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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

Environnement en Algérie-"Le fond est bon mais la forme ne suit pas toujours... " Par Karim Tedjani

 

2013 est censée être l’année de l’environnement en Algérie. Pourtant, jusqu’à ce jour, aucun de ceux et celles qui activent au quotidien pour   le préserver n’oserons réfuter  le fait  que la politique environnementale de notre pays souffre encore de beaucoup de trop de  disfonctionnements pour être vraiment  efficiente et durable.

 

Pourtant, les mentalités évoluent progressivement. L'écologie est un concept qui fait de plus en plus d’émules parmi la jeunesse algérienne qui est, rappelons-le,  largement majoritaire dans ce pays. « El Bia » devient presque une mode en Algérie. Certains s'osent  même  à y déceler  une opportunité pour rassembler de nouveaux  jeunes électeurs. 

Mais malheureusement cette tendance au sein de la société algérienne  tarde à dépasser le stade  des bonnes intentions. Dans la pratique, le « green washing » ,  fait également de plus en plus recette en Algérie; c’est-à-dire  l’art de travestir les pires intentions écocides derrière une cosmétique qui n’a, chez nous, de  « vert » que la couleur  des billets de deux milles dinars...

Pour la majeure partie des politiques algériens, les préoccupations matérielles  actuelles  de la population ne peuvent être entravées  par  des contingences environnementales supposées être de second ordre face à l’urgence de moderniser ce pays. En Algérie, bien que le développement durable soit inscrit dans la législation  comme le cadre de sa politique environnementale, on tarde au fond à considérer que les aspects environnementaux, sociaux  et économiques  sont les sous ensembles d’une même aspiration : celle d’assurer  une gestion vertueuse et  pérenne à  la nation. 

Nos institutions s’avèrent de ce fait  très timides ou peu adaptées à  faire appliquer  les nombreuses lois pourtant prévues par la législation algérienne afin de protéger l’environnement et la biodiversité. Pour illustrer les réserves  que je me permets d’émettre à ce propos,  j’aimerais tout d’abord  poser quelques questions.

Pourquoi la Direction Générale des Forêts  est-elle  directement affiliée  au  ministère de l’agriculture  alors qu’il est  dédié à  un  des secteurs  qui impose, avec l’urbanisation,  une des plus grandes pressions  sur nos forêts et maquis pourtant si prompts à nous protéger du réchauffement climatique ?  Beaucoup de forestiers demandent, avec légitimité,  à ce que la DGF soit un secrétariat d’Etat indépendant.

Que dire du fait que le ministère  qui a pour charge de veiller à la protection de l’Environnement soit également  le Ministère de l’Aménagement du Territoire, de l’Environnement et depuis peu de la Ville* ? Un ministère de l’Environnement et de l’Ecologie  ne s’erai-t-il pas plus crédible ?

Comment expliquer le fait que la Commission Nationale des aires protégées, indispensable  à la bonne application  de la loi relative à leur protection ne soit pas encore constituée ? De ce fait la liste des aires naturelles, parce qu’elles subissent  dans la plus passive des impunités les pires dégradations d’origine anthropique, ne fait que s’allonger sans qu’aucune d’elle n’obtienne le statut d’aire protégéesalors qu’elles en ont toutes  un réel besoin ?

Comment élaborer une politique environnementale vraiment efficace quand la plupart des acteurs de la préservation de l’environnement déplorent l’absence d’une  banque de données nationale exhaustive et interactive, un outil pourtant indispensable en bien des aspects ?

Pourquoi, alors que depuis  l’année 2000,  l’Etat  algérien s’était  appliqué à limiter le nombre des organes étatiques dédiés à la protection de la nature et de l’environnement, de nouveaux organismes sont apparus récemment ? Cette partition de l’action gouvernementale en matière d’environnement, d’autant qu’elle n’est pas ou peu coordonnée, contribue surtout   le plus souvent  à ralentir les entreprises  vouées au bon maintien  de l’équilibre écologique de notre pays.  

La protection des forêts, des zones humides, de notre littoral,  des hauts plateaux et du Sahara, de la biodiversité, la lutte contre l’avancée du désert, la gestion intégrée de tous nos sites naturels ne doivent pas être assujettis à des ministères qui ne peuvent les aborder  qu' avec une subjectivité  trop pleine de considérations  avant tout économiques. On se rappellera le cas du gaz de schiste où le  Ministre du MATEV, de même que celui   des ressources hydriques, n’ont pas hésité  à en défendre l’exploitation en affirmant sans la moindre vergogne qu’elle ne présentait aucun danger pour l’environnement et qu'elle était vitale pour le développemement économique du pays!

De la maîtrise de notre environnement,  de la gestion intelligente des  richesses de notre biodiversité  découle également  la pérennité ainsi que la souveraineté  de notre nation. Il est impensable de concevoir un avenir serein  à l’Algérie sans une politique environnementale sincère  tant c’est  un pays menacé par l’avancée du désert, tant  la beauté de ses multiples  paysages et de son littoral  demeurent  encore largement souillées par des  pollutions en tous genres. Quid de l’épée de Damoclès  incarnée par le stress hydrique qui n’a pas totalement fini de peser sur le quotidien de millions d’Algériens ? En écologie, les  véritables victoires se gagnent  sur les siècles, rarement sur des décennies...

Les tristes constats écologiques  sont là de part et d’autre du pays  pour justifier la nécessité d’une nouvelle  remise en question non de la politique environnementale de l’Algérie mais, surtout, des modalités de son application.

Si la sensibilisation de la population  est un volet qui n’est aucunement à éluder, la formation des walis, des chefs daïras, des maires dans le domaine du développement durable doit être plus assidue et généralisée. Sans cela, il me semble difficile de faire appliquer la plupart des mesures décidées  par le gouvernement. Car  sans un outil administratif et institutionel suffisament adapté et formé pour cela, au contraire, cette défaillance devient un frein localement  pour la mise en pratique  de décisions prise à l'échelle nationale.  

L’Algérie, vaste territoire   tout en contrastes géographiques   est un écosystème complexe qu’il faut cependant aborder avec un esprit de synthèse et la volonté d’y percevoir des enjeux nationaux. Le partage des informations et des responsabilités entre toutes les parties prenantes de ce pays s'avère un enjeu essentiel . La société civile doit être perçue non comme concurrente avec les instistitutions gouvernementales, mais  bien comme capable de leur apporter un soutien substantiel à bien des égards.Il faudrait tout simplement qu'on lui donne un champ d'expression et d'action moins rébarbatif  qu'il ne l'est actuellement. 

Toute la société algérienne doit réaliser que  l’équilibre  écologique de cet écosystème est un facteur essentiel au bon développement économique et social du pays et non une lubie venue d'outre mer. En bien des points, notre pays est vulnérable écologiquement et cela risque d'empirer alors que nous sommes la génération la mieux placée pour favoriser tout le contraire afin d'éviter qu'il ne soit trop tard. 

En matière d'Environnement en Algérie, il  n’est plus soutenable aujourd’hui  de faire semblant car demain, déjà, il sera trop tard…

 

*Cet article a été rédigé avant le dernier remaniement ministériel qui a vu le terme "Ville" supprimé du titre de ce ministère. 

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