sens sont saturés en permanence par nombre de pollutions. Mauvaises odeurs, saletés publiques, dégradations, vandalismes, vacarmes, déserts botaniques etc...
Ce qui produit comme un filtre négatif entre nous et notre environnement.
Cette laideur extérieure aspire à semer ses graines négatives dans nos jardins intimes, nos paysages émotionels...
C'est pour cela que l'esthétique et l'éthique sont deux champs fondamentaux, à mon humble avis, d'une Darologie où le matériel et l'immatériel se complètent, s'amendent mutuellement, au lieu d'intéragir chacun pour dégrader l'autre...
Une "transition" écologique algérienne authentique est donc autant une révolution éthique qu'un renouveau esthétique.