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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

« Ce Vert dont tout le Monde parle… » Par Karim Tedjani.

 

Dans la plupart des pays hyper développés occidentaux, le vert est  à présent symbole de bien-être et de nature bienveillante. C’est  la couleur de l’espoir.  Mais aussi celle  des écologistes militant pour l’Ecologisme à travers de nombreux pays ,  la  face politisée de l’Ecologie.

Rares pourtant  furent les couleurs dont l’histoire  aura été aussi tumultueuse  et méconnue de nos jours  que celle du Vert.

En occident, l’association entre le vert et la Nature n’est  d’ailleurs pas si lointaine que cela. Bien au contraire, le vert a longtemps été considéré dans cette partie du monde comme un symbole d’instabilité et de mauvais augure.  Le vert, incarnation du naturel dans notre la sémantique collective postmoderne, n’a été une couleur stable qu’à partir du moment où  il fut possible de la fixer  grâce à des procédés chimiques industriels.

Avant, cette couleur était synonyme de changements, de mutations, tant en  obtenir durablement  s’avérait coûteux et éphémère. La couleur du géant vert « Huk », le plus puissant des mutants de l'univers Marvel , est une résurgence de cette très lointaine et persistante croyance due à la nature chimique de ce coloris qui aurait tardé à être considéré comme une vraie couleur par nos théoriciens du chromatisme. La dimension  d’un autre géant vert, icône publicitaire d’une célèbre marque de conserves de maïs prend une  tout autre tournure à la lecture d’une telle information : sans industrie, sans chimie pétrochimique, le vert ne serait pas une couleur durable…

Encore plus intriguant, alors qu’aujourd’hui,  si elle célèbre la paix et la nature  dans le monde judéo-chrétien contemporain, de nos jours, le vert, c’est aussi la couleur des révolutions arabes de culture musulmane. Pourtant, la première civilisation à avoir associé, avec l’Inde, le vert à la Nature, fut, parait-il  celle qui émergea du Message transmis par le Prophète Mahomet au monde oriental, puis  qui se diffusa aux quatre coins  de la planète. Le vert c’est ici la vitalité, l’espoir de stabilité et de paix sociale.

 Ainsi, les choses se sont inversées à notre époque, le vert changeant des pays  judéo-chrétiens devenu stable   et le vert  de Pax Islamia, à présent tumultueux,  des pays musulmans  en voie de (re)développement, dont la courbe de changement semble à son climax en ces temps de printemps arabes.

Le vert  est donc une couleur ambivalente, à la fois  marque de la stabilité d’un système idéologique, d’une civilisation, celui , aussi de l'armée. Mais, de la même manière, c'est l’emblème des contre pouvoirs inspirés par le  renouveau printanier.

On retrouve d’ailleurs cette dualité dans le vert de notre drapeau national. Incarnation de la Révolution  contre la colonisation, signe extérieur de la stabilité d’un régime politique. Le vert c’est aussi le printemps algérien, si court, éphémère dans nos paysages, mais dont la majesté n’a d’égale que la courte durée. Le vert des collines de Guelma par exemple, ou bien celui des oasis de Biskra, le vert des montagnes de Batna, celui des Kabylies, le vert de Mila et tant d’autres régions que j’ai pu admirer au printemps algérien. Je ne le trouve pas similaire à celui des campagnes de France, par exemple. Pas tou à fait...

Non que notre vert soit plus beau… Etre chauvin c’est être au fond peu rassuré sur la valeur naturelle  de son pays. Il est juste différent, dans le contexte de nos paysages, il prend une toute autre valeur. Jamais le vert ne m’a paru symbole de magnifiques espoirs et de poétiques fatalités. Le printemps algérien  redouble de luxuriance, peut être parce qu’il sait qu’il ne va pas durer bien longtemps sous les assauts du Soleil. Aussi sûr cependant, il renaitra de ces cendres végétales et minérales pour réprendre sa place sur le trône de la vie, le temps, d'un printemps.  

