ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )
3 Février 2011
Pour la première fois depuis le lancement de la filière d’aquaculture saharienne, dont Ouargla est le principal pôle de production, les vrais problèmes de cette activité sont perçus à leur dimension réelle.
La visite du ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Abdallah Kahanafou, jeudi dernier à Ouragla, a permis de faire le constat suivant : la production de poisson ne décolle pas dans les grandes fermes alors que les petits éleveurs prennent le relais dans les exploitations agricoles.
Un constat amer, mais pas pessimiste estime le ministre qui a visité, l’espace d’une matinée, les pivots de l’aquaculture de la wilaya de Ouargla. Il a plus d’une fois haussé le ton à l’adresse des grands promoteurs de la wilaya qu’il a appelés à «respecter les clauses de leurs cahiers des charges et se décarcasser pour booster la production durant 2011 tout en multipliant les actions de marketing pour faire connaître leurs produits».
Première escale, la ferme Zitouni à Hassi Benabdallah, exemple vivant des sommes colossales consenties par l’Etat pour subventionner des projets grandioses, mais qui n’arrivent pas à décoller. La ferme Zitouni, qui a englouti la totalité de l’enveloppe de son projet dans l’infrastructure, entame une production dérisoire de 10 tonnes de Tilapia entre 2009 et 2010. D’ailleurs, aucun poisson n’était visible dans ses grands bassins ce jeudi lors de la visite du ministre et encore moins son personnel technique, qui est inexistant selon nos sources. Alors que ses prévisions de production inscrites sont de 500 tonnes/an, le promoteur réclame l’aide de l’Etat pour un fond de roulement de 500 millions de centimes ce qui a suscité le courroux du ministre qui lui a clairement brandi la menace de poursuites judiciaires. Au complexe Moulay, la production existe mais ne trouve pas de moyens d’écoulement. Plus de 150 tonnes de Tilapia nagent dans les bassins de grossissement faute d’un marché organisé pour les poissons d’eaux douces alors que le promoteur réclame également un fond de roulement de 3 milliards de centimes. Il faut savoir qu’avec une moyenne de 400 à 600 DA le kilo, ce poisson n’attire pas la population dont seuls les nantis se procuraient une dizaine de kilogrammes par jour l’année dernière.
Le point de vente de Pescado de la Duna, le poisson de Ouargla, a entre temps fermé et les amateurs se rabattent sur les petits éleveurs dans les palmeraies environnantes. Il se trouve en effet que des petits agriculteurs ingénieux ont assimilé le concept de l’exploitation agricole intégrant des bassins d’aquaculture dont l’eau sert à irriguer les plantations. L’apport azoté de cette eau a permis des prouesses en matière de qualité et de quantité dans la production de petits pois, poivrons, tomates et pastèque. Tel est le cas de Moussa Benkrane, un modeste agriculteur débrouillard féru d’électronique qui a réussi à mécaniser son bassin de poisson par de petites inventions rudimentaires qui forcent le respect. A l’instar d’une vingtaine d’agriculteurs qui ont bénéficié de dons d’alevins du Tilapia et d’une formation sur site par les experts de la FAO, Benkrane confectionne lui-même un aliment à base de produits locaux pour son poisson. Il produit une demie tonne de poisson qu’il consomme avec sa famille et vend le surplus.