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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

« Développement durable ou sous développements persistants...? » par Karim Tedjani (Nouara-algerie.com)

Ce début de millénaire est résolument  « vert ». L’environnement est  devenu un sujet préoccupant pour une grande partie de la planète. D'ailleurs, l'écologie est un des thème principal de l'Agenda 21 convenu entre 173 pays lors du sommet de la Terre de Rio en 1992.

 

Le déclin d'une révolution

Depuis au moins vingt ans,  les médias ont largement  sensibilisé  l’opinion publique internationale sur l’état de santé  alarmant de la biodiversité mondiale. Principales victimes collatérales du développement « multinational » de l’Industrie, la Faune et la Flore mondiales sont menacées d’extinction. Il est même question d’un réchauffement planétaire du à l’activité  industrielle.  

Après l’euphorie de ses débuts , la société de consommation, à la fois moteur et carburant de la machine industrielle,  fait le bilan  écologique  de nos sociétés modernes. Il s'avère   négatif  au point que de plus en plus de gens s’interrogent sur l’avenir de la Nature au sein de notre planète. En 1972, le premier « Sommet de la Terre » se déroule à Stockholm. Les rencontres internationales autour de ce problème n’ont dès lors plus cessé..

Les politiques, les médias et les leaders des grandes  multinationales savent que l’écologie est devenue un thème rassembleur,  et cela plus particulièrement dans les sociétés dites  « développées ».

Face à  cette prise  de conscience environnementale de leurs électeurs, de leurs clients, de leurs employés,  ils  se doivent d’adapter la nature de leurs propos, mais aussi de leurs actions, tout en assurant la pérennité du système économique qui leur tient tellement à cœur. Le défi d’une telle entreprise est d’allier considérations écologiques et la réalité actuelle du fonctionnement de nos sociétés de consommation de  masse. 

 

L'Environnement s'invite par la force des choses  à la table des économistes et des politiques 

Les premières lignes du  préambule de l'Agenda 21 des nations unis sont  sans équivoque :

"1.1 L'humanité se trouve à un moment crucial de son histoire. Nous assistons actuellement à la perpétuation des disparités entre les nations et à l'intérieur des nations, à une aggravation de la pauvreté, de la faim, de l'état de santé et de l'analphabétisme, et à la détérioration continue des écosystèmes dont nous sommes tributaires pour notre bien-être. Mais si nous intégrons les questions d'environnement et de développement et si nous accordons une plus grande attention à ces questions, nous pourrons satisfaire les besoins fondamentaux, améliorer le niveau de vie pour tous, mieux protéger et mieux gérer les écosystèmes et assurer un avenir plus sûr et plus prospère. Aucun pays ne saurait réaliser tout cela à lui seul, mais la tâche est possible si nous oeuvrons tous ensemble dans le cadre d'un partenariat mondial pour le développement durable."

Le développement durable, terme inventé en 1980 et vulgarisé en 1992, semble donc  être la ligne directrice de la gouvernance mondiale quant à une gestion de nos ressources naturelles et humaines.

 

 

Que disent les mots? 

 

 

 Durable...

La définition du développement durable  est : l’« Accroissement, [la] multiplication d'une chose qui durera dans le temps ». D’un point de vue économique, on s’accorde à dire que c’est un  « Développement  qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Dans un précédent article, j’avais évoqué le fait  que ce  terme n’était peut-être pas le plus indiqué. J’entendais par là quand il s’agit de  définir une gestion harmonieuse  des ressources humaines et naturelles en présence sur Terre. Je suggérais même, que la notion de développement  et  la définition de l’adjectif « durable » n’étaient  pas totalement compatibles.

1.    En effet, chaque chose, au regard du cycle de la vie terrestre, doit avoir un début, une apogée et une fin. Notre planète suit des cycles d’évolutions qui ne sont pas durables. La progressive modification du climat est là, d’ailleurs en ce moment,  pour nous le rappeler.  Se développer indéfiniment sur un espace délimité dont les ressources naturelles ne sont pas inépuisables est-il un postulat en mesure de garantir  à toutes les générations futures un environnement sain ? Prétendre publiquement  que le développement se doit d’être durable, c'est-à-dire  continu, cela pourrait ressembler à affirmer, à demi mot cette fois ci, que la quête de la Croissance durable  est toujours la meilleure voie à suivre pour l’Humanité. Alfred Marshall, un des pères fondateurs de l’économie moderne, ne parlait-il pas dans ses travaux d’une recherche permanente de celle- ci ?

 

    Pourtant déjà, en 1970, les auteurs du rapport " The Limits To Growth (Les limites à la croissance) dénoncent  les dérives environnementales de cette quête illusoire (Massachusetts Institute of Technology ).

     

      Le texte fondateur du développement durable, l'Agenda 21  est d'ailleurs à ce propos très clair : "Promouvoir un système commercial multilatéral ouvert, non discriminatoire et équitable, permettant à tous les pays - en particulier aux pays en développement - d'améliorer leurs structures économiques et de relever le niveau de vie de leur population par un développement économique continu". 

