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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

Artisanat en Algérie:"La didanderie fait de la résistance" par "La Tribune" (quotidien algérien)

 

Synthèse de la Rédaction nationale

Autrefois partie intégrante du quotidien des Algériens, la dinanderie est aujourd’hui une activité menacée malgré la «résistance» de certains artisans qui tentent tant bien que mal de sauvegarder un pan entier du patrimoine culturel national. Une baisse constante
de la demande en produits en cuivre et une multitude d’entraves à l’exercice de la profession, en particulier la cherté de la matière première (feuilles de cuivre rouge et jaune) à 900 DA le kg en moyenne, ont fini par pousser artisans et formateurs chevronnés vers la porte de sortie. Pourtant, «la qualité de nos produits artisanaux et le savoir-faire de nos artisans dans la tapisserie, l’orfèvrerie, la poterie et surtout la dinanderie n’ont rien à envier à ce qui se fait dans les pays voisins mais la différence réside dans l’accompagnement de l’Etat, ce qui reste insuffisant chez nous, en Algérie», pense Driss Zolo, maître-artisan dinandier, héritier d’une lignée de dinandiers qui ont transmis cet art ancestral depuis quatre siècles à Alger.

Richesse et décadence de la dinanderie
Si les décennies 1960-1980 représentaient «l’âge d’or de la dinanderie», un art commun à plusieurs pays, de l’Iran au Maroc, les choses ont complètement changé depuis, déplore ce maître qui travaille seul depuis quelques années à la Maison de l’artisanat située à Oued Koriche non loin de Bab El Oued à Alger. C’est ainsi qu’une métropole comme Constantine «ne produit plus les objets d’art comme par le passé, tandis qu’à Alger, on ne compte plus que quelques véritables maîtres artisans dinandiers». Aujourd’hui, il ne reste plus à Alger que deux ou trois véritables maîtres dinandiers qui se trouvent être aussi des formateurs. Ils sont en activité dans des ateliers exigus à la Casbah, et se contentent de fabriquer de petits ustensiles et objets de décoration comme les petits vases, les «m’rechet», les assiettes ou les khamssas, pour les écouler auprès de touristes visitant la vieille médina ottomane (XVIe siècle) ou aux nationaux demeurés attachés à tout ce qui est traditionnel. Pis, s’alarme M. Zolo, les ciseleurs sur les pièces de cuivre brut ont disparu,
ce qui rend plus que nécessaire la réhabilitation des techniques de fabrication manuelles par l’encouragement des véritables maîtres-artisans à ouvrir des écoles de formation destinées spécialement à cet art.  Loin d’être de simples objets de décoration d’intérieur, les ustensiles en cuivre finement ciselés et ornés de motifs géométriques inspirés de l’art arabo-andalou servaient aux besoins de tous les jours et plus particulièrement pendant les fêtes familiales et religieuses. Il en est ainsi pour le «sneî», grand plateau circulaire, ou «sniwa», ce petit plateau de forme circulaire ou rectangulaire, dans lesquels on servait volontiers les mets traditionnels dédiés aux petites et grandes occasions. Il y a aussi les autres produits de la dinanderie traditionnelle comme le mortier («mehrez»), la théière, ou encore «ettassa» (récipient à eau) auxquels on a substitué, hélas, de laids objets en plastique et bon marché importés surtout d’Asie.

Le cuivre brille toujours
Mais un petit tour dans les rares magasins algérois qui proposent toujours des produits de la dinanderie algérienne permet de constater que ces objets d’art, quoique un peu chers, ont toujours la cote auprès d’une certaine clientèle. Ainsi, un sneî de dimension moyenne (70 cm) est vendu à près de 7 000 DA, mais il peut atteindre les 20 000 DA s’il s’agit d’une pièce en cuivre rouge et richement ciselée d’arabesques et de motifs divers. Pour les autres ustensiles, comme le mortier ou  le «tabsi lâchawat» (grand plat à couvercle qui sert à présenter le couscous), ou snioua, leur prix oscille entre 2 400 et 4 500 DA.  Conséquence d’une situation jugée difficile pour le développement du métier, de «nombreux artisans ont décidé de changer d’activité», affirme notre quinquagénaire qui en veut pour preuve le triste fait qu’aucun de ses enfants n’est aujourd’hui artisan dinandier, signe que la dinanderie «peut disparaître». Mais que fait l’Etat pour redonner aux métiers d’art leur lustre perdu ? Aux yeux de bon nombre d’artisans, malgré la stratégie nationale de développement de l’artisanat 2003-2010, les initiatives publiques restent «insuffisantes» tant en matière de création de maisons des artisans que de baisse des charges fiscales ou encore d’octroi de crédits bancaires. Pour M. Zolo, «il faut procéder d’abord à une décantation dans la corporation», qui compte dans ses rangs des gens n’ayant d’artisans que le nom. «Détenir une carte d’artisan ne signifie pas qu’on l’est vraiment», dit-il pour résumer. Il faudra, ensuite, assurer à tous les véritables artisans une sorte d’égalité dans l’attribution des crédits bancaires. «Malheureusement, le peu d’artisans ayant bénéficié de crédits bancaires sont des jeunes, alors que les maîtres artisans censés former des générations de jeunes en sont écartés», explique ce professionnel. Lui-même, à 56 ans, il s’est vu refuser pour limite d’âge, affirme-t-il, un prêt bancaire qu’il destinait au montage d’une école de formation en  dinanderie...  

R. N

 

http://www.latribune-online.com/suplements/soci_t_p/43086.html

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S
<br /> <br /> Bonjour<br /> Voilà qui est regrettable pour cet artisanat. Si on n'apporte aucun soutien aux maîtres d'oeuvre, comment pourra-t-on maintenir cet art pariticulier ?<br /> Les banquiers ont en vue des intérêts qui dépassent parfois l'entendement.<br /> Une école de formation ne serait pas de trop à ce niveau. A moins qu'on ne veuille la mort de cet art.<br /> Dommage...<br /> <br /> <br /> <br />
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K
<br /> <br /> J'ai rencontré à Constantine un maitre en didanderie qui m'a fait part de ses énorme difficultés à faire survivre son art alors que sa famille le cultive depuis 1827...C'est triste!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />