4 Juin 2014
Lors de ma dernière visite à Tikjda, l'hiver était sur le point de se retirer...
Le week-end dernier, je me suis rendu à Tikjda afin de me joindre à un des nombreux bivouacs organisé par le très dynamique club algérois « SAM » (Sport et Aventure de Montagne), une fine équipe d'amateurs, des jeunes femmes et hommes qui partagent la même passion pour la randonnée, le parapente ainsi que l’escalade.
Un ami internaute, Zino, alias Yagyu Senkusushei, un amoureux transi de la Montagne, me suggéra de l’accompagner pour cette aventure aux élans de retrouvailles entre un homme et son environnement le plus vital. Dans ce coin de Djurdjura qui n’a plus aucuns secrets pour lui, après un an d'abscence, il était de retour chez lui, dans la Montagne , le regard aimanté vers les hauteurs.
Basés aux abords du Chalet du Kef Tikjda, célèbre et mythique point de ralliement de tous les mordus des sports alpins en Algérie, nous avons passé deux journées mémorables dans la joie, la bonne humeur. La discipline fut également souvent de mise, pour ne pas oublier la rudesse de la nature qui nous environnait. Des jeux d’enfants espiègles pour des adultes responsables et solidaires.Voilà l’esprit de ce séjour où j’ai fait une des plus belles et poignante rencontre humaine depuis mon « odyssée » naturelle à travers le pays.
Ce périple que m’avait proposé mon ami Zino fut l’occasion pour moi de retrouver la beauté sauvage ce site naturel d’exception que j’avais déjà visité en mars dernier en compagnie de Djamal Bellal ainsi que les autres membres de l’association Tazermurt (Takerboust-Bouira). Je l’avais alors découverte tandis que les rayons naissant du printemps la dévétissaient tout doucement de son plus bel apparat. Un blanc manteau d’hiver qui faisait ressortir à merveille toute la somptuosité de ses courbes, la luxuriance de ses forêts de cèdres d’atlas et de pins noir.
Cette fois-ci, je venais lui rendre visite alors qu’elle s’apprêtait à changer sa robe printanière pour sa tenue d’été.Il faut croire que Tikjda aime se déshabiller devant mon regard. Je n'allais pas me plaindre. Qu'elle magnifique créature de beauté j'avais en face de moi...
Des essences rares, une biodiversité foisonnante de créativité, des paysages aux tonalités mythiques, une symphonie de bruits et de sons, de flagrances et de chromatismes à vous couper le souffle… Quelque soit la parure et les atours dont elle s’habille, Tikjda est d’une grâce naturelle hors norme. Elle est, sans contexte, un des nombreux joyaux du parc national du Djurdjura, une majestueuse couronne de montagnes qui coiffe la Kabylie du plus somptueux des bijoux de la nature du littoral algérien.
Mais c’est aussi , malheureusement, une vaste aire naturelle en instance de déclin, pour qui sait observer, ça et là, les détails plus ou moins évidents du laisser aller qui s’est installé ici bas . Lors d’un entretien avec un garde forestier natif de la région, j’apprends d’ailleurs que le statut de hot spot de la biodiversité mondiale du Djurdjura est sous le coup d’une très sérieuse remise en question par l’Unesco. En effet, cela fait déjà sept ans que ce bailleur international fournit aide logistique et assistance pédagogiqe à ce parc, et, les choses n'ont fait apparemment qu'empirer...
Le tourisme de quantité et la nature de qualité peuvent-ils vraiment cohabiter dans un même espace temps? Il est difficile de répondre par la positive à cette interrogation quand , par exemple, à Tikjda, on fait le triste constat des nombreuses dénaturations dont est elle victime à cause de son succès touristique .
D'un autre côté, il est clair que la société algérienne a besoin de renouer les liens brisés par la décennie noire avec sa nature. Il en va de la survie de nos paysages, de notre biodiversité.Sans cette ampathie, les Algériens ne réagiront plus face à cette nature comme un patrimoine à conserver , mais plutôt comme une entrave aux ambitions des plus mercantiles et irresponsables d'entre nous qu'ils vendent sans le moindre complexe au reste de la population comme la veule voie vers le développement. Mais il existe d'autres façons de produire un tel tourisme vert; d'autre manière d'encadrer cette foule qui, souvent sans le savoir, fait plus de tort qu'autre chose à la nature qu'elle est venue admirer.
A ce propos, ce que font les jeunes du CLUB SAM, au delà du plaisir de vivre l'aventure, est à la fois un acte écologique, mais aussi dont la portée sociale . De tels clubs, associations et agences de voyages, quand elles remplissent leur mission avec sérieux , participent à cette réconciliation entre les Algériens et leurs nature profonde. Le début d'une conscience écologique, c'est toujours sur le terrain qu'elle aura le plus de chance d'évoluer vers une action pour le bien de l'environnement de toutes et tous ceux qui nous influencent et nous entourent.
Ainsi, ensemble, je l'espère, le temps de ce court bivouac, nous allons tenter de vivre et de comprendre cette nature sauvage qui fait écho avec celle de ces passionnés, comme Zino et ses pairs. Ceux dont la séreinité ne se retrouve qu'embrassés par l'étreinte noble et sauvage d'une montagne.
Hors des sentiers goudronnées de nos villes, tandis qu'elles croulent sous des montagnes de déchets, étouffent d'un air vicié, nauséabond et poussièreux. Un environnement assourdissant, polluant et pollué où règne une passive anarchie qui tend à envahir, malheureusement, l'âme, le corps et l'esprit de trop nombreux parcs naturels, derniers remparts et refuges à la folie mercantile des sociétés industrielles.
L'âme de la montagne, l'esprit du montagnard, quand la nature est le coeur d'une belle rencontre. Quand l'homme respecte ses lois, et qu'elle lui rélève en récompense ses mystérieux trésors en échange. Alors, il y a harmonie, espoir, plaisirs à la clef...
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Environnement et tourisme en Algérie- "Sport et Aventure à Tikdja" (Reportage) #2