ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )
19 Avril 2013
Introduction générale
Il y a, de nos jours, beaucoup trop de gens qui pensent encore qu'au 21ème siècle, se soucier de l’environnement n’est pas une priorité pour les pays en voie de développement. A mon très humble avis, ils ne réalisent sûrement pas, ou bien, pire encore, ne veulent pas admettre, à quel point ce domaine est la clef qui pourrait faire de ces jeunes nations des « puissances écologiques » très influentes.
Dans un contexte de croissance économique et industriel sans précédent lors du siècle dernier, les pays développés ont imposé leur règne sans partage sur l’économie et la politique mondiale. A présent, face à une crise écologique et économie globale, leurs tentatives de proposer des sociétés indépendantes et novatrices vis-à-vis d'un développement capitaliste écocidaire tardent à faire des émules, et cela encore plus parmi les pays en voie de dévellopement comme le notre
Les pays en voie de développement ont une faible empreinte écologique, pour la plupart, et disposent de grandes réserves en biodiversité sauvage ainsi qu'en ressources naturelles . Souvent, ces richesses sont peu ou mal exploitées dans l'intérêt seul de la collectivité nationale. Les ressources humaines sont rarement mises en valeur dans ces pays , au point d'être incapables d’en assurer tous seuls l’exploitation rationnelle. Ils deviennent donc dépendants à nouveau de leurs anciens maîtres, qui , eux, s’affichent à présent comme les maîtres de l’eau, de la qualité de l’air, de l’énergie renouvelable, du dessalement des eaux de mer alors que ( c’est une intime conviction qui n’engage que moi) la Nature n’a qu’un seul Maître et ce n’est pas l’Homme.
A vrai dire, le principal champ d’action où l’Homme est le plus libre de s’exprimer, d’influer, c’est la Culture, les mentalités, la nature des sociétés. Voilà pourquoi la pollution est une conséquence avant d’être une cause. C’est la pollution des esprits dans notre environnement social qui est la cause principale de la dégradation de notre environnement physique. Tout pacte environnemental doit donc prendre sa source dans la recherche d’un contrat social plus adapté aux enjeux écologiques de ce nouveau millénaire.
L’Algérie, en tant que leader africain et jeune nation au rayonnement mondial, ne serait-ce que par le nombre impressionnant d’Algériens qui résident au quatre coins du Monde, doit comprendre qu’elle dispose de quasiment toutes les cartes pour relever ce défi . Sauf d'une qui est, cependant, la plus maîtresse :un contrat social soutenable pour les Algériens et leur environnement.
Un contrat social sincère, la racine d’un vrai changement…
Qui ne rêve pas de changement en Algérie ? Dans un pays où la jeunesse occupe une place dans la démographie nationale à la mesure de la faible influence qu’on lui a donné dans la société, il parait évident que de profondes mutations socio économiques, mais également environnementales, nécessaires au développement vertueux de cette jeune nation, ne pourront s’effectuer sans cette dernière catégorie sociale. Certains même s’activent déjà à instaurer, ou bien encore tentent de définir, cette mutation dans un système algérien où, pour l’instant, la notion même de changement est perçue comme pernicieuse et subversive par les vieux pontes récurents d’un pouvoir dont la légitimité est de plus en plus contesté par la société civile dans son ensemble.
A vrai dire cette tendance n’est pas seulement à incomber à la jeune société algérienne, elle s’avère être globale. Certes les exemples les plus flagrants de cette velléité de changement à travers le monde, d’autant qu’ils se sont déroulés aux portes de notre pays, sont les récents « printemps arabes ». Mais, doit-on rappeler que, c'est le slogan « Le changement,c’est maintenant » qui a fait élire le dernier président Français, une des nation qui compte parmi les plus influentes de la planète; que ce pays est en train de vivre une des plus profondes transformation de sa société : « le mariage pour tous ». Tandis qu’une part grandissante de l’opposition milite pour une VIème République, c’est-à-dire un nouveau contrat social.
Revenons, si j’osais le dire, à nos moutons, pour à présent s’interroger sur les moyens dont dispose la société algérienne pour véritablement influer sur un changement en profondeur de son système de gouvernance.
Sans une société cohérente qui ne favorise pas l’émulation entre la société civile et la sphère politique, toute ambition de Changement ne peut-être que de nature cosmétique. Faut-il rappeler que dans la récente affaire du gaz de schiste à laquelle la plupart des citoyens algériens vraiment au courant des impacts catastrophiques de ce type d’exploitation se sont opposés avec virulence. Le débat national dont l’état Algérien se targue hors de nos frontières s’est déroulé sans leur présence et ce projet a été voté en haut lieu avec une majorité presque absolue.
Combien d’Algériens sont-ils vraiment au courant? Je parcours régulièrement le pays et j’ai pu constater que malheureusement le citoyen lambda est complètement ignorant des enjeux en cours, qu’il ne sait souvent même pas ce qu’est le gaz de schiste. Comment alors débattre pour le Changement quand, à vrai dire, le gouvernement débat seul, les intellectuels indépendants sont mis à l’écart de toute influence sur les décisions nationales et que le « peuple » ne semble avoir l’envie où les moyens de participer à d’autres questionnements que ceux qui concernent pas son quotidien ?
Doit-on également insister sur le fait que les principaux changements dont a été victime la société Algérienne naissante, sont le fruit de décisions émanant exclusivement de la sphère du pouvoir et que ces derniers, pour beaucoup d'Algériens n’ont pas été suffisament à la mesure des formidables espérances à travers le monde que l’Algérie avait suscité au lendemain de son indépendance ?
