ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )
1 Mai 2014
Un des slogans enseigné aux enfants dans les clubs verts...(photo: Tedjani K.)
6 : Pour une gestion des déchets vraiment systémique…
« L’Enfer c’est les autres » ?
L’Algérie est devenue un pays sale. Tellement insalubre que plus personne ne semble plus vraiment s’y indigner de constater à quel point la place publique ressemble de plus en plus à une poubelle à ciel ouvert. Cette saleté ne s’est pas seulement incrustée dans notre environnement matériel. Elle a colonisé la tête des citoyens, s’est imposée comme une fatalité quotidienne. Elle a généré le plus dommageable des laisser aller, justifié les pires comportements.
Cette pollution n’est pas seulement une maladie physique, elle est surtout le symptôme d’une déprime généralisée qui a gangréné toute la société algérienne. Comment pourrait-il en être autrement dans un pays où la population, face au « pouvoir », n’a le droit à la parole que pour causer toujours. Un dialogue de sourd où toute remise en question de l’Etat se doit de rester muette, et le citoyen de rester aveuglement confiant dans la pertinence des choix de ses dirigeants, même quand leur incompétence dans certains cas lui paraissent criante.
La frustration de toute une génération ne trouve plus que la rue comme seul champ d'expression. Non plus dans le vacarme salutaire des marches et des slogans passionnés , non, c’est une contestation sourde. Celle de la défection et de la défiance qui séparent un peuple de son gouvernement.
Ainsi toute forme d’espace publique est appréhendée non plus comme un bien commun, mais comme l’incarnation d’une autorité de moins en moins légitime aux yeux de la plupart des citoyens. D’ailleurs la notion même de bien commun ne semble plus faire recette parmi tant de gens qui peuplent ce pays. Seul l'intérêt privé compte. Dieu est pour tous, certes, mais pour le reste, c'est chacun pour soi...
Seule la famille, le clan, la sphère intime n’apparaissent à présent comme véritable rempart contre cette « hogra » dont se plaignent tant de gens en Algérie. Il suffit de se rendre chez n’importe quel Algérien pour constater à quel point son intérieur est propre, ordonné, régit par des règles de bienséances auquel aucun membre ne peut totalement déroger. Quid de ces sublimes jardins privés que cultivent beaucoup de nos concitoyens, tandis que nos espaces verts publiques font le plus souvent peine à voir…
Passé le pas de sa porte, la « Scara », la « Makra » vis-à-vis de tout se qui peut la symboliser cette « Hogra » deviennent les armes silencieuse d’un citoyen qui, malheureusement, ne lui permettront de gagner aucun combat, pas même l’ombre d’une bataille contre ce qui l'oppresse au plus haut point. Parce qu'au fond, il contribue surtout à entretenir autour de lui ce chaos , cet égoïsme ainsi que cette méfiance de tout qui a paralysé tout un jeune pays.
« L’Enfer, c’est les autres », voilà ce qu’il faut enlever de la tête des gens dans ce pays si l’on veut en faire autre chose qu’un vaste huit clos.
Un homme ne peut être vraiment libre quand il s’isole des autres. La Liberté se gagne en respectant celle de l’Autre, sinon elle rime avec ce que l’Anarchie a de pire à proposer à l’Humanité. La Démocratie est une expérience collective faite de dialogues, de droits et de devoirs vis-à-vis d’autrui et de son territoire. Pour aspirer à cette liberté, il faut une société civile harmonieuse et une Patrie, un foyer collectif bienveillant, géré par de bons pères de familles pour des enfants épanouis parce que confiants en l'avenir qu'on leur destine avec leur consentiment…
Trier pour recycler…
La politique actuelle en matière de déchets domestiques semble criante à ce propos au regard des constantes oppositions de la société civile à l’installation de CET ou d’incinérateurs dans leur environnement. Pourtant, en haut lieux, on s’obstine à imposer une telle alternative à ce fléau qui, rappelons-le, ne tire vraiment sa source que dans une absence de contrat social et de pacte environnemental sincère entre les Algériens.
Certes, il faut remédier au plus vite à la prolifération des décharges sauvages. A ce titre les centres d’enfouissements peuvent apparaître comme une démarche qui répond à l’urgence. Mais ce n’est qu’un pis aller. De plus, quand ils sont mal gérés, ce qui semble encore le cas en Algérie, ces infrastructures deviennent même encore plus nocifs pour l’environnement. C’est d’ailleurs parce que la rumeur de ces défaillance a gagné la population algérienne, qu'elle refuse en bloc une telle option.
La meilleure solution, à en voir les succès des nations nordiques dans ce domaine, semble être justement de limiter au maximum la quantité de déchets qui finissent dans nos décharges, aussi performantes qu’elles sont supposées l’être.
Pour générer moins de déchets, il faut maîtriser au maximum la production des produits manufacturés consommés par les Algériens . Notamment en ce qui concerne leurs conditionnements qui doit être largement recyclable. Ces déchets doivent être réintroduits dans un tissu industriel et agricole algérien par une politique nationale de tri et de recyclage intelligente.
Nos déchets organiques peuvent être compostés industriellement , et c’est toute l’agriculture qui pourra profiter d’engrais biologiques à un prix défiant toute concurrence. Moins d'importations, une agriculture biologique au possible qui ne serait pas dispensée de productivité parce qu’elle aura tourné le dos à la chimie ainsi qu’à la déforestation. Cela n'est pas une chimère, mais bien la nouvelle modernité qui s'annonce pour ce siècle.
Le biogaz produit par nos ordures est également une source d’énergie qui pourrait profiter à diversifier notre mix énergétique national dans bien des localités, notamment dans les zones rurales qu’il faut impérativement rendre plus viables pour nos fellahs.
Tous les matériaux recyclables présents dans nos décharges doivent être triés et recyclés avant même de s’y retrouver.
Mais, il ne s’agit pas, une fois de plus de se contenter de les exporter à l’état de matière première. L’industrie algérienne renaissante doit s’approvisionner en priorité de ces matières recyclées sur le territoire algérien. Les produits nationaux manufacturés issus du recyclage devraient profiter de tarifs qui les rendraient plus attractifs auprès du consommateur Algérien.
En ce qui concerne les boissons, l’utilisation du verre consigné doit être systématique et, la consommation de l’eau du robinet encouragée par un meilleur service à la fois d’un point de vue quantitatif que qualitatif.
Tout se recycle, rien ne se perd, quand tout ce qui se produit dans un pays est recyclable. C’est aussi simple que cela. A la réserve près que les modes de recyclages doivent être respectueux de l’environnement et non source de nouvelles pollutions. Ce petit détail pour certains est à vrai dire un grand défi à relever pour le bien-être de tous les autres…
En créant une véritable filière, on crée des millions emplois durables. En ce qui concerne le recyclage, ont pourrait également revitaliser tout un environnement. Ainsi, en rendant « tout ce qui nous entoure et nous influence » plus propre et plus beau tout en créant de la richesse, on distillera dans l’esprit de toute une société le meilleur remède pour sortir de sa déprime : un environnement sain…
A suivre...
ENVIRONNEMENT EN ALGERIE- "Les défis d'une jeune nation sur un territoire millénaire"... Par Karim Tedjani (2/4)
ENVIRONNEMENT EN ALGERIE- "Les défis d'une jeune nation sur un territoire millénaire"... Par Karim Tedjani (1/4)