ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )
15 Avril 2014
(Photo Tedjani K.)
A Guerbes, dans la wilaya de Skikda, comme d'ailleurs un peu partout à travers l'Algérie profonde, beaucoup trop de citoyens se comportent comme si ils étaient au dessus des lois instaurées par notre Etat.
Tellement ce dernier y est absent, tellement la corruption et le laisser-faire sont devenus la seule norme à respecter dans ces zones de non-état de loi...
Ainsi, si l'on prend le cas de cette bourgade du nord-est de l'Algérie, il suffit de randonner quelques jours à travers sa campagne pour faire un bien triste constat.
Un tel dévaste des hectares de forêt, parfois même d'aulnaies (rares) pour y semer de la pastèque et saturer de plus les sols de produits chimiques périmés, qui plus est. Un autre puise sans vergogne l'eau des zones humides malgré qu'elle soient protégées et gêne ainsi la villégiature d'oiseaux migrateurs dont certains sont très rares. Un autre vole chaque jour des tonnes de sable pourtant impropre à la construction puisque très humide, au détriment des dunes qui jouent un rôle écologique primordial. Un autre prend la liberté d'installer un bar clandestin en pleine "cambrousse" et ce sont des milliers de bouteilles en verre qui jonchent la campagne. Un autre laisse ses déchets dans la plaine de Messoussa, à chaque fois qu'il vient de Guelma pour y pêcher à la ligne dans l'oued El Kebir. Un autre s'accapare une source naturelle et décide de la dégrader volontairement pour que plus personne ne vienne y puiser de l'eau. Un autre s'installe dans un terrain forestier, qu'il clôture sans la moindre gène. Et que dire de celui qui coupe chaque jour des Eucalyptus pour en faire du charbon de bois?
Si je parle de ces gens au singulier, ce n'est qu'un effet de forme, ils sont malheureusement de plus en plus nombreux dans cette région, à se jouer de la loi, à bafouer l'intérêt commun pour leur propre compte, sans que personne ne semble être à même de les en empêcher...
A force d'une telle anarchie égoïste, c'est la désertification de toute une région qui se profile inéluctablement puisque plus aucun arbre n'y est à présent en sûreté . Un cas d'école loin d'être malheureusment isolé! Je sais de quoi je parle... J'ai pu en être témoin à travers plus d'une vingtaine de wilayas du Tell...
Il faut dire que c'est le mal-vivre la campagne l'isolement, le manque d'emplois durables, d'infrastructures efficentes qui sont les plus sûrs accélérateurs de tels fléaux; le plus flagrant symptôme d'un échec du dévellopement des zones rurales en Algérie...
Mais il serait demagogique de ne pas signaler que la plupart de ces délinquants ne sont pas de pauvres douaris mais bien des hommes riches. Ils disposent d'engins, de camions; ils ont les moyens d'arroser de leurs faveurs beaucoup de fonctionnaires locaux et profitent de la misère ambiante dans nos campagnes pour acheter toutes les complicités...
Et que font les autorités locales contre tout cela? Pas grand-chose, le plus souvent. Elles acquiescent silencieusement de leur laxisme , parfois, pire, elles couvrent ces mêmes délinquants...
Bientôt, à force de ne plus être capables de faire respecter dans nos campagnes la loi environnementale pourtant en vigueur dans notre pays , la criminalité va finir par s'y endurcir, encouragée par autant d'impunités... Et, de ce fait, nos douars redeviendront des bases de replis pour toute une faune de psychopathes et criminels en tous genre qui auront tout le loisir d'opérer ensuite leur crimes dans nos villes...
Voilà où nous en sommes arrivés... Tout cela pour de l'argent facile, par flemme morale, pour ne pas gêner un tel ou un tel membre de sa famille, de sa tribu d'intérêt , ou bien encore un généreux "bienfaiteur".
Les Algériens rêvent de démocratie mais, dans leur majorité, mais en se jouant de la Loi ne participent-ils pas plutôt inconsciemment au cauchemar quotidien dans lequel la corruption généralisée les a embourbés?
Ils critiquent un système qui, au fond, arrange bien, le plus souvent, leurs mesquines petites affaires personnelles. Ils ne sont même pas capables, dans l'ensemble, de respecter le tour de leur voisin de file d'attente, s'offusquent même quand on le leur fait remarquer!
"Le Pouvoir" occulte auquel ils font si souvent référence pour justifier leur propre médiocrité, celui qui mine ce pays à petit feu , lui, il le sait, il en joue, il favorise parfois même de sa main invisible la contagion d'une telle maladie sociale et morale à travers toute la société algérienne...
Il a donc, grâce à cela , encore bien de beaux jours devant lui... Il ne faut point en douter !