27 Juin 2010
Il faut sauver le roseau de Thubursicu Numidarum
L'ensemble de la communauté scientifique s'accordera sur le fait que le roseau ne produit pas un son de 130 décibels et ne provoque pas un vacarme assourdissant qui donne mal au crâne à tous ceux qui se trouvent dans les alentours ou derrière le petit écran...Mais, le vuvuzela avec son vrai risque pour la santé auditive, ne sera pas à l'ordre du jour du Comité d'Organisation de la coupe du monde ni de la FIFA pour une éventuelle interdiction et..., cela pour des raisons culturelles...
Il faut réagir pour sauver le roseau de Thubursicu Namidarum et protester contre le traitement affligé aux roseaux de khemissa, il faut protester et condamner cet acte de destruction massive de cette plante si proche de nous. Il faut écrire à Madiba, à la FiFA, à l'OTAN, à Green Pearce, à La Croix & Croissant Rouge, au ministère de l'environnement, au ministère des affaires religieuses, au ministère des relations entre le parlement et le gouvernement, à al jazeer… il y a urgence et vraiment urgence...
Tarik OUAMER ALI
Sauvetage au fond de l'image de l'engins...de la noyade !
Suite à l'agression du site de Thubursicu Numidarum normalement sous protection par la réglementation, nous publions un extrait du courrier du président de l'association pour la promotion et la protection des sites archéologiques de la région de Sedrata, Wilaya de Souk Ahras.
"Le Jeudi 10 juin 2010, des engins lourds, deux chargeurs et un bulldozer, ont été introduits dans le site antique de Thubursicu Numidarum, commune de Khamissa, Wilaya de Souk Ahras (Algérie).
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Situation du nymphée (point rouge sur l'image) sur le site de Thubursicu Numidarum (Khemissa, Souk Ahras, Algérie) - Photo prise en Juin 2009 par l'association pour la protection et la sauvegarde du patrimoine archéologique de la région de Sedrata.
Thubursicu Numidarum : Khemissa
Distante de 37 kilomètres de Souk-Ahras, la ville de Khemissa dont le nom antique est Thubursicu Numidarum, est une ville adossée à une colline disposant d’un vaste territoire bien irrigué et d’une importante ressource hydrique (les sources de la Medjerda).
Cité numide, elle devint un municipe au IIe siècle après J-C sous l’empereur Trajan, et colonie honoraire au IIIe siècle. Sur le plan stratégique, cette ville occupait une place importante puisqu’elle était située sur une route reliant le port d’Hippo Regius (prés d’Annaba) au camp de la légion d’Afrique (Tébessa).
Des évêques sont mentionnés entre 354 et 411 : Fortinius, Maurentius et Januarius.
Les ruines s’étendent sur une surface de plus de 65 ha et renferment d’importants monuments : la vieille place située dans le quartier oriental de la ville, le théâtre au pied de la colline au nord, la grande basilique judiciaire à colonnades, également la porte monumentale à une seule baie. Khemissa occupe une belle place parmi les cités antiques de l’Afrique du nord.
Les fouilles faites en 1877 puis de 1903 à 1905, dans cette cité de la tribu Numidae, ont permis d'exhumer :
- une grande place : la Platea vetus (la vieille place) ;
- une autre place, le Forum novum (la nouvelle place) ;
- un théâtre ;
- des thermes ;
- un arc d'honneur et de triomphe, l’arc de Trajan ;
- des portes monumentales ;
- des rues ;
- une basilique judiciaire ;
- des maisons ;
- des citernes ;
- un aqueduc ;
- des monuments funéraires avec de nombreuses épitaphes ;
- un nymphée ;
- une chapelle byzantine ;
- des temples ;
- un fortin byzantin ;
- des portiques ;
- des tables de mesure ;
- des statues de divinités et de notables.
Le nom antique de Khamissa est Thubursicu Numidarum. Signe distinctif des habitations numides et pour des raisons de défense, l’agglomération primitive occupait le sommet de la colline. Au cours des siècles, elle se développa vers le nord et le nord ouest pour former une ville de 65 hectares.
Thubursicu Numidarum, au plan stratégique, occupait une place de première importance : elle était située sur une route reliant le port d'Hippo Regius (près d'Annaba) à Theveste (Tebessa), camp de la légion d'Afrique.
D’après Stéphane Gsell, Thubursicu Numidarum fut peut être d'abord un castellum (bourg) dans la région de la tribu Numidae. Au cours des siècles, elle vit son statut administratif changer. Une inscription, de l'année 100, la mentionne comme civitas (commune) ; une autre, datée en 113, la désigne comme municipe. Le municipe fut érigé en colonie au troisième siècle, avant l'an 270, date de la troisième inscription la définissant comme telle
Toujours d’après Stéphane Gsell, les habitants de Thubursicu Numidarum devaient être en général des agriculteurs. Ce fut à des divinités agricoles qu'ils adressaient leurs hommages. Saturnus, assimilé au Baal Hamon phénicien et à l'Amon libyen, était vénéré comme le Deus frugifer qui assurait la récolte. Liber Pater, assimilé au Bacchus romain et au Dionysos grec, était adoré comme le dieu de la vigne en particulier et de la végétation en général.
Les divinités de la triade capitoline (Jupiter, Junon et Minerve) avaient, comme dans toutes les cités sous domination romaine, une place de choix ; en témoigne le capitole élevé en leur honneur dans la vieille place.
Pendant l'ère chrétienne, notre ville participa aux luttes décisives ayant divisé l'église, opposant les Catholiques aux Donatistes, pendant plus de trois siècles. En 397-398, Saint Augustin visita deux fois la ville, pour examiner avec les évêques de la communauté de Donat, les moyens de mettre un terme au schisme.
Au plan culturel, ce fut à Thubursicu Numidarum que naquit un auteur dont l'ouvrage est célèbre. Il s'appelle Nonius Marcellus. Il a vécu soit au 3ème siècle, soit au 4ème. C'est un compilateur (personne qui compose un ouvrage à partir d'autres ouvrages). On l'appelle "Le péripatéticien de Thubursicu".
Le site n'a pas encore livré tous ses secrets, les fouilles étant interrompues, une bonne partie de notre cité reste à découvrir.
source : Association pour la promotion et la protection des sites archéologiques de la région de Sedrata (Souk Ahras, Algérie)