J’avais été frappé, de la même façon, par la majesté des oueds de la région du sud-est algérien,  en plein moi de mars. De retour en juin, plus rien…Des dragons de cires, eux aussi ces Oueds qui fondent aux premiers rayons de l’été algérien.  

Je pense que la nature profonde des Algériens est intimement liée à cette dualité entre la magnificence et la courte durée. Un peu comme le règne t de ces caïds ottomans  que la Régence d’Alger ne maintenait pas plus  que deux années ; en risque de leur obstination,  ils seront  reconduis   corde  au cou ou bien sous la lame d’un bourreau… C’est un peu comme le « Kursi » des vaisseaux du Sultan de la porte Sublime. Si le Soleil ne fait pas la pluie, il n’en demeure pas moins garant du beau temps…

« Les verts », chez  nous, c’est une équipe nationale, celle de football, une religion pour nos « brésiliens de l’Afrique » et je pense que cela n’est pas prêt de changer. Le vert est la couleur de la religion nationale, d’ailleurs en partie en hommage à la nature. Il pourrait y avoir de très perturbantes confusions à laisser le vert devenir aussi la couleur de l’environnement national.

L’écologie algérienne moderne, à mon très humble avis, ne doit pas avoir qu’une seule couleur. Jadis, d’ailleurs, à travers le monde, elle était souvent représentée par une association des couleurs symbolisant les éléments prédominants dans un environnement. Rarement la nature n’a eu qu’une seule couleur, à vrai dire.

En Algérie, l’eau, la mer, le désert,  le sable, la  terre, les  petites montagnes, les hauts  plateaux, et  le vert  ses plaines et de ses  forêts. Le vert de notre drapeau est une subtile suggestion de ce mélange entre le bleu de l’eau et le jaune de l’aridité. De la conscience de cette dualité seule peu perdurer la vie,  L’union du bleu et du vrai ou la dictature du vert sur le bleu et le jaune, c’est un autre débat que je ne suis pas apte à relever…

Bleu, jaune vert, et si c’était les couleurs d’une tradition écologique algérienne ? Une formule magique inventée par les « Hommes Libres » pour bien vivre leur environnement. Car, il me semble que c’est aussi la couleur des berbères du monde entier ? Bleu vert et jaune devait également symboliser une harmonie entre différentes croyances.

Les hommes «  bleus »  du désert, qui ont su en percer tout les secrets naturels. Les Algériens qui luttent contre le désert. Le bleu est partout dans le ciel algérien, mais si inégalement dispensé à travers tout le territoire. Un pays qui a du pétrole et du gaz, mais pas assez d’eau pour réaliser tous ses projets de développement.  Bleu c’est une population qui s’est tourné vers ses côtes, un bleu saturé.

Le jaune du blé des agriculteurs qui ont fait la gloire, l’or antique de l’Algérie, grenier de Rome.  Une réputation  peut- être un peu  malheureuse, de ses champs à travers toute la méditerranée. Le jaune  c’est aujourd’hui  surtout le long été algérien qui assèche nos paysages, celui dont le retour est bien plus sûr que celui de la pluie chaque année. C’est une donne inévitable pour l’Algérien, il doit composer avec l’aridité. Et la couleur de son blé est une preuve de la générosité de ses terreaux, ainsi que de la maîtrise passée  de ses habitants sur leur environnement. Fut-elle toujours heureuse ? Je ne suis pas historien pour le déterminer. Je me rappelle simplement des ses praires humides de la région de Mila et l’or qui en émane encore  à profusion, le tout sous un fond vert flamboyant…De ces été arides passés dans les campagnes sauvages de Guerbes…

Vert, la couleur d’une culture, le seul héritage persistant  après toutes les invasions subies par ce pays. Le vert de la particularité de l’écologie algérienne non de son incompatibilité avec le vert de l’écologie mondiale. Celle de l’ouverture, de la tolérance, de la solidarité, du combat contre soi-même avant de chercher la guerre aux autres. Le vert d’une identité nationale, celles de tous les papiers d’identités algériens. Le vert de nos oasis, de nos forêts sans qui le désert nous aurait engloutis depuis belle lurette ? Le vert du respect de la vie.