      Dans un autre article (3.3), il est clairement question d'"une croissance économique qui soit à la fois soutenue et durable"qui est censé être la condition sine qua non pour un  développement durable.


 

Développement...

Sémantiquement, le mot  « développement » désigne avant tout l’action ou le résultat  de développer. Ce verbe a de nombreuses définitions, selon le contexte dans lequel il est employé. Généralement, il signifie : « Faire croître, donner de l'essor, cultiver ».  

En 1949 : le président des États-Unis, Harry Truman, dans son discours sur l'état de l'Union, popularise le mot « développement » le qualifiant  de politique d'aide aux pays « sous-développés », grâce à l'apport de la connaissance technique des pays industrialisés. Il affirme que « tous les pays, y compris les États-Unis, bénéficieront largement d'un programme constructif pour une meilleure utilisation des ressources mondiales humaines et naturelles »[4].

Le Développement  est aussi considéré comme  un critère socio-économique qualifiant le degré de richesse, d’avancée technologique ainsi que d’équilibre  social  d’une nation. On dit d’un pays qu’il est « développé » quand il se démarque en cela de la majorité des autres. C’est un statut qui est pour le moins réservé à une minorité d’entre elles. .En effet, selon un rapport de l’ONU, sur les 226 pays existants, seuls une trentaine environ peuvent être de nos jours  ainsi qualifiés. C’est aussi, en quelque sorte un synonyme du « Progrès » ou bien encore de « la Civilisation », termes qui ont souvent servi de prétexte à l’exploitation injuste despays du tiers-monde. Un « Développement durable », pourrait ainsi sous entendre qu'il y a  un équilibre entre pays développés, en voie de développement  et sous développés qui doit rester immuable.

 

Le développement durable des uns   peut-il vraiment venir au secours des du sous  développement des autres ?

 « La dégradation de l'environnement, considérée d'abord et avant tout, comme le problème des pays riches et comme un effet secondaire de notre richesse industrielle, est devenue une question de survie pour les pays en voie de développement »,  affirme Gro Harlem Brundtland dans l’avant propos un rapport considéré comme la pierre fondatrice du « développement durable » qui fut publié en 1987.

  Au niveau multinational, il semblerait que beaucoup d’actions entreprises au nom du développement durable  soient des programmes de recyclage, de transports et habitats durables ainsi que d’énergies renouvelables. Elles nécessitent des apports techniques, scientifiques et technologiques souvent très pointus. Ces  conditions pénalisent les pays moins développés  qui en arrivent à penser que le développement durable et l’écologie (qui se confondent aisément) sont des luxes réservés aux pays dits développés. Sans une solide formation de la part des  antagonistes du « développement durable » ,  il est d’ailleurs difficile de mener à bien les projets ainsi estampillés. Le développement économique de ce concept est donc,  pour l’instant, la chasse gardée des pays les plus développés.

Ces même pays qui ont vendu au reste du monde la maladie industrielle, sont à présent les détenteurs des remèdes pour en atténuer les symptômes.

Toujours dans le préambule de l'Agenda 21, on admet à ce sujet que:

"1.4 Les objectifs d'Action 21 en matière de développement et d'environnement nécessiteront un apport substantiel de ressources financières nouvelles et additionnelles aux pays en développement". 

Cela ne suggère-t-il pas une dépendance financière inévitable?  Cet état de fait, ne risque-t-il pas de créer une nouvelle iniquité entre les habitants de la Terre, celle de la qualité de vie environnementale ? D’autant que beaucoup de pays développés ont  d’abord dé localisé leurs industries chez leurs voisins  des pays émergents avant d’investir dans l’évolution écologique de leurs modes de production à grande échelle. Si, économiquement, cela peu s’avérer une bonne chose pour ces derniers, d’un point de vue environnemental les choses sont vraiment plus discutables. Plus loin, il y est précisé: "* Le terme "gouvernements" utilisé ici est réputé inclure la Communauté économique européenne dans ses domaines de compétence". Voici un exemple des dérives d'un tel système, ce  reportage "d'Arte"  dénonce les injustices qui se sont ainsi installé au Sénégal: "

VOIR :   L'europe et l'agriculture en afrique: développement durable ou invasion. "

 On nous indique plus loin encore dans cet Agenda  :

" 2.6 L'expérience a montré que le développement durable supposait une volonté de mettre en oeuvre des politiques économiques et une gestion de l'économie rationnelles, de conduire les affaires publiques de façon efficace et prévisible, d'intégrer le souci de l'environnement aux décisions et de progresser vers des régimes démocratiques permettant la pleine participation de toutes les parties concernées, eu égard aux conditions propres à chaque pays." Là l'adjectif "prévisible" est dans le champ lexical de "durable", la notion d'économie  est utilisée deux fois avant  celle  de "environnement"  de "démocratie" et "d'affaires publiques". Il est indéniable que c'est un projet ou le facteur économique prime sur l'environnement et le social qui sont identifiés comme les  autres sphères de rayonnement  du développement durable. "Il faudrait donc poursuivre la libéralisation des échanges sur une base intersectorielle au niveau mondial afin de contribuer au développement durable". Le développement durable est -il donc un corollaire du libéralisme économique, un des grands vecteurs  des impacts néfastes à l'environnement?

