25 Juin 2012
La Journée mondiale pour la lutte contre la désertification qui coïncide avec le 17 juin de chaque année sera célébrée cette année en avant première du Sommet de la Terre Rio+20 (Brésil) prévu du 20 au 22 juin. Aussi, le choix de l’Algérie, par les Nations unies, pour abriter l’atelier préliminaire à cet événement planétaire, est en rapport avec les avancées enregistrées par notre pays dans le cadre de la politique du Renouveau rural qui a permis, depuis sa mise en œuvre en 2009, de récupérer 3 millions d’hectares de terres dégradées situées dans la zone déclarée très sensible à la désertification dans les territoires steppiques par la carte nationale de sensibilité à la désertification de 2009. Cette stratégie qui a pour objectif, la sécurité alimentaire de l’Algérie, le rétablissement des équilibres écologiques ainsi que l’amélioration des conditions de vie des populations rurales, s’appuie sur la mise en œuvre d’actions ciblées à travers des projets de proximité de développement rural intégré et des projets de proximité de lutte contre la désertification. En fait, l’Algérie qui accorde un intérêt particulier à cette problématique cruciale, mise sur le «développement intégré» qui permet d’assurer une répartition équitable des opportunités de développement et, beaucoup plus, à associer les populations locales à des actions ciblant la protection des ressources naturelles. Aussi, le développement des zones arides et semi-arides et la préservation du patrimoine rural sont au centre de la démarche du Renouveau rural et agricole de par leur rôle dans la promotion de la société rurale et la création de richesses. Quatre programmes ont été retenus au titre du quinquennat 2010-2014. La lutte contre la désertification, premier chapitre, inclut 40 wilayas à la base d'une étude qui a abouti à la réalisation d'une carte nationale de désertification par télédétection. Faut-il retenir que 27 millions d'hectares situées dans les zones steppiques seront traités dans ce cadre à travers 12 wilayas. Le deuxième programme élaboré avec le concours de l'ANBT (Agence nationale des barrages et transferts), est consacré au traitement de 78 bassins versants soit une superficie de 7,5 millions d'hectares à travers 30 wilayas. Le troisième programme concerne la gestion, la protection et l'extension du patrimoine forestier sur 4,1 millions d’hectares. Adossé à un inventaire forestier national réceptionné en 2009, ce programme, qui couvre 37 wilayas, est basé sur les études d'aménagement forestier. Le dernier programme qui concerne la conservation des écosystèmes naturels vise la protection de la faune et de la flore et cible les parcs nationaux, les aires protégées, et les zones humides. Il sera réalisé à travers une vingtaine de wilayas.
Sur les 27,435 millions d’hectares étudiés, 10 % seulement ne sont pas sensibles à la désertification, 26,20 % présentent une sensibilité moyenne, un peu plus de 45 % de la surface sont sensibles au phénomène, 19,7 % sont très sensibles alors que 2,8 % ont été engloutis par la désertification
Faut-il souligner que la nouvelle carte élaborée conjointement avec la direction générale des forêts a été élargie à trois wilayas à savoir Tlemcen, Saida et Tiaret soit au total 12 wilayas steppiques (27,435 millions d’hectares) appelées à bénéficier d’actions de lutte contre la désertification dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014. La carte illustrant l’étendue du phénomène de désertification selon différents niveaux de sensibilité est une référence pour les experts puisqu’elle précise son évolution et permet, par conséquent, une meilleure visibilité en matière d’intervention. Des chiffres récents ressortent que sur les 27,435 millions d’hectares étudiés, 10 % seulement ne sont pas sensibles à la désertification, 26,20 % présentent une sensibilité moyenne, un peu plus de 45 % de la surface sont sensibles au phénomène, 19,7 % sont très sensibles alors que 2,8 % ont été engloutis par la désertification. Les surfaces désertifiées sont ainsi passées de 3,53 % en 1996 à 4,09 % en 2009 soit 70.000 hectares désertifiées en l’espace de 13 années. Il y a lieu d’indiquer que la classe «très sensible» a diminué de 6,39 %, alors que celle dite «sensible» a évolué de 6,6 %. Et de préciser que cette carte, dont les zones moyennement sensibles et sensibles ont constitué l’essentiel de la surface étudiée soit 74 %, est un instrument d’aide à la décision dans le cadre du plan d’action de lutte contre la désertification (première étude de 1996 avait concerné 9 wilayas). Le document qui devra s’étendre à une trentaine de wilayas à l’horizon 2025 s’appuie sur quatre données de base qui sont la carte d’occupation du sol, la carte morphopédologique, la carte d’ensablement et la carte des données climatiques. Est-il utile de rappeler que la Convention des Nations unies de Lutte contre la désertification (UNCCD) dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique, adoptée le 17 juin 1994 par l’ONU a été signée par l’Algérie en octobre 1994 et ratifiée le 22 mai 1996 et, est entrée en vigueur le 26 décembre 1996. Cette convention, premier instrument international juridiquement contraignant, a pour assise, pour le cas de l’Algérie, le PAN LCD (Plan d’Action National de Lutte Contre la Désertification) validé le 14 décembre 2003. Depuis cette date, les pays Parties à la Convention ont adopté le Plan-Cadre Stratégique Décennal visant à renforcer la mise en œuvre de la Convention (2008-2018). Dans sa vision globale, la convention consiste à «mettre en place un partenariat mondial susceptible de contribuer à endiguer et prévenir la désertification et la dégradation des terres et, par la même occasion, à atténuer les effets de la sécheresse dans les régions sensibles, l’objectif étant de concourir la réduction de la pauvreté et au respect durable de l’environnement. L’Algérie qui participera à ce sommet en tant que président du groupe des 77 + la Chine, et de vice-président de la Conférence des parties de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD). Le sommet de Rio aura, par conséquent du pain sur la planche surtout qu’il est établi que les engagements internationaux en matière de lutte contre la désertification demeurent insuffisants devant l’avancée préoccupante du phénomène et ses conséquences notamment la réduction des terres agricoles cultivables.
D. Akila