Le but d’un contrat social, titre notamment d’un célèbre essai sur le sujet écrit par Jean Jacques Rousseau (philosophe français du 18ème siècle), doit être plus qu'un outil de conciliation ou de réconciliation nationale. Ce doit être, à mon humble avis, un accélarateur de cohésion sociale. Celle qui aura raison des principaux antagonismes qui dispersent la population algérienne et l’éloigne de son véritable destin. Cette réconciliation entre les politiques, l’Armée et le « Peuple » qu’il faudrait plutôt appeler « la Jeunesse » puisqu’elle représente soixante dix pour cent de la démographie algérienne, ne peut être que la principale garante d’un système algérien soutenable pour la population et il en va de même pour son son environnement.
Cette cohésion doit s’effectuer autour d’un radical commun : l’intérêt public. Elle doit faire du bien public le bien de tous et de toutes, c’est-à-dire un patrimoine dont chacun des Algériens aurait d'ailleurs la responsabilité avant le droit de jouissance. Sans la conscience d’un intérêt commun, il ne peut y avoir de confiance entre les citoyens. Or, la peur de l’autre est le pire ennemi de la démocratie et de la paix sociale.
C’est parce que les intérêts des Algériens divergent, en fonction de leur statut dans le système actuel, que la cohésion sociale qui doit faire du peuple Algérien une société Algérienne n’est pas envisageable pour le moment. L'intérêt personnel de nombre de citoyen n'est pas en résonnance avec celui de la communauté. La corruption systémique qui a gangrené l’Algérie est le symptôme le plus incontestable qu’il n’y a pas d’intérêt commun entre ceux qui ont la responsabilité de ce pays et le reste de la population.
C’est d’ailleurs la corruption des esprits qu’il faudrait accuser avec encore plus de virulence, car c’est elle qui a permis celle de toute chose en Algérie. Les Algériens sont en train de devenir à l’image du reste des sociétés de consommation, ils privilégient la satisfaction instantanée de leur pulsions ainsi que la rivalité comme moteurs de progression sociale.Cela au point d’être même en compétition avec leur environnement.
Pourtant, la nature Algérienne,celle dont mes grands parents m'ont parlé, c'est à la base, la pondération, la solidarité, la curiosité et l'ouverture sur le reste du monde, le respect de la communauté. Si la nature en Algérie souffre, c’est justement parce que la nature des Algériens a été corrompue et qu’ils ne voient plus cette dernière comme un bien commun, un patrimoine national. Si la majorité des Algériens se souciaient de leur environnement comme de leur équipe nationale de football, alors peut-être que les choses avanceraient plus vite dans ce domaine…
Si les rues sont sales, c’est parce que la place publique a été enlevée aux citoyens qui ne la considèrent plus comme un bien commun, mais comme l’incarnation d’un pouvoir qu’ils ont de plus en plus de mal à considérer comme garant de l’intérêt public. Le pire, c’est que la plupart du temps , on lui a enlevé quelque chose que l'Etat a laissé en pâture à toutes les incivismes et les conflits d’intérêts entre le secteur public et privé. Les principaux bénéficiaires de ce défaut de radical commun sont les entreprises étrangères qui s’enrichissent de nos pauvretés en "savoir -s'entendre" et donc en savoir-faires.
Si la santé publique est en péril, c’est aussi à cause du fait que l’intérêt économique s’est substitué dans l’esprit de beaucoup d’Algériens, au point qu’ils ne la considèrent plus comme un des piliers de la souveraineté nationale. Que peut-être l’avenir d’un pays où des maladies que la plupart des sociétés modernes ont éradiqué , ont été un jour capables de refaire surface chez nous; souvent à cause d’un manque de coordination entre la société civile et la sphère politique. Un peuple malade peut-il être autonome ?
C’est donc l’intérêt public, le bien commun qui doivent reprendre leur place dans le nouveau contrat social qui doit être instauré en Algérie. Un contrat social écrit, mais aussi, et surtout moral entre tous les Algériens.Car l’Histoire des hommes est jonché de Constitutions bafouées par des réseaux d’influences minoritaires dont les intérêts divergent de ceux de la population et qui ont pourtant les manettes des pays qu’ils « colonisent » socialement avec machiavélisme.
Le but de ce modeste billet n’est pas de théoriser sur la création de ce contrat social car il ne pourra être instauré sans un débat national où, militaires, politiques et société civile s ’accorderont sur le fait que le système algérien actuel n’est pas assez efficace pour faire de l’intérêt commun (à tous les algériens) un véritable intérêt national .
Si je me suis permis de partager avec vous ces quelques réflexions, c’est avant tout parce que je demeure persuadé que la crise écologique qui sévit en Algérie ne pourra être résorbée sans une gestion de la crise Algérienne dans sa globalité. Les bonnes idées doivent être portées par un système capable de les identifier, non pour les corrompre, mais bien pour qu'elle s'épanouissent au sein de la société. Il en va de même pour l'environnement. Aucune loi, aucun discours ou programme ne pourra vraiment faire avancer les choses, si la société algérienne, dans son ensemble et ses fonctionnements, n'en est pas sincèrement convaincue. Voilà pourquoi, à mon humble avis, un bon pacte environnemental n'est possible que s'il a pour racine un contrat social capable de le mettre en place.
Karim Tedjani
(A suivre)
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"Du contrat social au pacte environnemental (petit manifeste d’écologie algérienne)- #1