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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

"Il faut protéger la nature pour sauver l'Homme..." Par Karim Tedjani

               Portable liege

                                                                                                                 "  La Nature sans l'Homme  "  Photo: Tedjani K.

 

 

L’écologie scientifique, militante ou  politique, aura gagné, en ce début de millénaire, sa première grande bataille sur les dérives du  monde industriel : une place à la table ronde des priorités de ce siècle naissant et  qui se doit de faire le deuil du millénaire passé, se réinventer même , peut-être. On  entend régulièrement parler, dans les médias et les discours politiques du monde entier, de la nécessité urgente  d’offrir à l’Humanité une  économie qui ne serait  plus seulement politiquement correcte mais également    politiquement « verte».

Il faut dire que le message est clair : les voyants écologiques, sociaux et environnementaux de notre système mondial  sont dans le rouge, nous annonce-t-on. Les budgets des nations également.  Un peu partout sur la planète, des savants nous prophétisent régulièrement  de cuisants peak  de pétrole, de gaz et même, pis encore, d’eau potable.  

Rouge comme le sang des guerres dont les seuls prétextes véritables sont des conflits d’intérêts géopolitiques où les ressources naturelles jouent  un rôle de premier ordre. Rouge comme le thermomètre qui grimpe inexorablement vers un réchauffement global des climats mondiaux ; certains se demandent même si la chute, après  ces pics de chaleurs suspects, n’en sera pas plus douloureuse…

Enfant, déjà, je n’ai jamais pu  vraiment  enlever de mon esprit  certaines scènes  de cette  autre fiction cinématographique,  « New York ne répond plus »,  avec Yul Brynner  qui, en 1975,   nous faisait l’augure d’un New York abandonnée à la totale désolation. Dans ce No mans land enfanté par une crise généralisée du monde capitaliste, le bien le plus précieux devient alors  la graine, et le savoir le plus primordial,  l’art de jardiner… J’ai grandi avec ces visions alors indélébiles de ma psyché, même la plus  profonde. J'ai été conditionné dans  beaucoup de mes choix de vie à cause de cette "angoisse"; un peu comme celle qui gagne beaucoup d'entre nous quand il se baignent en mer, depuis qu'il ont vu le film de Spielberg, "Les dents de la mer".

 

La fin du Monde !? Et si les pires scénarii,  façon MAD Max, se réalisaient comme des prophéties !? Le chaos, l’Apocalypse annoncé par tous les textes sacrés ?! La fin d’un monde, plus  assurément…  

La notion même de modernité  actuelle a été  dors et déjà remise en cause par un courant philosophique, le Postmodernisme qui, depuis les années 1960, ne reconnait plus la pensée rationaliste occidentale comme la matrice de la nouvelle pensée  découlant de la  cybernétisation de nos sociétés dites de l’information. L’héritage antique est ainsi remis en question par ces néo-penseurs  de la condition humaine. Beaucoup de constats  de déclins écologiques ont servis d'indice pour justifier le caractère caduc de la modernité, incapable d'être soutenable par nos environnements.

« Après l’Histoire …»  fera écrire son époque  à l’essayiste français    presque contemporain Philippe Muray.  D'après   son analyse historique, il  la considère radicalement comme celle de  « l’Homo Festivicus », un être hyper social qui ne dispose même plus  d’outils cognitifs et  sémantiques suffisamment objectifs  pour lui donner les moyens  de penser  sa condition autrement que par la célébration de la société de  consommation de masse.

Le coupable ?  C’est  vous et moi, « eux ». Les complices ? Tous ceux qui nous vendent de la surconsommation inutile.  La victime : notre pauvre planète dont la nature est un écho bio organique du Paradis Perdu  depuis bien longtemps sur Terre.  Voilà qu’il est temps de mettre un philtre vert à toute cette Histoire, celui  ou ceux qui régleront  le problème seront  les nouveaux sauveurs du Monde.

Le coupable idéal, le complice assuré, la victime  toute trouvée, et le héros  tout désigné pour tout arranger. L’antagonisme entre hédonisme compulsif et culte de la culpabilité, du sacrifice sacré pour réparer les erreurs passées. Le canevas n’est pas seulement hollywoodien, il s’avère être Le mythe fondateur de l’occident d’influence culturelle à prédominance judéo chrétienne.

