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PAR AMINA HADJIAT, 5 JUIN 2013
«Pensez-Mangez-Préservez.Réduisez votre empreinte». C'est l'exhortation choisie pour slogan, cette année, par le Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE), à l'occasion du 5 juin, Journée mondiale de l'environnement.
L'évènement a été célébré, hier à l'Hôtel Hilton, sous l'égide du ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville. Y participaient également les ministres du Tourisme, de la Pêche et des ressources halieutiques et de l'Agriculture et du Développement rural.
Au programme de la journée, un enchaînement de communications dont les teneurs, technique et théorique, laissent penser que le temps de l'action n'est pas encore arrivé. Pourtant, le message du PNUE est clair.
Pour réduire durablement leur empreinte écologique, les Etats doivent «Penser», donc bien gouverner à l'aide de politiques environnementales concrètes, «Manger», soit choisir le bon modèle de consommation pour assurer la sécurité alimentaire et enfin, «Préserver» les ressources naturelles en les utilisant de façon rationnelle.
De son côté, l'hôte du jour, Amara Benyounes, a tenu à raccrocher les débats à la réalité algérienne. Pour lui, «la priorité est à la gestion des déchets et l'éradication des décharges sauvages». Ce qui ne devrait être qu'un volet parmi tant d'autres dans une stratégie environnementale globale devient l'axe majeur, voire la stratégie.
La gestion des déchets, qui est une lacune des gouvernements qui se sont succédé, est ainsi présentée comme une avancée. Le ministre compte également clore l'éternel débat sur les sacs plastiques. «C'est le drame de l'Algérie», dira-t-il.
M. Benyounes projette donc d'en interdire l'usage, citant en exemple «le Mali et la Mauritanie qui l'ont déjà fait».
En somme, Amara Benyounes se défait d'une approche globale devant s'inscrire sur le court, moyen et long termes au profit d'une opération ponctuelle et limitée aux frontières algériennes. «Nous devons tout faire pour protéger la planète, mais pas au détriment de l'Algérie. Les intérêts des Algériens sont prioritaires», a-t-il lancé.
Pour illustrer son propos, le ministre de l'Environnement évoque la problématique de l'exploitation du Gaz de schiste. Il pointe du doigt les Etats-Unis qui, en l'exploitant, ont créé un déséquilibre mondial des cours du gaz.
Considérant cette manœuvre américaine comme une menace pour l'Algérie, dont les principales ressources proviennent du commerce du gaz, le ministre se positionne pour l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste malgré les dangers que cela représente. «Les Etats-Unis qui ont d'importantes réserves de gaz de schiste comptent l'exploiter et même l'exporter sans que ça ne gène personne alors que l'Algérie a fait face aux critiques lorsqu'elle a émit le souhait de le faire», se défend-t-il.
Mais l'Algérie dispose d'une source d'énergie à la fois propre et inépuisable. Non il ne s'agit pas du gaz ni du pétrole mais tout simplement du soleil. C'est d'ailleurs le cas du continent africain dans son ensemble et dont les possibilités en matière de développement durable sont tout à fait réalisables. En effet, de l'avis des spécialistes de l'environnement, la seule question qui se doit d'être posée c'est comment stabiliser les émissions de Gaz à effet de serre (GES) pour ne pas dépasser les 2°C de hausse de la température terrestre ?
La réponse est simple : le passage à une économie verte et l'abandon des énergies fossiles. Alors que les pays développés sont face à la difficulté de devoir reconvertir leurs économies et industries pour répondre enfin aux impératifs écologiques, l'Afrique est, quant à elle, un terrain vierge dont les émissions de GES sont quasi-nulles et qui dispose, en plus, d'importantes ressources humaines. Seuls la technologie, détenue par les pays pollueurs, et la volonté politique font encore défaut à l'Afrique.
Selon Kamel Mostéfa-Kara, directeur de l'Agence nationale des changements climatiques (ANCC), la meilleure option pour l'Algérie et l'Afrique serait «le passage aux centrales à courant aérien ascendant». En d'autres termes, produire de l'électricité à partir d'air et de soleil seulement.
A l'inverse, les technologies du photovoltaïque et du thermique, sont très consommatrices en eau (ressource rare dans le continent et dans le monde) et demandeuses en entretien techniques pointus. De plus, ce sont des technologies hybrides qui ne produisent que 30% de l'énergie à partir du solaire. «Les 70% restants proviennent du gaz, qui est utilisé gratuitement par ces pays parce qu'ils sont détenteurs de ces technologies», dénonce M. Mostéfa-Kara citant l'exemple de la centrale hybride de Hassi R'mel.
«La centrale à courant aérien est une technologie relativement simple, peu couteuse et qui ne nécessite pas de main-d'œuvre spécialisée», explique le directeur de l'ANCC. Mais cette technologie, les pays développés la gardent jalousement, sous la pression des lobbies pétroliers. Une façon de maintenir la dépendance des pays pauvres envers les pays riches. «Ils bloquent les négociations mais se préparent à une alternative énergétique verte, ils la mettront en place dans 25 ou 30 ans pour la vendre ensuite aux pays en voie de développement et maintenir ainsi leur tutelle», affirme-t-il.
Certes, les pays développés, de surcroit responsables du réchauffement climatique, ne jouent pas le jeu des négociations internationales en matière de protection de la planète. La Bourse de carbone n'existe toujours pas. Les centaines de millions de dollars de compensassions promis, à chaque convention des parties (COP), n'ont jamais été versés.
De même pour les budgets de transfert de technologie verte. Mais est-ce une raison pour que l'Algérie, signataire des conventions internationales en la matière et qui a même présidé le groupe Afrique lors des différentes négociations, se désengage de l'approche africaine/planétaire dans l'élaboration de sa politique environnementale ?