17 Septembre 2012
En Algérie, que ce soit dans les grandes villes ou dans les milieux ruraux, un phénomène très embarrassant et très nocif a pris des proportions alarmantes, à savoir la gestion des déchets.
En effet, en plus de nuire à l’atmosphère et à l’environnement, les déchets, surtout hospitaliers, attaque parfois même la santé de l’individu.
Le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), le Dr Mustapha Khiati a affirmé que des hôpitaux et des cliniques publiques et privées ne respectent pas les règles de tri des déchets hospitaliers qui sont jetés à proximité des agglomérations, «ce qui les rend plus dangereux que les déchets domestiques», a-t-il déclaré.
Dans un entretien à l'APS, le Dr Khiati a précisé que ces établissements jettent leurs déchets dans les décharges publiques à proximité des agglomérations, constituant ainsi un grand danger pour la santé du citoyen et pour l'environnement, ce qui exige de prendre «des mesures coercitives», dont la fermeture.
«Il s'agit, notamment, d'instruments de chirurgie porteurs de virus et de s sacs du service obstétrique qui contiennent des produits chimiques dangereux, un vrai foyer à microbes », a indiqué ce responsable. Selon le Dr Khiati, les enfants et les femmes, notamment celles enceintes, sont les plus exposés à ces «microbes et mauvaises odeurs» émanant des décharges.
Il a précisé qu’un sur quatre des habitants à proximité des décharges sont atteints d'affections allergiques, selon une étude réalisée en 2007 par un médecin allergologue à l'hôpital Zemirli (El Harrach). L'étude, estime le Dr Khiati, montre que 24 % de la population vivant à proximité de la décharge de Oued Smar, fermée et transformée en jardin public, sont atteints d'affections allergiques qualifiant ce taux de «très élevé» par rapport à celui enregistré dans un environnement normal qui est de 9 à 14 % de la population.
Le même spécialiste a mis en garde contre les maladies nosocomiales, rappelant qu'on enregistre annuellement en Algérie «5.000 cas contre 100 aux Etats-Unis», de maladies qui se contractent à cause de la propagation des virus et des microbes par manque d'hygiène.
Il a, par ailleurs, mis en garde contre les dangers qui menacent les agents d'entretien d'autant que certains ne portent pas de gants hygiéniques ni de masque de protection. Le président de la Forem a appelé les ministères de la Santé et de l'Environnement à imposer aux établissements sanitaires et aux pharmacies de réserver des centres spécifiques pour la destruction des déchets hospitaliers.
Cependant, le problème, selon le Dr Khiati, n'est pas dans les lois régissant cette question, mais l'absence de l'élément coercitif pour pénaliser les contrevenants et l'absence de campagnes de sensibilisation ont poussé les établissements hospitaliers, les pharmacies et les cliniques privées à ne pas se plier à la législation.
A ce titre, le président de la Forem a appelé les autorités concernées à trouver des solutions urgentes et mettre en place des incinérateurs conformes aux normes techniques modernes dans les hôpitaux, en procédant au tri des déchets selon leurs variétés dans des sacs de différentes couleurs pour faciliter leur traitement.
Il a, en outre, appelé à la nécessité d'imposer aux hôpitaux et aux cliniques privées et autres services de santé d'élaborer un rapport annuel transparent dans lequel ils confirment la destruction et l'élimination de tous les déchets.
Dans ce même ordre d’idée, le Dr Soukehal a, de son coté, préconisé la mise en place d'une «nouvelle alternative technologique » de destruction des déchets hospitaliers, dite par «broyagestérilisation », un procédé adopté en Europe.
Nabila T.