 

C’est dans un tel contexte que l’Ecologie occidentale s’est forgé un état d’esprit, une philosophie,  des  process.  Afin de nous aider à répondre, non seulement à nos questionnements, mais aussi, quand cela est possible, à  proposer des solutions pratiques à  des problématiques écologiques bien concrètes.  Pas  assez  celle des laboratoires, plutôt celle des opinions et des bien pensants,  le plus souvent, malheureusement.

La Nature victime de notre toute puissance technologique, parait-il. Nous l’avons tellement terrassée,  cette nature sauvage, qui jadis nous en a fait bien bavé, qu’il est  temps de s’apitoyer sur son sort,  tant elle  fait à présent pitié à regarder…

Les scores ? Ils sont légendaires : une sixième extinction des espèces, une déforestation massive, la plus petite parcelle de terre, de ciel et de mer appartient à un être humain ou à une entité  collective humaine. Plus aucune mer, plus aucun ruisseau, plus rien n’est à l’abri de la pollution. Pas moins  de  100 000 molécules chimiques ont été introduites dans l’environnement par l’industrie pétrochimique. Imaginez vous qu’un saumon sauvage pourra venir  polluer les eaux pourtant vierges de périphérie, même lointaine avec l’homme,  parce que, en fin de chaine alimentaire, il a accumulé un grand nombre de pollutions chimiques. En venant  mourir pour pondre dans ces eaux de l’Alaska  très sauvage, ils empoisonnent ainsi leurs propres œufs avec leurs cadavres. Voilà un des nombreux exemples exposés par Hervé Kempf dans son manifeste « Pourquoi les [très] riches détruisent-ils  la planète… »

 

Nous  serions,  à ce qu'il parait , devenus  au fil de nos découvertes, les maîtres de la Terre, puisque nous avons remporté toutes nos victoires sur la nature et assujettis à notre domination  industrielle toutes les espèces vivantes. Nous  détenons désormais, parait-il,   le pouvoir de forger notre environnement à notre image.  Non  plus obligés, comme les « primitifs », à chercher la communion avec elle. Nous, c’est-à-dire  nos pays,  ceux qui ont pris le parti opposé de  la chambouler au gré des besoins de leur développement. De nos jours, ne pas être développé, ou en voie de développement, c’est courir à sa perte dans l'imaginaire du capitalisme liberal. 

 

Ce n’est pourtant  pas la planète qui est  vraiment en danger, ni la vie sur Terre, mais c’est l’Homme qu’il faut sauver de lui-même.Voilà, la première confusion qui s’installe ainsi dans l’esprit de beaucoup de gens, et, elle sera aussi le meilleur  prétexte à la transition de cette longue introduction vers la finalité de ce modeste article. 

La nature reprendra toujours ses droits. Nous ne  faisons que louer notre place sur Terre, en aucun cas nous ne devrions  nous  en considérer propriétaires. Les dégats qu'elle nous fait subir actuellement n'ont  rien d'anecdotiques. Les catastrophes en tous genres font de nombreuses victimes humaines  sur Terre.

Sommes-nous  vraiment libérés du  cliché  des hommes  gardiens et bergers du monde, parce que maîtrisant l’art du Langage au point d’en avoir  même saisi les sens  cachés du  «Verbe » ? L'espoir de reconquérir le Paradis Perdu reste toujours tapis dans l'ombre de nos Lumières.  Au point, même qu’un  jour, un écologiste français déclarera qu’il ne peut y avoir de nature sans l’existence de l’Homme sur Terre !

Extinction de la biodiversité ? Certes, mais que dire des cancers et autres maladies si  difficilement curables qui  prolifèrent à travers le monde ? Le réchauffement climatique va réveiller dans certains environnements  des virus jusque là insolites, susciter des invasions  d’une foule d’insectes  « nuisibles » dans des régions du globe jusque là épargnées par de telles « plaies ». « Notre poison quotidien », dira  une célébre journaliste française pour qualifier celui que nous ingurgitons par toutes les voies possibles de la contamination, jusque dans nos assiettes et nos logements. La plupart de ces maladies sont liées à notre incapacité contemporaine  à produire et consommer sans perturber l'équilibre de nos environnements. 

