ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )
20 Décembre 2013
Cette année 2013 va bientôt s’achever. Pour ceux et celles qui l’auraient déjà oublié, elle est officiellement celle de l’environnement en Algérie. Il faut dire, à leur décharge, que l’actualité corollaire à ce vaste et primordial volet, cette année, n’a pas vraiment été en adéquation avec la volonté affichée par notre pays de la consacrer à mettre la protection et la préservation de l’environnement sur un piédestal.
Certes, au fil des mois, on n’aura pas lésiné sur les célébrations, les séminaires, les colloques, les conférences ainsi que les campagnes médiatiques dédiés à ce sujet. Et cela pour réaffirmer, un peu partout sur le territoire algérien, l’intérêt de notre jeune nation pour un tel domaine qui n’a de cesse, en ce début de millénaire, de faire la une des médias du monde entier.
Il est clair que, en ce qui concerne la gestion des déchets, des mesures nécessaires ont été prises. Le volontarisme, ainsi que les mesures annoncées, par le ministère algérien en charge de l’environnement ne peuvent être ignorés. D’autant que son nouveau ministre, un vrai expert dans les questions environnementales et anciennement secrétaire d’état en la matière, parait très impliqué à régler au plus vite cette problématique qui a pris malheureusement l’ampleur d’un fléau national. Sans aucun doute, c’est la forme de pollution la plus évidente à constater chez nous, mais est-ce bien la seule dont il faut expressément se préoccuper ?
Dire que rien n’a été fait pour remédier à une telle prolifération ne peut être qu’une posture malhonnête. Surtout quand on suit, comme moi, de très près l’actualité écologique de notre jeune nation. Certes, mais se satisfaire des mesures prises ou envisagées, considérer ce seul volet comme un indice témoignant des progrès de notre pays en matière de respect de environnement ; n’est-ce pas aussi se rendre coupable d’un autre défaut d’honnêteté intellectuelle ? De là à faire dans la langue de bois… Il n’y a qu’un tout petit pas à franchir…
De même, un constat ne peut s’avérer constructif quand il n’a pour seul but que de condamner ou de critiquer le travail des autres sans admettre l’ampleur et les nombreuses difficultés qui incombent à leur mission.
Le mien, bien loin s’en faire, s’inspire juste de l’actualité de cette année de l’environnement. Il met tout simplement le doigt sur un paradoxe qui persiste dans la politique environnementale de notre pays. Une incohérence qui éloigne la majorité des discours officiels de la réalité du terrain.
D’autres, peut-être plus nuancés dans leur propos, dénonceront, à juste titre, les vices récurrents qui minent l’application locale de certaines bonnes décisions ministérielles. Est-il besoin de rappeler à la mémoire du lecteur, qu’il n’y a pas de cela si longtemps, de nombreuses vidéos ont circulé sur le web, montrant des agents de la propreté civile déversant en plein jour le contenu de leurs bennes à ordures dans les sublimes gorges de Kherrata ? Faut-il pas s’étonner quand, Dounia, une gazelle, est le symbole officiel de l’Environnement en Algérie, et que cette année encore, de riches étrangers sont venus décimer en toute impunité cette espèce protégée par la loi algérienne. Juste pour la « beauté » du sport? Comment croire sincèrement aux mesures politiques annoncées, quand elles sont bafouées par les propres outils mis en place au nom de notre Etat?
Déjà, en mars, on annonçait la potentialité d’installer un méga complexe pétrochimique à quelques kilomètres de Guerbes et de Sanhadja où se trouve un complexe de zones humides de renommée internationale, ainsi que de nombreuses zones naturelles protégées. Jusqu’à ce jour, aucune déclaration officielle n’a remis en cause la réalisation dans cette région d’un projet aussi morbide pour l’environnement et le développement durable de cette dernière. L'épée de Damoclés continue à peser sur le destin d'une qui aurait dû, depuis bien longtemps déjà, être calssée parc national. Quant aux carburants fossiles non conventionnels, bien que le pays souffre de stress hydrique et que la fracturation hydraulique soit un procédé d’extraction très controversé d’un point de vue écologique, là, c’est officiel : l’exploitation aura bien lieu dans les plus brefs et réalisables délais.
On aura même assisté à plus déroutant: un ministre de l’environnement, ainsi qu'un autre, chargé d'administrer les ressources hydriques du pays, n’ont pas hésité , dans leurs déclartions publiques à soutenir que les impacts environnementaux, pour ce type de forages étaient nuls, qui plus est, les risques totalement maitrisés. Est-ce un discours que l’on attend de la part de hauts fonctionnaires chargés de veiller sur l’Environnement ainsi que les réserves d’eau du nationales ? Deux secteurs qui seront indiscutablement perturbés par l’exploitation des gaz et pétroles non conventionnels ; aucun n’expert sérieux ne peut affirmer le contraire, à moins d’être impliqué professionnellement dans ce type d’exploitation…
En 2013, la création du conseil national censé appliquer les nouvelles lois sur les zones naturelles protégées, votée en 2011, n’a toujours pas été réunie pour faire son travail. Ainsi la préservation du nombre malheureusement croissant de zones naturelles dégradées, si elle a été décidée, ne peut toujours pas être légalement mise en place dans notre pays… Malheureusement, cette latence persistante entre décision et application n’est pas un cas isolé, mais bien un cas d’école !
La plupart de nos espaces naturels sont devenus de véritables zones de non droits où les plus sordides trafics écocidaires et délits environnementaux sont commis dans la plus totale impunité. Partout, parmi ces même citoyens qui sont montrés du doigt dans les médias comme d’improbables éco citoyens, des voix s’élèvent pour condamner ces méfaits accomplis dans leur localité, souvent sans pour autant que ces crimes et délits contre la nature ne cessent vraiment. Il faut admettre que des efforts de la part des autorités ont été consentis pour tendre une oreille plus attentive à ces justes doléances, mais ils restent timides et souvent impuissants face aux réseaux de complaisances locaux . D’autant que, cette année, aura vu aussi une suspension de six mois, deux associations algériennes, pour avoir milité pour la protection d’une forêt face aux prédations de promoteurs immobiliers…
Cette année 2013, aura été également celui des cris d’alertes de la part des acteurs de la santé publique. A maintes reprises des professionnels du monde hospitalier ou vétérinaire ont dénoncé de troublants manquements au respect des règles environnementales en rigueur dans ce pays. En Algérie, comme par exemple dans la wilaya de Chlef, on n’hésite pas encore à jeter les déchets hospitaliers dans les décharges publiques conventionnelles. A ciel ouvert, ou dans bien directement les oueds ! Les professionnels de la santé animale n’ont pas hésité à alerter également dans la presse nationale, toutes les dérives des éleveurs et de l’ensemble de l’industrie agroalimentaire dans notre pays. Les maladies digestives, les cancers liés à une nutrition malsaine en nette progression sur le territoire national sont là pour appuyer de telles légitimes accusations…
Si j’ai tenu à faire par ces quelques rappels, une rétrospective de l’actualité « écologique » de cette année de l'environnement , ce n’est pas animé par la prétention d'être exhaustif , ni de détenir la vérité absolue à ce propos. Mais ,plutôt , comme pour préluder à une question que j'aimerais à présent "nous" poser : qu’en sera-t-il alors de 2014, qui, elle, ne doit pas célébrer officiellement l’Environnement en Algérie ?