"Green waschine"

Enfin, dans  cette expression, le terme « durable » est censé apporter une touche écologique à celui de « développement ».  Dans la langue française,  parmi tous les qualificatifs pouvant assurer cette fonction, pourquoi avoir choisi plus particulièrement celui-ci ? Un développement aura beau être durable, s’il n’est pas vertueux pour l’environnement, il ne résoudra en rien le problème. Au contraire…

 En Fait, c'est le développement qu'on veut faire durer pour les génération futures et si possible en générant des bénéfices  avec services dont  les  technologies de pointes  élitistes sont censées  limiter  fortement les impacts de notre écosystème mondial sur l'écologie de la Terre.

En ce qui concerne la formulation anglaise, qui est d’ailleurs la langue d’origine de ce concept, je trouve qu’elle n’est guère plus rassurante. L’adjectif « sustainable »   signifie “a plan, method, or system [who] is designed to continue at the same rate or level of activity without any problems”. Cela est traduisible par : un plan, une méthode ou système qui est conçu pour continuer au même niveau ou degré d’activité sans poser aucun problème ». Plus tard on donnera une dimension écologique à ce mot qui peu signifier subjectivement : « respectant l’environnement ». Le sens original me semble suggérer fortement la volonté non de remettre les choses en question, mais bien de veiller à ne pas trop changer le système actuel. Seules les apparences changent.

Le développement durable  des uns doit-t-il forcement   faire le  sous développement persistant  des autres ?

 

 

Le développement durable s'est imposé comme l'appellation la plus conventionnelle pour parler du lien vertueux à établir entre  un environnement naturel  et   une société humaine. Il sera donc difficile de ne pas s'en servir pour se faire entendre par certaines sphères très influentes dans la diplomatie environnementale


Au  delà des mots  il y a une foule de bonnes intentions et des grandes quantités de réalisations qui  se sont polarisées autour de cette notion. De nombreuses O.N.G, des multitudes d'associations et même des entrepreneurs... 

S’il est indéniable que les problèmes environnementaux doivent être réglés en corrélation avec les  contingences socio économiques de nos sociétés industrielles, il faut  également considérer  ces impacts néfastes comme étant  des symptômes flagrants des limites du système mondial actuel.

Loin de devoir pérenniser ce dernier, je pense qu’il est vital d’évoluer progressivement  vers de nouvelles gestions et relations internationales plus harmonieuses. La réunion des bonnes volontés et des intelligences  vaudra toujours mieux que la capitalisation insidieuse  de nos désirs et de nos basses  pulsions. La mondialisation  de la sagesse est préférable à la  globalisation de la cupidité.

Je n'ai pas la prétention d'avoir raison de douter de cette terminologie. alors qu'elle est censée définir une évolution plus harmonieuse dans les rapports entres  les différentes  sociétés humaines et la Nature.

L'écologie globalisée  des bureaucraties ne fait souvent pas l'unanimité localement, sur le terrain, là où les hommes et les femmes  veulent  vraiment préserver leurs coins de Nature, mais aussi vivre confortablement.

C'est sur le terrain, en visitant  mon pays d'origine, à la rencontre d'associations écologiques algériennes , en partageant le quotidien souvent précaire  des ruraux du Tell jusqu'aux portes du Sahara , que je me suis mis à douter sur  le bien fondé du terme de  "développement durable"  qui , depuis 2003  rappelons le, figure dans la réglementation  de  l'environnement en Algérie.

J'ai bien conscience que ce terme peut véhiculer autant de bonnes que de mauvaises intentions et qu'il ne pourra être bénéfique  à des  pays comme l'Algérie  que s'il se garde d'être le cheval de Troie d'un  néocolonialisme  saupoudré  de "vert".

Il ne pourra  être qu'une notion transitoire, un outil  vers la quête d'une approche plus moderne,  mais endémique,  d'une société algérienne dont l'épanouissement économique, social et environnemental ne doit pas dépendre seulement des produits où des savoirs faires importés.

L'évolution permanente. L'innovation au service de la tradition. Le mouvement durable. Voilà en tous les cas le fond que doit défendre cette forme un peu tronquée qu'il est inévitable d'employer de  nos jours  si l'on pense comme moi que l'Environnement et l'Economie sont deux thèmes à conciler inévitablement  pour assurer un avenir durable aux hommes ainsi qu'à la nature qui les entoure. 

Karim Tedjani pour « Nouara, le portail de l’écologie et de la Nature en Algérie ».

 

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