 

La pensée  capitaliste moderne,  mère et à la fois fille  de l’industrie,  a  cette fâcheuse tendance  de vouloir tout fragmenter . Même  quand elle prétend qu’elle s’applique à  globaliser  le monde. Les différences, bien orchestrées, deviennent des murs infranchissables. Les pires confusions, savamment installées dans les  dialogues  par un jeu subtil de langage perverti,   jettent   leurs voiles d’hypocrisies  sur les meilleures intentions d'évolution. Ainsi, il n’y a pas  qu’une seule écologie moderne. Il y en  aurait deux, voire trois de nos jours.

La première est, à mon humble avis , celle qui parait la plus légitime. C’est l’écologie scientifique, celle qui s’intéresse aux milieux et à l’environnement, maintenant. Ces adeptes ne sont plus apellés  écologistes, mais  dorénavant écologues. Ils représentent à la fois la science qui informe, mais aussi qui  celle qui soigne et même, parfois, guérit. A vrai dire, c'est dans la foi en ces capacités que réside,   dans nos sociétés,  et l'enthousiasme des uns, et le laxisme des autres quand il s'agit d'écologie.  

Elles  ont une foi aveugle en la Science, c'est ce qui fait aussi que beaucoup d'entre nous se bercent de l'illusion qu'elle trouvera toujours une solution pour réparer les  égarements  ultra consumméristes de nos modèles économiques. A l'ère de la  technologie,   célébrée  comme  un véritable culte moderne , la "geek nation"  et la science  se sont impliqués de  pleins pieds   dans la  politique de notre époque . Il semblerait que ce soit, depuis bien longtemps , une première: la Science est train de se politiser! Elle aspire au pouvoir...

La seconde  face de l'écologie est de ce fait  un  mouvement politique. En fait, elle devrait plutôt s’appeler Ecologisme, mais elle cultive  volontiers  cette ambigüité  afin d'entretenir sa légitimité qui n'est pas toujours évidente à saisir. De même, on confond souvent écologues et écologistes, les uns chercheurs, les autres militants politiques. Cette écologie prétend faire de la conservation et de la protection de la nature un radical commun capable de transformer nos systèmes politiques et donc nos sociétés. On parle alors surtout  des "verts" pour identifier les militants de l'Ecologisme mondial.   

Beaucoup d’écologistes ne sont pas écologues de formation . Certains  sont arrivé  à l’écologie par pragmatisme politique et viennent d’horizons dont les fondations idéologiques ne conçoivent pas l’homme politique  autrement que comme un étant un homme industriel, un prolétaire.  Cette écologie là est plus prompte à s’intéresser à l’environnement humain, à l’écologie dite sociale. Ce qui est fort amusant dans un tel jeu  subluminal de couleurs , c’est que le vert est aussi une couleur complémentaire du rouge, en quelque sorte un alter égo. Quand on sait que  dans les rangs de l’écologisme  d’aujourd’hui, il y  a un nombre non négligeable des marxistes d’hier…

La troisième, on a tendance  un peu  à l’oublier de nos jours. Car elle a été également  « vampirisée »  par l’Ecologisme, c’est  l’écologie des premiers  jours. Quand écologiste signifiait   être un sympathisant  de la Nature. Militer certes, mais rester apolitique pour mieux fondre cette idée  dans la société. Cette écologie populaire est encore très vivace, cependant, et  joue encore un rôle très utile à l’écologie scientifique et politique grâce à ses réseaux associatifs locaux ou nationaux, parfois même, comme Greenpeace ou la WWF,  internationaux.

Le problème  pour ces « écologistes » est que le terme est devenu un mot piège qui les affilie de facto, dans l’esprit de l’opinion publique à des adeptes de l’Ecologie politique. Pourtant, ce sont souvent eux qui parlent le moins d’écologie  et en font  pourtant le plus au quotidien pour améliorer leur environnement. Pour les grandes ONG d’écologistes, d’ailleurs, la  frontière entre le politique et le militantisme devient de plus en plus ardue à déceler tant elles influent sur les politiques des nations dont elles sollicitent l’attention, mais auusi â force de ses laisser Influencer par  elles?

En fait, il en existe une quatrième, celle de l'écologie d'Etat, des nations. L'écologisme est son principal allié et contre pouvoir. C'est l'écologie des lois, des sommets pour la Terre et de l'Environnement mondial. Celle qui s'applique à canaliser toutes les mouvances écologiques autour de ses mesures et actions.  Elle a également pour rôle de parler au nom de tous ceux pour qui l'écologie n'est pas une priorité, arbitrer les joutes, de manière plus ou moins objective, qui passionnent écologistes de tous bord et le reste de la société. L'écologie qui joue également à isoler les écologistes du reste de la population en favorisant, discrétemment, la politisation de l'écologie pour mieux la contrôler.  