Pourquoi m’être lancé dans une telle aventureuse interprétation toute en couleur  qui aura sûrement beaucoup de contradicteurs  éclairés tant je me suis juste servi de ses trois couleurs, non pour faire mettre en avant une amazighité dont je ne suis pas en légitimité de prétendre. Je suis Tedjani de nom et donc d’origine sûrement aussi arabe. Loin de m’en vanter, je ne peux que le rappeler. Même si, à vrai dire, je  me sens  surtout  Algérien et que je me reconnais tout à fait dans l’esprit des « hommes libre », autant que celle des Mzabis que je connais moins bien. Les Chawis, de part  ma grande tante Nouara, ont profondément inspiré  ma façon de concevoir la vie.  Mais autant que Paris et le reste des régions d’Algérie depuis.

Si j’ai évoqué ces trois couleurs c’est surtout pour évoquer un postulat : la nature ne devrait pas être symbolisée par une seule couleur. Chaque pays, est une écologie locale qui doit s’inscrire cependant dans une démarche responsable vis-à-vis des autres écosystèmes mondiaux sur lesquels ils ont une influence, et, à vrai dire tout le Monde est écologiquement interconnecté depuis des millions d’années.

L’harmonie des couleurs, comme celles des formes et des odeurs, des goûts, est le fruit de savants mélanges. Jamais un absolu ne pourra prétendre détenir la clef d’une énigme qui dépasse encore de beaucoup l’entendement humain. L’unicité absolue me parait, pour ma part, loin d’être la marque de l’Homme mais d’une Force largement supérieure à ses  prétentions de dominer tout ce qui l’entoure. Libre à chacun de donner un nom à cette Force, ce n’est pas nom plus le sujet de cette modeste réflexion.

Un seul but, certes, mais des points de vue systémiques. Un équilibre des régions obtenu par le respect de leur nature, donc de leur culture comme seule garante d’une harmonie séculière avec leur environnement. Une seule nation, mais une mosaïque de diversités. Chaque région est garante de son environnement, mais aussi de celui de la nation. La nation Algérie, doit  être fière de protéger son coin du monde et d’en faire profiter le reste d’une planète également responsables des pollutions qu’elle pourrait faire subir à son environnement. Pour preuve l’Union Européenne  a versé des millions d'euros  à ce pays, il y a de cela un an environ, si mes souvenirs sont bons, en réparation des pollutions d’origine du nord de la Méditerranée dont elle est une grande saccageuse, malgré elle.

Ne pensons pas Unique, agissons ensemble. Tout le monde ne peut qu'y trouver son compte quand il s’agit d’environnement. Chacun ses couleurs, certes, mais  faisons en sorte que le tableau soit beau et agréable à vivre. Toutes les couleurs de notre pays doivent être à l’honneur pour préserver notre écologie sociale et environnementale, donc économique, si j’osais la confusion des termes pour ceux qui n’ont pas l’habitude de me lire.

Un seul écosystème national, voilà le radical commun.  De multiple solutions locales pour le préserver et, pourquoi pas pour espérer l’optimiser un jour.  Le Désert, les Haut plateaux, le Littoral, c’est un tout que les Algériens depuis toujours ont écologiquement  inventé de toute pièce, ne serait-ce que par leurs échanges économiques. Bien avant qu’il ne soit dessiné par d’autres plumes que celles de nos oies…

Non, il ne faut pas tout voir en vert, je le répète, aucune couleur ne doit dominer, le vert est de plus une couleur qui incarne aussi l’influence de la chimie pétrochimique sur la nature industrialisée par l’homme. Il faut inventer d’autres concept plus en phase avec cette heureuse manie, elle algérienne, de considérer que le  thé chaud est au moins aussi  désaltérant que l’eau tiède…

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