ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )
20 Octobre 2012
Écrit par Nedjma Rondeleux Mercredi, 17 Octobre 2012
C'est un paradoxe qui perdure : le bâtiment représente le premier secteur de consommation d'énergie en Algérie, mais la réglementation algérienne pour encourager les économies d’énergie demeure inappliquée.
Pourtant, il suffirait de mettre en place un dispositif relativement simple pour améliorer la situation, affirment deux experts lors d'un atelier sur l'efficacité énergétique organisé mardi à Oran. Le bâtiment est le secteur le plus énergivore d’Algérie, avec 40 % de la consommation énergétique. Suivent les transports avec 33 % et l'industrie avec 19 %, selon les chiffres de l'APRUE, cités par Khaled Imessad, chercheur au Centre de développement des énergies renouvelables (CDER), dans une intervention, mardi à Oran, lors du Salon international des énergies renouvelables, des énergies propres et du développement durable, « EnviroAlgérie meets Era 2012 ».
La réduction de la consommation énergétique dans le secteur du bâtiment ne nécessite pourtant pas des moyens inaccessibles, comme l'a montré l'expert algérien : « Une bonne orientation du bâtiment, des fenêtres à double vitrage, ainsi qu'une isolation de la toiture permettent d'économiser jusqu'à 50 % des besoins énergétiques », a-t-il dit. Mais, à défaut, d'une stricte application de la réglementation thermique algérienne élaborée en 1997 et obligatoire depuis 2000, les normes énergétiques demeurent désespérément absentes des programmes de construction de logement. Seuls 600 logements, sur les deux millions planifiés dans les deux plans quinquennaux, intègrent aujourd'hui les mesures d'efficacité énergétique prévues par la réglementation thermique algérienne, à savoir « limiter les déperditions thermiques en hiver et les apports calorifiques en été, définir des seuils de consommation énergétique et réduire de 20 à 30 % les besoins de chauffage et de climatisation ». Concernant le cahier des charges de ce programme de logements sociaux, initié par l'APRUE, sous tutelle du Ministère de l'Energie et réparti sur onze wilayas (Oran, Mostaganem, Blida, Alger, Skikda, Sétif, Djelfa, Laghouat, Béchar, El Ouad, Tamanrasset), M. Imessad a indiqué que le « surcoût ne devait pas dépasser 15 % du prix du loyer, au m2 soit pas plus de 4.500 dinars en plus au m2 », pour une économie d'énergie d’au moins de 50 % par rapport à un logement classique.
Questionné sur le nombre dérisoire de logements concernés par les normes d'efficacité énergétique, M. Imessad a répondu que « ce n'était qu'un début » et « que la prochaine opération de l'APRUE concernera 3.000 logements ».
L'efficacité énergétique en Tunisie stimulée par une politique d'incitation
Si le bâtiment ne représente pas encore le premier secteur de consommation en Tunisie, il devrait détrôner l'industrie, actuellement à la première place, à l'horizon 2020, a indiqué de son côté Abdelhak Khemini, ingénieur et docteur en mécanique. « Pour faire des économies, le gouvernement tunisien a mis en place une véritable politique d'incitation par des aides aux établissements assujettis et non assujettis, accompagnée d'une stricte réglementation », a expliqué l'expert tunisien.
Les différentes incitations financières concernent la prime de 70 % du coût de l'audit (avec un plafond à 20.000 euros), la prime de 20 % du coût d'investissement des projets d'efficacité énergétique, et la prime de 50 % du coût des projets de démonstration ( avec un plafond à 50.000 euros), a-t-il détaillé. Par ailleurs, il existe des aides indirectes telles que « les droits de douane aux taux minimum, la suspension de la TVA pour les biens importés qui n'ont pas de similaires fabriqués localement, ainsi que sur les équipements et produits locaux », a-t-il dit. Depuis 2005, la Tunisie est dotée d'un « Building code » qui prévoit, entre autres, des audits sur plan, un cadre réglementaire pour les bureaux, logements, hôtels, hôpitaux, etc., des projets de démonstration, des subventions et formations. Plusieurs organismes de contrôle veillent à l'application de ce building code, à savoir l'Agence nationale pour la maîtrise d'énergie (ANME) qui intervient pour surveiller le lancement de nouveaux projets et délivre l'approbation des études nécessaires à l'obtention de subventions, ainsi que les bureaux de contrôle, tous privés, qui vérifient la bonne exécution de ce qui se trouve dans les plans. Autant de dispositifs inexistants en l'Algérie. Aucun n'organisme n'est pour l'heure chargé de vérifier l'application effective de la réglementation thermique. Et aucune mesure incitative, sous la forme de subventions par exemple, n'a été mise en place. « Pourquoi ne pas envisager que la délivrance du permis de construire soit soumise au respect de la réglementation thermique dans le plan de construction ? », a suggéré un participant lors du débat.
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