28 Novembre 2012
La meilleure option pour la production d’électricité en Algérie reste dans la formule hybride (gaz-solaire), a recommandé, hier, à Alger, Nazim Zouiouèche, ancien PDG de Sonatrach, lors d’un atelier sur le gaz de schiste organisé par le Réseau algérien des médias pour l’économie verte et l’environnement (Rameve). Mais ce choix exige, selon lui, énormément d’intégration.
« L’Etat peut créer une usine de montage de turbines en Algérie pour ne pas dépendre des importations », a suggéré M. Zouiouèche en relevant que le prix de revient du kilowatt varie entre 7 et 9 dollars actuellement. Le seul aspect qui pose problème, d’après lui, est le stockage de l’électricité produite à partir de l’énergie solaire qui coûte cher. Pour l’hybride, par contre, le coût est moins important. L’Algérie possède une centrale hybride à Hassi R’mel avec 80% de gaz et 20% de solaire. L’ex-PDG de Sonatrach propose d’inverser cette proportion pour mieux rentabiliser l’investissement. Pour lui, le solaire permet une « meilleure retombée en intégration que le gaz de schiste ». De ce fait, l’Algérie ne devrait pas attendre 2030 mais 2020 pour produire 40%, voire 50%, de l’électricité à partir de centrales hybrides. Ainsi, le pays ne dépendra pas exclusivement des énergies fossiles dont le Pic Oil est prévu, selon les thèses avancées par certains cercles, dans quelques années. S’agissant du gaz, la consommation est de 0,3 TEP (tonne équivalence pétrole) par habitant seulement. C’est pourquoi, il faut définir un nouveau modèle de consommation national en carburant et en énergie notamment à travers le transport en commun, note-t-il. S’agissant du gaz de schiste, M. Zouiouèche estime que l’Algérie devra rester en veille et poursuivre le travail qu’elle fait avec l’italien ENI pour déterminer avec précision les ressources existantes, connaître ses capacités de production, évaluer les coûts, pour passer à l’exploitation progressive de ce gaz mais surtout savoir d’où ramener l’eau nécessaire à la fracturation. Car pour la fracturation de la roche contenant du gaz de schiste, il faudrait 5 000 à 20 000 m3 pour une productivité variant de 100 000 à 200 000 m3/jour. En outre, le coût de traitement de ces eaux revient cher et nécessite de l’énergie électrique, signale M. Zouiouèche. Ainsi, une étude de Sonatrach a estimé à 33 000 milliards m3 le volume d’eau des nappes phréatiques en Algérie qui risquent d’être contaminées en cas d’exploitation des gaz de schiste. De plus, les coûts d’exploitation sont situés entre 5 et 7 dollars pour un million de BTU (British Thermal Unit) aux Etats-Unis, et pour faire baisser ces coûts, il faudra améliorer les technologies car depuis la découverte des hydrocarbures non conventionnels, les techniques d’exploitation n’ont pas changé. Mais il n’y a pas que ces obstacles. Car en cas d’exploitation des gaz non conventionnels, l’Etat n’aura pas les moyens de faire de l’intégration pour fabriquer les pièces de rechange du matériel utilisé à cet effet. Conséquence : « Les arrêts dans l’exploitation vont augmenter les coûts et il faudra attendre entre 15 et 20 ans pour commercialiser ce gaz dont le prix sur le marché international reste faible », prévient l’ex-PDG.