25 Avril 2014
Les jeunes de la commune de Aît Smaïl (Béjaïa) retroussent bénévolement leurs manches pour protéger leur environnerment
(Photo: Tedjani K.)
De la posture d'Etat aux actions désorganisées de la société civile...
L’Environnement en Algérie est-il un volet prioritaire pour l’Etat algérien ?
Il est difficile de croire totalement toutes les déclarations officielles qui semblent répondre de manière positive à une question dont la réponse ne peut se deviner qu’à travers la réalité du terrain, celle des actes concrets et des résultats durables. C’est là que le bât blesse quand il s’agit d’apprécier la sérénité et l’optimisme qui règne à ce propos au plus haut niveau de la gouvernance algérienne : tous les indicateurs écologiques du pays sont au rouge vif, au mieux à l’orange…
Un des autres indices qui me permet de considérer le peu d’intérêt de nos politiques pour la question environnementale est sans contexte le peu de place que ce thème occupé dans les débats ainsi que les programmes des candidats à la présidence durant toute la campagne électorale de 2014. J’ai pu d’ailleurs le signaler dans une récente interview réalisée par El Watan, ainsi que déplorer le manque de profondeur des propositions faites, preuve, une fois de leur indéniable défaut de vision dans un domaine qui est pourtant considéré comme le défi de ce siècle.
Parce que les discours politiques ne sont le plus souvent que le reflet des aspirations d’une société, on pourrait également en déduire que l’environnement n’est pas un sujet qui intéresse, dans l’ensemble, les Algériens. Certes, ce n’est pas totalement faux, cependant, il serait bon de préciser que la société civile algérienne n’a que très peu de champ de manœuvre pour influer dans la politique environnementale de notre pays, que le citoyen lambda trouve dans le manque de respect à son égard de la part de l’Etat le meilleur argument pour justifier son propre dédain envers la place publique qu’il ne considère plus vraiment comme sienne, mais comme une incarnation matérielle de ce « système » invisible qui siffle sur sa tête…
Il faudrait, de même, avant de s’empresser de stigmatiser la société algérienne, témoigner du travail de nombreuses associations écologiques algériennes, des myriades de petites initiatives privées à travers tout le territoire. Campagnes de sensibilisation, aménagement d’espaces verts, militantisme, entreprise de conservation et de recensement des richesses naturelles locales, opération de nettoiement, la liste des actions menée par des Algériennes et des Algériens pour protéger leur nature ainsi que leur cadre de vie est trop longue à évoquer ici.
Si elles ne sont que des gouttes d'eau dans l’océan d'incivilités et de cupidités qui noient quotidiennement ce pays dans le pire marasame, je dirais qu’il y a déjà ,quand bien même, matière à remplir un verre à moitié plein....
La principale défaillance de cette sphère de bonnes volontés réside cependant dans un manque cuisant de formation autant de vision collective. C'est pour la plupart, une écologie d'opinion et non de raison qui les animent...Or, en matière d'écologie et d'environnement, seule la science exacte doit toujours avoir le dernier mot et rien ne peut se décider indépendament des autres wilayas voisines tant leurs écosystèmes sont interdépendants pour la plupart du temps.
Enfin, pour mener à bien des projets, pour les évaluer, il faut une culture manageriale très bien ancrée. Là aussi, et c'est un fait irréfutable à travers toute la société algérienne, le constat d'une terrible défaillance doit aboutir vers la créations de formations dans ce domaine pour tous les acteurs de la protection de l'environnement.
L’absence de soutien sincère de la part des autorités locales, voire nationale n’est pas là pour arranger les choses.
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