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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

"L'eau virtuelle en Algérie, au Maroc et en Tunisie" Par Karim Tedjani


Un début de  siècle  virtuel.

Ce début de millénaire est sans conteste celui de l'avènement d'un monde où la réalité n'est plus tributaire des lois de la physique. Notre argent, Notre identité et tant d'autres choses du quotidien ne sont plus seulement réels mais aussi parfois virtuelles. C'est à dire qu'il n'est pas obligé qu'elles soient matérielles pour exister. Un billet, par exemple, c'est de l'or virtuel puisque sa valeur n'est plus étalonnée par apport à ce minerai bien qu'il continue à l'incarner dans l'esprit de bien des gens. Internet est bien entendu la quintessence de ce phénomène où des communautés politiques, sociales, spirituelles et économiques ont vus le jour sans avoir besoin de se matérialiser régulièrement dans le  monde réel.

 

L'eau virtuelle, ça existe aussi...

Saviez-vous que l'eau douce, cette denrée si précieuse qui tend à se raréfier à travers toute la planète n'a pas échappé à ce phénomène?

C'est en 1990 que le concept d'"eau virtuelle" a fait son apparition sur la scène internationale. En quoi consiste-t-il?

 Hé bien, à première vue, c'est très simple. Il suffit de vous imaginer que, si l'eau n'est plus présente dans la plupart des produits que nous consommons au quotidien, elle a néanmoins été utilisée pour les fabriquer. C'est cette quantité d'eau qui est comptabilisée et considérée de ce fait comme "virtuelle».

Il aura fallu, par exemple, 8000 litres d'eau pour la fabrication d'une paire de chaussure, de même que 13 500 litres de cette même ressource afin de produire un kilo de viande de bœuf. Voilà ce qu'à estimé en 2003 le Conseil Mondial de l’Eau, s'inspirant des savants calculs de A.Y Hoekstra et de ses confrères. Si l’Amérique, l'Asie du Sud-est et l'Océanie sont les principaux exportateurs d'eau virtuelle, l'Afrique du nord, à l'instar de l'Europe de l'Ouest sont considérés comme les plus grands importateurs dans ce domaine.

Les échanges d' eau virtuelle au secours des pays pauvres en eau?

Il paraîtrait  même que ces échanges jouent un rôle bénéfique sur la consommation d’eau mondiale.

Il faut préciser que seulement dix pays, dont les U.S.A, le Brésil, le Canada, l’Inde, la Chine et le Pérou se partagent pas moins de 60% des ressources hydriques globales. Toujours, selon l'Unesco, quand le Mexique importe des céréales cultivées aux Etats-Unis, ce pays économise 8,5 Gm3 d'eau virtuelle. En les produisant lui même, il aurait dû consommer beaucoup plus d'eau qu'en les achetant à son "partenaire" du Nord.

De ce fait, il est à présent de bon ton de conseiller à des pays comme le Maroc où la Tunisie, puisque pauvres en eau, d'importer certaines denrées agricoles ou biens de consommation dont la production nécessite de grandes quantité d’eau. En adhérant à ce postulat, tous les « oubliés de l'eau » pourraient, ce faisant, réaliser de sérieuses économies d"'or bleu".

Le cas algérien: est-il équitable d'échanger de l'énergie fossile contre de l'eau virtuelle?

 On pourrait presque, ainsi, louer le fait que l'Algérie, elle aussi en stress hydrique, a préféré pendant un moment importer 98% des produits qu'elle consomme au lieu des les produire et de développer notamment son agriculture! Ainsi, ce pays fait partie des 10 pays qui importent le plus d'eau virtuelle. La principale source d'eau virtuelle qu'importe ce pays sont les céréales dont ce il a été pourtant pendant des siècles un grand exportateur.  En échangeant son pétrole et son gaz réels avec ses partenaires européens contre toutes ces marchandises pleines d'eau virtuelle, il est même possible de penser que ce pays d'Afrique du Nord a opéré un deal "pétrole réel  contre eau virtuelle " relativement pertinent.

Sauf que pour extraire du pétrole, il faut aussi consommer de grandes quantités d’eau. Pour exemple, on estime que le Canada a utilisé en 1996 40% de ses ressources hydrauliques pour produire de l’or noir. Ajoutons que cette activité pollue sensiblement les cours d’eau environnants.

Ainsi, quand l’Algérie vend du pétrole pour acheter tout ce qu’elle consomme, elle doit comptabiliser toute son eau qu’elle a gaspillée et contaminée pour ce faire. Quand elle axe toute son économie sur sa rente pétrolière, qu'elle s'interdit  de développer une agriculture ainsi qu'une industrie  dont la bonne gestion de l'eau serait l'axe principal, l'Algérie se contente d'afficher une développement économique  aussi virtuel que les économies d'eau qu'elle réalise ainsi  car il repose sur une rente qui, une fois épuisée laissera le pays face à une dure réalité: les algériens ne savent pas produire ce dont ils ont besoin...

