26 Juin 2010
10 milliards de dollars ; c’est le « chiffre d’affaires » global annuel de la pêche illicite à l’échelle mondiale. C’est du moins l’une des conclusions majeures d’un récent rapport du Fonds mondial pour la nature (WWF). Tiré par la demande croissante des pays riches, ce braconnage mondialisé est en pleine expansion. Près de 30% des produits de la mer extraits des océans ne figurent dans aucune déclaration de capture selon la FAO.
Certes, ce fléau n’épargne aucune zone du globe. Mais, il touche particulièrement le continent africain qui ne dispose pas des moyens techniques et financiers pour contrôler efficacement ses vastes espaces maritimes. Le manque à gagner, qui découle du raclage des fonds marins africains par des navires étrangers, est estimé à deux milliards de dollars par an. Le chiffre en dit long sur la décision de l’Union africaine et la FAO de prendre le problème à bras le corps.
Bateaux fantômes et sociétés écrans. La pêche illicite dans les eaux africaines comporte de multiples facettes. Elles va de l’infraction à la réglementation (pêche en dehors de la saison ou de la zone autorisée, dépassement de quotas, utilisation de techniques de pêche destructrices) au pillage pur et dur pratiqué par des navires sans licence.
Le butin est souvent transbordé sur des navires frigorifiques, mélangé à des prises légales puis débarquées et vendues dans des ports légaux comme Las Palmas (Iles Canaries) ou suva (Iles Fidji). L’identification des navires hors-la-loi est d’autant plus difficile que les pêcheurs pirates parcourent les mers souvent sous pavillon des pays peu regardants quand à leurs activités. Pire encore, les navires peuvent changer facilement de pavillon et de nom plusieurs fois par saison pour embrouiller les autorités de surveillance. L’opacité de cette pratique, connue sous le nom de « la valse des pavillons », est complétée par le fait que les propriétaires de bateaux fantômes se dissimulent généralement derrière des sociétés écrans, domiciliées dans des paradis fiscaux.
Poissons volés ou l’avenir des pêcheurs africains compromis. Les navires hors-la-loi ciblent essentiellement des espèces à forte valeur ajoutée (thon rouge, légine australe, crevettes, homards…) et emploient des techniques particulièrement destructrices, comme le chalutage de fond, la pêche à l’explosif et le rejet massif en mer de poissons jugés nom rentable. De ce fait, la pêche pirate prive les pêcheurs locaux de leurs ressources et empêche le développement de filières d’exportation.
L’UA et la FAO resserrent les filets. Pour tenter de contrer les phénomène, l’Union africaine (UA) a adopté, lors d’une réunion tenue du 06 au 07 avril derniers, une «stratégie maritime africaine intégrée» qui vise la protection des côtes africaines contre la pêche illicite, les actes de piraterie et les trafics en tous genres (rejet de produits toxiques, trafic de drogue, émigration clandestine).
Cette stratégie préconise une mutualisation des opérations de surveillance des côtes ainsi que la création d’une base de données sur toute la flotte présente dans les eaux africaines.
De son côté, la FAO a adopté en date du 25 novembre 2009 à Rome un nouveau traité qui interdit l’accès aux ports des navires versés dans la pêche illégale.
Cet accord, qui entrera en vigueur une fois qu’il aura été ratifié par 25 Etats, prévoit notamment l’instauration d’autorisations préalables d’accès aux ports ainsi que des inspections régulières des permis de pêche, du matériel utilisé et des livres de bord. Jusqu’ici, le nouveau traité de la FAO a été paraphé par l’Angola, le Brésil, le Chili, la Communauté européenne, les Etats-Unis d’Amérique, l’Indonésie, l’Island, la Norvège, Samoa, la Sierra Leone et l’Uruguay.
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18/06/2010