Ainsi, l’Ecologisme a-t-il su,  grâce à la confusion sémantique  qui persiste autour des termes « écologie » et « écologiste »,  capter  à la fois la légitimité scientifique de l’écologie d’un côté, et de l’autre celle de  la protection et de la conservation  citoyenne de la nature, elle   plus active sur le terrain.Mais peut-on être politiquement correct et écologiquement dans le vrai ? Sa nature  vicérale de contre pouvoir à l'écologie gouvernementale  est à la fois sa force et son  principal talon d'Achille. Maintenant engagée sur la voie du Pouvoir, elle  doit un minimum  parler son langage, adopter ses process, au risque de se faire un redoutable ennemi et, même de perdre de précieux alliés...

 

Depuis quand annoncer de mauvaises nouvelles, demander des efforts supplémentaires fait-il recette dans les urnes ? 

 Pour continuer  à ne rien changer, si ce n’est la forme, mais rarement le fon.On préférera  parler, en business, de  développement durable dans un espace fini, plutôt que de croissance continu; on nous suggéra de penser  global au lieu de parler de capitalisme libéral, d’agir local pour travestir, une fois de plus  par un barbarisme linguistique des aspirations  neocolonistes. Une économie verte? Cela est plus facile à proposer qu'une industrialisation même des precepts de l'Ecologie. 

Prenons encore l’exemple de la couleur verte qui s’est imposée comme le symbole de tous les fragments de cette écologie sémantiquement unie pour mieux la  diviser. Le vert est une couleur très présente dans la nature, mais c’est un coloris qui ne peut être obtenu durable de manière naturelle. Seule la pétrochimie aura rendu un tel miracle. Choisir la couleur du Printemps pour symboliser l’Ecologie, c’est lui donner des airs révolutionnaires  qui, de plus, ne dureront que le temps d’une saison. Il y eut les Rouges, voilà les Vert, les nouveaux enfants maudits du capitalisme, les empêcheurs compulsifs de laisser le système actuel de tourner en rond…

 

Et si l'Ecologisme était le Janus des temps postmodernes? Celui qui nous vend le rémède et qui a donc besoin que la maladie persiste pour demeurer   toujours utile...

La Nature n’est pas vraiment  en danger, c’est nous, les être humains,  qui le seront si nous persistons à nous voiler la face avec de simples philtres verts bonbons. La Nature, L’humanité, l’Environnement ? Pourquoi ne pas parler tout simplement de la Vie, de l’Economie, celle qui englobe le social, le financier et l’environnemental dans sa vision de la « bonne administration du foyer », ce que signifie Economia, la souche étymologique de ce mot.

 

Séparer l’Homme de la Nature, cela est certes plus pratique pour étudier les  symbioses et conflits d’intérêts entre  deux forces supposées  antagonistes. Mais cela implique aussi une dangereuse fragmentation de la réalité pour nos sociétés modernes  ou postmodernes. Ainsi, au lieu de se sentir concerné par la destruction massive de la vie qui l’entoure provoquée en grande partie part ses activités industrielles, l’Homo Festivus de Philippe Muray oublie que, cette extinction annonce avant tout la fin très probable de son ère…

Voilà pourquoi, je pense, il faudrait  tout d’abord, en Algérie,  si nous voulons apporter quelque chose de différent  à  l’écologie, travailler à ce que la Nature et l’Homme se confondent à nouveau.

 

Le terme environnement ne doit pas se limiter à ce qui entoure l’espèce humaine, mais bien toute les formes de vies et d’habitats présents dans une zone précise, incluant nos sociétés dans l'environnement, non comme  en étant pôle, mais plutôt comme l’élément le plus potentiellement perturbant ou bienveillant. On devrait toujours d'ailleurs parler d'environnements, de climats  au pluriel et par apport à une temporalité. Car il n'existe pas  vraiment de climat, ni d'environnement mondiaux ils n'ont jamais été durables indéfinement. Il n'est ici, bien entendu,  pas question de fragmenter,  mais plutôt d'éviter de globaliser ce qui ne  doit pas l'être.

Le problème, c’est que notre pays , l'Algérie est , par excellence,  le pays de toutes les fragmentations...Pas besoin de sortir de St Cyr pour le savoir et s'en délecter...

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