 

Les gazs de schiste, une menace bien réelle pour les  réserves d'eau de ce pays  :

De plus, si cette jeune nation se met à exploiter, comme cela risque apparemment d’être le cas, ses importantes réserves de gaz de schiste, elle exportera encore plus d'eau virtuelle au regard des millions de m3 de cette ressource qu’elle utilisera pour en extraire. Le forage horizontal, procédé indispensable à ce type d'exploitation, fait appel à de nombreuses substances très corrosives et toxiques. Mélangées à de l'eau projetée à de très grande pression, ces poisons s'infiltreront dans les sols et contamineront les nappes souterraines. C'est donc une perte sèche en eau à court et à long terme pour l’Algérie. La santé de millions de gens, d'animaux, de végétaux est en jeu.

Si l'on voit les choses du point de vue de l'eau virtuelle, c'est une véritable ruine hydrique qui s'annonce. Il faut disposer de beaucoup d'eau, comme Amérique du Nord ou le Canada pour pouvoir se permettre d'exploiter les gisements de gaz de schistes sans attendre que de nouvelles technologies de forages moins « hydrovores » soient développées. Au pire,  l'Algérie a découvert récemment de nouveaux gisements de pétrole et de gaz, elle a donc pourtant les moyens de patienter.

Ceux qui voient les formidables ressources hydriques  de  la nappe albienne comme étant l'argument irréfutable  prouvant que cette exploitation est possible dans ce pays ne doivent pas oublier que les nappes phréatiques  mettent plus d'un siècle à se renouveler et que leur forage intensif accentue la salinité des eaux qu'elles contiennent.

 

L'eau  de l'Algérie devrait plutôt servir  en priorité  à garantir l'autonomie alimentaire d'un pays qui fut une grande nation agricole , à veiller au confort des citoyens, seule vraie source d'énergie renouvelable du pays, à assurer l'équilibre des écosystèmes d'un territoire dont la biomasse est riche en potentiels économiques. 

 

 

La Tunisie et le Maroc exportent aussi beaucoup d'eau virtuelle:

 

Pour accueillir des touristes venus des quatre coins du monde, le Maroc et la Tunisie doivent s'accommoder des mauvaises habitudes de leurs visiteurs occidentaux qui ont la fâcheuse tendance de tout gaspiller, société de consommation oblige.

Les touristes européens, peu acclimatés à la chaleur et fort de leur pouvoir d'achat nettement supérieur à celui de la population de leurs hôtes, consomment de grandes quantités d'eau. Piscine, eau minérale, cocktails, jacuzzis, douches et bains à profusion, golfes, sont autant d’agréments pour la villégiature de ses étrangers que de sources de surconsommations hydrauliques.

Un seul terrain de golfe 18 trous coûte à lui seul environ 3500 m3 d’eau par jour ! Le corps humain étant constitué de plus de 70% d'eau, on pourrait considérer qu'une fois rentré chez eux, chacun des ces millions de touristes ont absorbé un peu de l'eau de ces pays. Leurs séjours terminés, l'eau nécessaire à leur confort est devenue virtuelle. Il serait alors intéressant de savoir combien de cette substance, aussi rare dans tout le Maghreb, a été consommée par ces derniers. Il faudrait également comptabiliser les millions de m3 qui ont servis à construire tous les complexes hôteliers tandis qu’il y a une crise du logement dans ces pays. Mais, selon l’étude pilote « l’eau et le tourisme » réalisée par Medstat. les statistiques demeurent presque inexistantes.

L'impact négatif du tourisme de masse sur l'environnement n'est plus à prouver, ces dégradations auront un coût non négligeable quand il s'agira de réparer les dégâts causés notamment aux nappes phréatiques. Ainsi, si l'on suit le raisonnement de l'Unesco, il aurait mieux valu au fond que ces derniers conservent leur eau pour satisfaire les besoins de leur agriculture et le développement de leurs propres industries et surtout le confort de leur population. Tous ces touristes étrangers ont en quelque sorte dilapidée l’or bleu du Maroc et de la Tunisie.

La Tunisie et le Maroc exportent  aussi beaucoup d'huile d'olive ce qui fait d'eux également des exportateurs d'eau virtuelle .

Or, il n'y a rien de plus précieux dans ce monde que l'eau...  Sans elle, il n'y a aucun avenir durable possible pour ces pays. Le concept d'eau virtuelle fait ressortir le fait que la gestion de l'eau est devenue un secteur primordial, car les pays qui se savent pas optimiserleur consommation d'eau deviennent de plus en plus à la merci de ceux qui ont une grande expérience en la matière.

      La guerre de l'eau  est déjà en cours...

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