Il y a le feu à la maison pour ainsi dire. Face à la polémique et à la colère des citoyens qui s’interrogent sur la multiplication des feux de forêts, le directeur de la protection civile, le colonel Mohamed Lahbiri, monte au front pour s’ expliquer sur ces incendies qui ravagent les forêts et les terres en Algérie depuis le début de l’été ainsi que sur les moyens dont dispose son institution pour lutter contre ces feux. Dans la foulée, il se fourvoie en chiffres.
Dans un entretien publié mardi 28 août par le quotidien Liberté, M. Lahbiri avance un chiffre nettement supérieur à celui évoqué un jour plus tôt par un responsable des Parcs, de la Faune et de la Flore. Ce ne sont plus 21 000 hectares qui sont partis en fumé depuis le 1er juin dernier mais plutôt 9000 de plus.
« Nous sommes à plus de 30 000 hectares et plus de 7 000 maquis dévastés », affirme le patron de la protection civile qui renvoie la balle aux responsables locaux lesquels devraient, selon lui, ouvrir des pistes dans les forêts afin de permettre aux agents d’intervenir rapidement sur les feux.
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Alors que Ammar Boumezbeur, le directeur des Parcs, de la Faune et de la Flore confessait lundi 27 août le manque de moyens, notamment des hélicoptères pour lutter contre les incendies, M. Lahbiri explique pourquoi les autorités ne voulaient pas de ces avions canadairs utilisés dans de nombreux pays.
« L’acquisition de canadairs relève d’une impossibilité, car il ne faudra pas un seul avion, dit-il. Il nous faudra au moins 7 avions de ce genre. Ils sont utilisés dans les grands pays et ils ont montré leurs limites. Ils ne sont pas aussi efficaces qu’on le pense. D’abord, il faudra s’approvisionner en mer, ensuite il faut les utiliser pendant la journée. Mieux, ils ne s’adaptent pas à tous les reliefs, surtout les bas reliefs. Si nous avons un feu à Sétif ou à Tiaret, il faudra au moins 90 minutes pour intervenir, le temps de ramener l’eau. Or, notre mission se base sur l’action instantanée. Aussi, il nous faudra des aérogares, des pilotes chevronnés ayant dépassé les 4 000 heures de vol, l’entretien des appareils et leurs coûts de revient. »
Prix rédhibitoire
Le coût d’un canadair – au moins 50 à 60 millions d’euros selon M. Lahbiri (entre 62 et 75 millions de dollars)– est également rédhibitoire.
Le directeur de la protection civile ne précise pas si le montant avancé comprend le coût d’un avion et son entretien ou simplement le prix à l’unité.
Entre 50 et 60 millions de d'euros ? Soit deux à trois fois le montant d’un canadair qui est d’environ 25 millions de dollars (19 millions d’euros). Soit le prix ou un peu plus que le prix d’un avion de chasse type Rafale proposé à 50 millions d’euros par le constructeur Dassault au Brésil en 2009.
Exit alors les canadairs. Selon M. Lahbiri, la protection civile a donc « opté pour 6 hélicoptères qui seront de service en 2013, le temps de préparer les pilotes. »
Mise en service en 2013 ? Voila qui diffère sensiblement des déclarations du même Lahbiri tenues une année et demie plutôt.
C’est que ce jeudi 8 décembre 2011, le colonel Lahbiri annonçait lors d’une visite à Blida que « la protection civile s'est dotée de six nouveaux hélicoptères qui seront utilisés dès janvier 2012 dans le secours des cas urgents ».
Dès janvier 2012, disait-il...
• Lire l'entretien de M. Lahbiri dans le quotidien Liberté
Le 17 juin 2012, c’est une autre version qui a été livrée, cette fois-ci, par le chargé de communication à la direction générale de la protection civile, le commandant Farouk Achouri. Selon lui, l’institution a déjà réceptionné deux hélicoptères alors que quatre restants seront livrés « vers la fin de cette année. ».
2012 ou 2013, voire une autre date, en attendant la mise en service de ces fameux hélicoptères, les forêts d’Algérie ont le temps de brûler davantage.