ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )
14 Mars 2014
Maquette des enfants du Club Vert de la Maison de l'environnement de Bouira (Photo: Tedjani K.)
La situation écologique de notre pays n’est actuellement guère reluisante. Qui oserait affirmer le contraire sans être taxé d’aveuglement ou, pire encore, de pratiquer la langue de bois ?
L’Algérie, en matière d’environnement, se sent pourtant l’âme le d’un leader africain incontournable, et ce sans douter un seul instant de la légitimité d’une telle ambition. Peut-être, que certains de nos imminents politiques se sont-ils satisfaits de voir les choses sous l’angle de cette fameuse devise qui dit qu’ « au royaume des aveugles, les borgnes sont rois" ?
On aura beau nous le répéter dans les médias, ou bien encore, nous l’asséner à grand coup de discours officiels, nous le rappeler sans cesse que c’est avant tout le citoyen algérien qui n’est pas à la hauteur des défis pensés et lancés par les plus hautes sphères de la gouvernance nationale. Dans la réalité, c'est un tableau beaucoup moins reluisant qu'il faut malheurement déplorer...
Il est vrai, pour la défense des optimistes officiels , que la législation environnementale algérienne est une des plus exhaustive qui puisse exister. sur la planète.Ne célèbre-t-on pas officiellement, à travers tout le territoire, la plupart des grandes journées mondiales affiliées avec le thème de l’environnement et de l’écologie ?
Certes, mais dans le combat qu’il faut considérer comme vital de protéger la nature algérienne, que vaut une armada de lois sans décrets pour les appliquer ; sans une banque de données nationale exhaustive ; désarmée d’une action interactive avec l’ensemble de la société ; sans un audit environnemental objectif et réellement sincère ? Pas mieux qu’une immense flotte qu’on aurait oublié de doter de puissants canons… Même un colosse d’argile, un tigre de papier, feraient meilleur effet dans la bataille!
La société algérienne n’est plus en phase avec son environnement. Que dis-je, elle le perturbe, le dégrade. Et ce dernier semble muter d’une nature plus qu’inquiétante pour la santé physique, mais aussi mentale du peuple algérien.
Mais, faut-il pour autant se résigner, quand la moindre particule de l’environnement algérien est sujette à de préoccupantes interrogations ?
Je me souviens de la devise d’un de mes plus mémorables professeurs de littérature, M. Lemaitre, qui m’enseigna plus qu’une discipline littéraire, mais également une certaine rigueur intellectuelle. Durant toute mon année de première, il n’eut de cesse de nous répéter à maintes occasions qu’ « il vaut mieux s’attendre au pire et veiller à ce que le meilleur ne se réalise... »
Pour ma part, rien n’est moins positif et constructif pour progresser, et non seulement courir après le progrès.
Je ne suis pas de ceux qui pensent que seuls les constats alarmants suffisent à cet effet. Bien au contraire, j’ai la « faiblesse » de croire qu’il est bien plus préférable de mettre avant tout en évidence les belles choses qui persistent en ce bas monde ; malgré toutes les horreurs dont il est la matrice à présent. S’il y a, comme on dit, des « détails qui tuent », je pense qu’il en existe autant, quand on se donne la peine de les déceler, qui peuvent donner naissance à aux plus légitimes espoirs.
Car je n’ai pas parcouru tous ces milliers de kilomètres à travers notre pays, pour me contenter d’être alarmiste. Qu’aurais-je à apporter à l’écologie algérienne qui n’aurait pas déjà été dit par d’autres, armés, de surcroit, d’une formation scientifique à la hauteur des enjeux écologiques qui se jouent actuellement dans notre pays? Ma plume ? Ma « French Touch » parisienne? Mes appareils photos qui, de temps en temps, daignent laisser mon regard saisir quelques belles images volée à la beauté naturelle de l’Algérie ?
Non, je ne pense pas que cela suffise, d’autres, ici, en ont largement plus le talent artistique et la science écologique que moi pour ce faire. Il y a des sites internet de grande qualité graphique en Algérie, bien plus ergonomiques et sophistiqués que mon simple blog Nouara.
A vrai dire, si je ne m’interdis pas de faire des constats que la réalité m’impose, je me suis surtout appliqué à mettre en valeur, avec mes modestes moyens, tous ce qui laisse également à penser que l’écologie en Algérie, si elle parait naissante, n’en demeure pas moins d’une grande vitalité au sein de la société civile. Au fil des « scandales », de la prolifération des déchets dans nos paysages, de l’augmentation des maladies liés à de mauvaises gestion écologiques, tous ces facteurs, et bien plus, font de l’Environnement prend une place de plus en plus remarquée dans la société algérienne.
De plus, si elle ne parait pas aussi visible à l’œil nu que chez nous, j’aimerais rappeler que cette pollution est beaucoup plus importante et préoccupante et présente dans la plupart des pays européens hyper industrialisés.
Chez nous, pas encore d’agriculture intensive. Notre tissu industriel n’est en aucun cas comparable avec celui de nos principaux partenaires étrangers. Ainsi, les deux sources les plus importantes de pollutions chimiques de l’environnement n’ont pas encore autant d’impacts qu’outre-Méditerranée. Les Algériens n’ont pas accès à bien des conforts modernes et services si énergivores et polluants qui font le « bonheur » des consommateurs des pays plus développés.
Notre empreinte écologique, locale, est au moins quatre fois moindre à celle de ces derniers. Bien que, à ce propos, en considérant que nous importons tout ce que nous consommons, les impacts de la consommation algérienne sur l’environnement de nombre de leurs pays fournisseurs seraient intéressants à évaluer…
Notre nature, si elle est de plus en plus défigurée par le développement obsolescent (plus que durable) de notre pays, n’en demeure pas moins encore largement sauvage et authentique.
La pollution, chez nous, est avant tout due aux défaillances de nos systèmes économiques, sociaux et encore plus politiques. C’est un vice d’audit, d’intégrité, la corruption, le clientélisme, un aveuglement généralisé qu’il faut accuser en premier lieux, avant même de pointer du doigt le citoyen algérien.
L’écologie algérienne est avant tout un combat civique, une volonté de faire tout simplement appliquer la loi algérienne en matière d’environnement et d’écologie par l’ensemble de la société. Car tout est écrit noir sur blanc, les programmes existent, les organismes crées ; il manque surtout les bonnes personnes pour faire de tous ces outils, non de simples vitrines, mais bien des atouts capables de changer la donne...
En tant que jeune nation qui se cherche, légitimement, une modernité, notre pays est voie de développement. Cela veut dire qu’il est encore possible de prendre un cap plus harmonieux ; que les comportements de la société algérienne ne sont pas encore totalement arrêtés, d’autant qu’elle est majoritairement jeune.
L’efficacité, voilà à vrai dire le maître mot pour espérer avancer vers un avenir plus serein dans notre pays. J’en suis convaincu.
Efficacités des lois, de leurs applications, des audits écologiques. La plupart des délits environnementaux restent impunis ou minimisés, parfois même par les mêmes chargés de les combattre… Le cas de la déforestation alarmante du pays et de l’impuissance de la DGF à l’endiguer, est un des exemples des plus attristants à ce sujet.
Efficacités des infrastructures, de leur gestion, pour éviter de gaspiller nos ressources naturelles à construire et déconstruire des installations défaillantes ou mal gérées. A force de produire des routes mal agencées dès leur construction, il ne restera un jour plus un seul Djebel dans ce pays, tant ils tendent pour la plupart à être transformés en carrières pour les graviers, par exemple.
Efficacités des réseaux A.E.P, moins de fuites d’eau dans les canalisations, moins de barrages envasés, moins de chimie dans les produits de consommation, plus de contrôle de la qualité de l’eau, plus de récupération de l’eau de pluie, de toilettes sèches, moins de bouteilles d’eau minérale en plastique.
Efficacités de la consommation énergétique. Ce sont surtout, avant de chercher à produire plus, les appareils que nous utilisons qui sont énergivores, il faut changer cela au plus vite. Cela incombe également un juste prix de l’énergie, une pénalisation des gaspilleurs, un soutien à l’équipement aux normes énergétiques des foyers les plus défavorisés. Des tarifs gradués, un seuil de surconsommation pénalisé.
Efficacités dans la gestion des déchets, imposer le recyclage comme une norme obligatoire et systématique. Favoriser le tri et, comme le régime alimentaire algérien est encore largement d’origine végétale, multiplier les compostages pour limiter le poids de nos poubelles.
Efficacités de la sensibilisation, de l’enseignement, de la consultation et l’implication des citoyens…Efficacités donc de la circulation des informations entre tous les acteurs de l’écologie en Algérie…
Il n’est pas trop tard pour cela, mais cela s’avère urgent à mettre en place cette efficacité qui, sommes toute, ne dépendra au fond que d’une seule efficacité : celle de s’entendre, de travailler ensemble, de faire de l’écologie un radical commun citoyen et non un philtre politique supplémentaire…
La nature algérienne est en danger, mais elle n’est pas perdue pour autant. Si tous les efforts qui ont été fait par les uns et les autres persistent, si les citoyens imposent à tous les partis politiques une vision écologique au lieu de la polariser autour d’un hypothétique parti écologique algérien , si l’environnement devient une valeur constitutionnelle, si nous nous mobilisons pour ne plus accepter de voir notre nature dégradée par des irresponsables assoiffés d’argent, si nous réalisons que l’environnement est une affaire de souveraineté nationale, alors, tout est possible…
Trop de si, à votre goût ? Peut-être, mais voulez vous que je vous énumère tout ce qu’il y a à perdre à ne pas réaliser ces objectifs ? Cet article est déjà assez long, je vous laisserai donc à votre scepticisme qui n’a lui aussi, pas mis « Paris en bouteille » et, de plus, à laissé Alger et le reste du pays se noyer dans une immense poubelle à ciel ouvert…